Mardi 21 avril, le premier navire hydrogène propulsé aux énergies renouvelables s’est amarré à Fort-de-France après sa première transatlantique depuis Saint-Malo. Un parcours d’environ 5000 milles nautiques effectué après plus de 30 jours en totale autonomie énergétique, sans aucune émission de CO2 ou de particule fine. Un sacré périple !
« C’est plus de 9000 km que le bateau vient de parcourir en complète autonomie et ce, sans aucune possibilité d’escales techniques du fait du confinement général. Traverser l’Atlantique avec ce laboratoire flottant est un message fort envoyé aux décideurs qui démontre la fiabilité de nos systèmes décarbonés et leurs grandes capacités de résilience. Nous pouvons et devons changer de modèle énergétique. Il faut que les investissements massifs de relance économique nous permettent de construire un nouveau monde qui ne soit plus celui des énergies fossiles » confie Victorien Erussard, Capitaine et fondateur..
En harmonie avec la nature
Embarqué depuis plus d’un mois, l’équipage était parti avant les mesures de confinement et n’avait pu se faire relever comme prévu aux Canaries, les transferts étant bloqués pour des raisons sanitaires. Il a suivi toutes les directives nécessaires pour assurer sa sécurité, et l’océan reste un milieu stérile. Il sera rapatrié en Métropole rapidement, pour enfin rejoindre leurs proches et un confinement moins marin. Un nouvel équipage viendra prendre sa relève dès que possible pour assurer la maintenance des systèmes embarqués et préparer la suite des navigations. Confinés en mer, les membres de l’équipage n’ont pas pu poser pieds à terre lors de ses escales dans les îles Canaries ou au Cap Vert, se faisant approvisionner en produits frais et à distance aux Canaries. Alors que le monde entier vit une période de confinement inédite, l’équipage confiné en mer a eu la chance de vivre cette traversée en pleine harmonie avec la nature, croisant de nombreuses espèces marines – dauphins, baleines, tortues, raies Manta, au large du Cap-Vert mais également des salpes – tout en produisant leur énergie et leur eau potable grâce au vent, au soleil et à l’hydrogène.
202 m² de panneaux solaires de dernière génération
Les technologies embarquées sur ce laboratoire flottant ont prouvé leurs performances et leur fiabilité. Avec une vitesse moyenne de plus de 6 nœuds, malgré une météo contraire en début de parcours, puis plus favorable à partir du Cap-Vert, le bateau a montré un nouveau potentiel. Ses 202 m² de panneaux solaires de dernière génération, ses deux ailes de propulsion automatiques, ses nouvelles hélices à pas variables forment un combo hybride très performant sur ce type de parcours transocéanique. Le système hydrogène a permis de palier aux intermittences du soleil ou du vent en assurant des performances régulières quelles que soient les conditions, et sans traîner de poids excessif. Marin Jarry, Capitaine en second, directeur d’armement, le confirme : « Après 34 jours de navigation à une vitesse moyenne proche de 6 nœuds, c’est un véritable accomplissement pour notre catamaran du futur, qui affiche au compteur environ 5000 milles nautiques parcourus en total autonomie énergétique, son record ! Sans l’hydrogène et l’usage quotidien des piles à combustible, cette traversée aurait été beaucoup plus longue. Aucune panne technique, malgré des conditions parfois extrêmes. Energy Observer prouve toute la fiabilité de son architecture énergétique. Un clin d’œil tout particulier, et surtout mes félicitations à l’équipage qui n’a pas hésité une seconde lorsque la question de continuer l’Odyssée s’est posée au large du Cap Finisterre. Malgré l’éloignement de leurs proches dans cette période difficile, ils ont su garder leur professionnalisme et leur bonne humeur. Une mission accomplie ; et bien accomplie ! »
Un message d’espoir pour un monde alimenté aux énergies renouvelables
Dans le contexte actuel, Energy Observer, laboratoire technologique mais aussi laboratoire d’idées, poursuit son rôle de premier ambassadeur français des Objectifs de développement durable. Ce navire, qui préfigure les systèmes énergétiques de demain, porte un message d’espoir. Celui d’un monde alimenté aux énergies renouvelables grâce à l’hydrogène vert, celui d’un nouveau modèle loin de la surproduction, loin des modèles anthropocentriques, au profit de modèles solidaires avec le monde du vivant.