La crise sanitaire du Covid-19 a mis en avant le formidable potentiel du digital pour permettre à bon nombre d’entre nous de poursuivre nos activités en toute efficience. Pour beaucoup, le télétravail est devenu la norme sans ses déplacements automobiles aux heures de pointe générateurs de pics de pollutions. Pendant cette période de confinement, de nombreux métiers de service, ont aussi su mettre à profit les outils issus des NTIC, pour générer de nouveaux flux d’activité et surfer sur cette vague numérique. A ce titre, le bureau d’études Tecsol qui a mis en place dès le début du confinement des formations gratuites d’une heure sur l’autoconsommation photovoltaïque, a su capter l’attention de plus de deux mille stagiaires issus des quatre continents, de l’océan Indien au Pacifique en passant par les Caraïbes et les pays du Sud de la Méditerranée. Un tsunami de demandes qui a fait florès avec un taux de satisfaction élevé ! De quoi enchaîner sur une formation diplômante payante sur six jours qui a accueilli près de cent cinquante participants là encore du monde entier. Et une nouvelle à venir dans les jours qui viennent.
Pendant cette période de confinement, les plateformes de visioconférences sont entrées en force dans le quotidien des entreprises mais aussi dans celui des salariés et de leur vie privée pour des apéros virtuels à distance. Elles s’appellent Teams Microsoft, Google Meet, Skype ou encore Zoom, la star du moment, et sont en capacité de réunir des dizaines de personnes pour une webconférence, pour se former ou s’informer, pour monter un dossier ou évoquer un projet entre plusieurs protagonistes de différents corps de métier. Le digital a aboli les distances, il a optimisé le temps. Deux minutes après la fin de la conférence ou de la réunion, on peut se retrouver à donner la douche à la petite de deux ans. Une nouvelle notion de la dimension espace/temps!
Certes le présentiel demeurera encore, dans de nombreux cas, incontournable mais cette crise aura bien montré qu’il existe des supplétifs numériques qui apportent des réponses et des avantages qu’il sera désormais impossible d’ignorer. Combien de dizaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre auraient été émises en termes de transport s’il avait fallu réaliser ces webinaires, formations, conférences et autres événements en présentiel ? Alors vous allez me rétorquer que le digital est une énorme source de pollution. C’est indéniable. J’en conviens. Les datacenters représentent aujourd’hui 3% de la consommation mondiale d’énergie et selon une estimation, leur consommation sera trois fois plus importante d’ici 2027. Leur gestion responsable et la plus maîtrisée possible représente l’un des plus grands défis énergétiques de ce siècle.
Les majors du numérique le savent et font tout pour verdir leurs datacenters. Pour ce faire, Google travaille actuellement sur un projet qui devrait lui permettre de faire correspondre le calendrier de certaines tâches de calcul de ses centres de données avec la disponibilité d’énergie à faible teneur en carbone. Cette « plateforme de calcul intelligent du carbone » a déjà été déployée dans certains centres de données de Google afin de déplacer les charges de travail non urgentes vers les moments de la journée où les sources d’énergie éolienne ou solaire sont les plus abondantes. Par exemple, la création de nouvelles fonctions comme le traitement des vidéos sur YouTube ou l’ajout de nouveaux mots dans Google Translate sont autant de tâches prévisibles dont le timing peut être aligné avec, par exemple, l’énergie éolienne le soir et l’énergie solaire pendant la journée.
Eaton, société experte en solutions permettant une meilleure gestion énergétique, a également planché sur la question, proposant de son côté une gamme d’onduleurs pour datacenters appelés « UPS-as-a-Reserve » ou « UPSaaR ». En plus de garantir leur sécurité d’approvisionnement, ceux-ci leur permettent de contrôler leur énergie, en leur laissant choisir la capacité à offrir en termes de période et de prix, tout en aidant les fournisseurs d’énergie à équilibrer la demande d’énergie durable. François Debray, Chef de produit au sein de la division Power Quality chez Eaton, explique : « Nos onduleurs UPSaaR jouent un grand rôle pour favoriser les énergies renouvelables. De plus, ils permettent de générer du revenu car les gestionnaires de réseau compensent financièrement la flexibilité accrue des datacenters. »
Le digital propre est donc en marche à grands coups d’énergie solaire et de smart grids. Google revendique ainsi compenser sa consommation d’électricité annuelle avec des énergies renouvelables depuis déjà l’année 2017. Verdir un datacenter jusqu’à le rendre neutre en carbone n’a rien d’incongru, ni même d’utopique à très court terme, d’autant que les technologies progressent chaque jour avec en ligne de mire la protection du climat. Pour un avion, la neutralité carbone sera plus délicate à atteindre. Bertrand Piccard et son Solar Impulse aux ailes solaires ont fait le tour du monde sans une goutte de pétrole, juste à l’énergie du soleil. Mais l’aventurier des temps modernes l’a bien expliqué, cet exploit n’était pas adressé aux industriels de l’aéronautique, comme un défi. Faire décoller un avion de ligne avec trois cents passagers à l’énergie solaire, ce n’est pas pour demain. Cette prouesse technologique s’adressait au monde entier. Une extraordinaire et emblématique promotion du solaire « worldwide » pour inverser le paradigme fossile, pour anticiper la vie d’après. D’après quoi ? D’après le Covid-19, une nouvelle ère où le numérique « vert » devrait vite devenir un allié de taille pour le climat, autour d’une nouvelle façon de partir à la rencontre de son écosystème professionnel, loin des gaz d’échappement des moteurs et des vrombissements à particules de kérosène des réacteurs …