Il faut laisser du temps au temps. L’apophtegme est célèbre mais largement éculé. Aujourd’hui, le monde s’accélère et l’urgence climatique sur fond de crise énergétique nous oblige. Il faut faire vite, appliquer les solutions les plus écolo-économico-compatibles dans des laps de temps toujours plus courts. Notre voisin espagnol l’a bien compris. Un rapport récent nous apprend ainsi que l’Espagne a installé près de 2,7 GW de solaire photovoltaïque en 2022. En l’espace de deux ans, ce sont même 3,8 GW cumulés qui ont été dédiés à l’autoconsommation dans le commerce, l’industrie et chez les ménages. Une politique volontariste menée tambour-battant avec de sacrés résultats !
Et pendant ce temps de l’autre côté des Pyrénées, une autre pièce se joue, à la croisée du Godot de Beckett et du Sisyphe de Camus ! Alors que la crise énergétique sévit en Europe sur fond de guerre en Ukraine depuis plus d’un an maintenant et que de graves dysfonctionnements entravent notre modèle nucléaire unique au monde, la France vote une loi dite d’accélération des EnR qui n’en aurait que le nom selon moult experts ès énergie. Cette loi arrive avec quatre mois de retard et érige de nouvelles règles qui sont loin de simplifier la donne pour les acteurs de la filière entre cartographie et planification. Et que dire des zones interconnectées qui attendent désespérément l’arrêté tarifaire qui portera le guichet jusqu’à 500 kW !
Le solaire souffre en France depuis des années de maltraitance chronique administrative. Son développement anémique est la résultante d’un manque cruel de courage politique. Le solaire est miné par un mythe, celui d’un atome tout puissant, enté au plus profond des cerveaux de nos élites dirigeantes. Jusqu’à sans cesse mettre des bâtons dans les roues d’une évidence énergétique mondiale, l’énergie solaire en autoconsommation. Hautement compétitive !
Cette obsession dilatoire se double qui plus est d’une gabegie d’argent public. Pour plagier le président Macron, « on dépense un pognon de dingue » dans le bouclier tarifaire. Et dans le même temps, le gouvernement est incapable de dire seulement un peu de bien de l’autoconsommation photovoltaïque particulièrement vertueuse sur le plan financier. Existe-t-il au gouvernement une belle âme capable de prendre le sujet à bras le corps et d’impulser enfin une vraie politique solaire digne de ce nom ? Qui aura l’audace, le cran de lancer un panégyrique appuyé pour un déploiement massif de boucliers solaires actifs pour trente ans ? Tous nos voisins européens le font ! Cessons d’avoir l’autoconsommation photovoltaïque honteuse. Nous n’en avons plus les moyens !