Le 12 septembre dernier, la CRE lançait une concertation liée au développement de l’autoconsommation solaire photovoltaïque en France. Cette concertation n’était-elle que de façade ? Etait-elle déjà biaisé avant même la tenue des ateliers qui devaient permettre de trouver le juste équilibre entre business model des projets et financement du réseau ? Ce jour là , le président de la CRE Jean-François Carenco dressait un panégyrique de l’autoconsommation qu’il qualifiait d’inéluctable et très largement souhaitable. Mais en même temps, il l’a stigmatisée spécifiant que « l’autoconsommation ne devait pas être une victoire de l’entre soi, du communautarisme, de la peur de l’autre et du refus de l’avenir ».
Manifestement, les résultats de la concertation ont plus largement été influencés par la défiance vis-à -vis de l’autoconsommation que par son éloge premier. A se demander même si les contributions des syndicats du solaire, des professionnels de la filière et des experts en tout genre auront seulement été écoutées, voire analysées. Une sorte d’aveuglement qui donne lieu à des conclusions régressives même par rapport à la situation existante. Limiter les exonérations aux seules installations inférieures à 9 kWc, quelle belle ambition dilatoire ! Comme si la CRE voulait se donner encore un peu de temps avant que ne s’imposent les évidences, celles d’un solaire accessible à tous, proche du coût marginal zéro de Jérémy Rifkin.
La question est posée. Comment la CRE se montre-t-elle aussi restrictive sur un début d’expérimentation qui n’aura, même à moyen terme, aucune incidence sur le financement et les infrastructures réseau. L’autoconsommation aujourd’hui, c’est l’épaisseur du trait. A l’instar des appels d’offres pour l’injection, la CRE semble ne vouloir en aucun cas de se départir du contrôle des volumes de MW d’énergie solaire installée. Brider l’autoconsommation par une stratégie tarifaire dirimante, c’est vouloir empêcher à l’autoconsommation de prendre son envol dans le pays, lui couper les ailes. Avec en toile de fond, l’idée que le réseau détient le monopole de la solidarité énergétique nationale. Comme si l’énergie solaire, renouvelable et gratuite n’avait pas quelques atouts pour lutter contre une précarité énergétique galopante.
Et n’oublions pas non plus que l’autoconsommation photovoltaïque pèse des milliers d’emplois industriels et artisanaux, entre ingénieurs techniciens et installateurs. L’autoconsommation solaire est vecteur de forte valeur ajoutée. Elle est intimement corrélée aux métiers du digital (solutions domotiques, smart grids, block-chain) indispensables pour l’optimisation et la répartition des électrons verts. Des métiers dans lesquels justement la France tire son épingle du jeu. Voudrions-nous voir, sous l’influence de lobbys anciens, ses savoir-faire numériques nous échapper, à l’instar des technos solaires des années 80 qui s’épanouissent aujourd’hui en Asie ? Un crève-cÅ“ur !
Alors que s’ouvre une période d’un mois de consultation sur ces conclusions ultra conservatrices et jacobines de la CRE, aux professionnels du solaire de se retrousser les manches et d’éclairer le discours, sans tabou ni idéologie, à l’aune d’un nouveau monde énergétique. Dans le but aussi de faire infléchir le politique. Car au terme de la consultation, c’est bien le ministre qui aura le dernier mot.