Samedi 25 janvier dernier, à l’intérieur de la foire de Halle, dans une halle surchauffée, Alice Weidel, leader de l’AfD, l’extrême droite allemande, se déchaîne sur les demandeurs d’asile et le besoin impérieux d’une remigration et martèle son «programme des 100 premiers jours» : baisser la TVA et les impôts, supprimer toutes les taxes sur l’énergie, relancer le nucléaire, supprimer les livraisons d’armes à l’Ukraine et rayer des textes de loi «tous les interdits idéologiques». «Chacun doit être libre de choisir un moteur thermique pour sa voiture», confie-t-elle.
Son discours «à la tronçonneuse» reprend le chant des sirènes trumpistes. «Dès le premier jour… je fermerai toutes les frontières. Nous reboiserons nos belles forêts défigurées par ces éoliennes que nous détruirons. Avec moi, ce sera la fin des énergies renouvelables.» Ces quelques verbatim tirés du discours d’Alice Weidel montre combien la lutte contre les énergies renouvelables et la prévalence du nucléaire sont des marqueurs idéologiques au sein de l’extrême droite allemande. A l’instar de la guerre menée contre l’immigration ! Des tendances que l’on retrouve d’ailleurs au sein de l’ensemble des partis d’extrême droite européens.
Mais pourquoi tant de haine autour des EnR de l’autre côté du Rhin ? Engagée par l’Allemagne il y a 25 ans, l’Énergiewende (tournant énergétique) s’est principalement traduite par le choix de développer les sources d’énergie nouvelles et renouvelables (EnR) et de sortir du nucléaire. Avec quels résultats ? En 2024, la production nette d’électricité publique en Allemagne a atteint un jalon historique : avec une part de 62,7 % d’énergies renouvelables, le mix électrique a été plus propre que jamais. Grâce au recul des énergies fossiles et à l’expansion des énergies renouvelables, la production d’électricité de 2024 en Allemagne a été la plus pauvre en CO2 jamais enregistrée. Depuis 2014, les émissions causées par la production d’électricité allemande ont été divisées par deux, depuis le début de la collecte des données en 1990, elles ont diminué de 58 %.
Le programme énergétique allemand est plutôt une belle réussite en matière d’emplois et de décarbonation du mix électrique. Mais rien n’y fait. La droite dure en fait un bouc émissaire. Il faut dire que l’idéologie d’extrême droite s’appuie avant tout sur l’ardent désir de centralité des moyens de production électrique. Une constante des droites dures, une arme de domination rêvée pour des régimes politiques autoritaires ! Les moyens de production décentralisés au plus près des territoires et des consommateurs sont en revanche très diffus et difficiles à contrôler. Ils sont des symboles de liberté portés par des énergies de paix et de souveraineté des citoyens eux-mêmes.
« Pour s’implanter, le totalitarisme a besoin d’individus isolés et déculturés, déracinés des rapports sociaux organiques, atomisés socialement et poussés à un égoïsme extrême » écrivait Hannah Arendt. Sur les écrans géants de la halle de Halle est soudain apparu Elon Musk, fervent « supporter » de l’AfD, sous les vivats de la foule en délire et quelques bras tendus. Et les mots d’Annah Arendt de résonner plus fort que jamais sur ces hommes et femmes « déculturés, déracinés des rapports sociaux organiques » désormais facilement manipulables par les algorithmes ciblés du patron de X, allié des extrêmes droites mondiales et adepte du principe guerrier : le pouvoir ne se donne pas, il se prend. Et quelle qu’en soit la manière… Dans ce contexte anxiogène, l’énergie redevient éminemment politique et les renouvelables, la cible de la radicalité de l’ultra droite allemande… Alice Weidel est créditée de 20% dans les suffrages avant les élections allemandes !