Edito/L’énergie solaire contrainte par le déni de réalité

Comment en est-on arrivé là ? Je suis né en 1968, à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. En 2024, ce bout de France concentre nombre des angoisses et des peurs des solastalgiques : sécheresse intense qui réduit drastiquement les récoltes et privent des habitants d’eau courante, périodes de canicules estivales étouffantes, trait de côte qui rabote les plages et fait craindre le pire aux communes littorales… En 1985, j’avais 17 ans, insouciance adolescente. Je me sentais à l’abri de ces changements climatiques, pour des siècles. En tous les cas pas à l’échelle d’une vie d’homme né dans les années soixante …

Et pourtant. Pour la première fois en 1985 des experts climatiques prenaient la parole devant le Congrès américain sur les changements climatiques et exposaient la réalité des faits. Parmi eux, Carl Sagan, scientifique et astronome américain : « Selon les meilleures estimations, la température de la Terre augmentera de plusieurs degrés d’ici le milieu ou la fin du siècle prochain. Ce qui aura diverses conséquences, notamment la redistribution des climats locaux, et avec la fonte des glaciers l’augmentation du niveau de la mer à l’échelle mondiale ». Tout était dit. Qu’a-t-on fait ? Rien. La scotomisation des esprits comme une solution à tous nos problèmes, la politique de l’autruche…

Carl Sagan poursuivait : « Seulement l’idée selon laquelle nous devrions immédiatement arrêter les énergies fossiles, si elle devait être appliquée, aurait des conséquences économiques si grave que personne ne le prendrait au sérieux… Il existe des sources d’énergie alternatives, comme l’énergie solaire, qui s’avèrent plus sûres que les centrales nucléaires… si nous ne faisons pas ce qu’il faut maintenant, nos enfants et nos petits enfants devront faire à des problèmes très graves ». En 1985, l’énergie solaire avait déjà les faveurs de nombreux experts mais les pétroliers ont emporté la donne en insultant l’avenir. Pour le pire…

Aujourd’hui, alors que les changements climatiques relèvent d’un implacable consensus scientifique, le « climatodénialisme » opère toujours. En France, les renouvelables ont encore du mal à se faire une place. Sacrifiées sur l’autel du déni de réalité et totalement absentes des derniers débats politiques. Carl Sagan concluait : « Je pense que l’essentiel pour résoudre ce problème serait d’avoir une conscience globale qui transcende nos visions du monde, qu’elle soit générationnelle ou politique ». Et pendant ce temps, en 2024, un enfant de deux ans n’a quasiment jamais vu la pluie tomber dans le Roussillon… Vous savez la pluie, celle qui pose à terre des miroirs à étoiles !

Jean-Louis Busquet

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