Edito La guerre en Ukraine où la nouvelle géopolitique des renouvelables

Il est des mots que l’on pensait ne jamais à avoir écrire dans un édito. Des mots réserver à l’histoire, à jamais enfouis ! Mais d’un coup, par la folie d’un homme, ces mots « Guerre en Europe » se retrouvent à la une des journaux. Comme l’écrivait Vassili Grossman dans Vie et Destin, « l’histoire a quitté les pages des livres pour se mêler à la vie ». La « Guerre en Europe », c’est l’histoire qui revient hanter notre quotidien. Avec de terribles répercussions.

Parmi les effets collatéraux de ce conflit armé, une crise énergétique sans précédent vient frapper l’Europe de plein fouet. « Ce n’est pas exagérer que de dire que cette crise énergétique, ce choc énergétique de 2022, est comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973 », a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire lors d’un discours inaugurant une conférence sur l’autonomie énergétique et la transition écologique organisée à Bercy dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. « Nous devons inventer un autre modèle de réponse à cette crise énergétique et ce modèle il tient en un seul mot, l’indépendance, l’indépendance énergétique totale de la France et de l’Union européenne », a-t-il ajouté.

Si le dérèglement climatique a souvent du mal à convaincre de l’urgence de la transition énergétique, le choc géopolitique de cette guerre semble plus apte encore à réveiller les consciences, à accélérer le changement de paradigme énergétique tant souhaité. Tartufferie et cynisme d’un monde occidental capitaliste qui ne réagit que lorsque sa sécurité et ses intérêts économiques propres sont attaqués.  “Il faut qu’on aille beaucoup plus vite dans la direction des renouvelables, il faut qu’on produise notre propre énergie en Europe. Il faut protéger les intérêts de nos citoyens, mettre tout en Å“uvre pour éviter une hausse des prix et assurer nos citoyens que nous sommes à leur côté, que l’Union européenne est une union qui peut les protéger. C’est une atteinte directe à notre sécurité, il faut réagir et on le fera ensemble en tant qu’Européens” analyse  Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne.

Et l’Agence Internationale de l’Energie de proposer des réponses crédibles et argumentées à l’urgence avec une possible réduction de 30% des importations de gaz russe en à peine un an grâce à une combinaison de mesures dont le déploiement à marche forcé des énergies renouvelables. Les professionnels du solaire sont en ordre de marche pour relever le défi, comme l’a écrit Daniel Bour dans les Echos « Le solaire a une capacité de mobilisation unique car on peut l’installer partout. D’ici à deux à trois ans, on pourrait atteindre cinq, voire six gigawatts de capacités nouvelles installées chaque année, soit l’équivalent d’une tranche nucléaire »

Drôle de destin planétaire en tous las cas que de voir la guerre en Ukraine au chevet de la crise climatique et d’une Europe encore trop virtuelle qui se remet à parler d’une même voix. Président de l’Europe lors de ce premier semestre 2022, Emmanuel Macron doit montrer l’exemple. Et se mettre déjà au niveau de ses voisins. En effet, la France est  la mauvaise élève des pays européen en matière de renouvelables. Elle est le seul pays d’Europe à ne pas avoir atteint l’objectif qu’elle s’était fixée pour 2020, le pays accusant un retard de 3,9 points de pourcentages par rapport à la cible qu’il s’était fixée. Quoi de mieux qu’une bonne guerre pour accélérer la transition énergétique !

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