ECM Technologies : Fer de lance à l'export de la filière solaire photovoltaïque française

Si l’aval de la filière solaire photovoltaïque française a beaucoup souffert du manque de visibilité des politiques tarifaires et souffre encore, l’amont se porte plutôt bien. Ainsi, sur le site de Technisud-Grenoble, le fabricant de fours sous vide ECM Technologies, acteur historique du photovoltaïque français, a vu son activité dédiée au photovoltaïque croître fortement ces dernières années et notamment à destination de l’export. En point d’orgue : Un projet au Kazakhstan au travers un consortium de PME françaises. Exemple à suivre !

L’histoire de la société ECM Technologies remonte au début des années 60, au cÅ“ur des « Trente Glorieuses », à l’époque où l’industrie française était florissante. Dès 1964, la société grenobloise fabrique son premier four sous vide, une innovation majeure. ECM impose son savoir-faire du traitement thermique des matériaux dans les secteurs de l’automobile, de l’électromécanique et de l’aéronautique, cette dernière requérant des normes draconiennes en matière de fabrication via des cahiers des charges ultra pointilleux. En 1983, ECM Technologies livre le premier four de cristallisation à la société Photowatt qui deviendra les années suivantes leader mondial du solaire photovoltaïque. ECM Technologies fait donc partie des pionniers de l’aventure photovoltaïque française, présente dès les commencements. Avec Photowatt, la société conçoit alors plusieurs générations de fours, bientôt adoptés par l’ensemble des acteurs de la filière, y compris en Allemagne.

La renaissance par l’innovation

Au milieu des années 2000, ECM Technologies connaît quelques déboires, le fonds financier devenu actionnaire majoritaire écartant le photovoltaïque de la stratégie d’entreprise. Sur fond de crise de l’automobile, l’entreprise dépose le bilan. En 2009, Laurent Pelissier , fils du fondateur issu du management historique de la société, en reprend les rênes. Très vite, il remet la société sur les bons rails, fort du savoir-faire technologique et de l’image de qualité véhiculée par ECM Technologies. Parmi les cibles de marché, le photovoltaïque alors en plein boum redevient un domaine dans lequel la société grenobloise investit massivement. Elle lance un programme de recherche et développement de grande ampleur en partenariat avec l’Institut National de l’Energie Solaire (CEA-INES). Les ingénieurs ont ainsi mis au point un nouveau process « mono-like » qui permet d’améliorer la qualité et la pureté du silicium en sortie de four mais aussi d’en traiter des quantités plus grandes avec des lingots qui peuvent atteindre 800 kg par fournée. A la clé, une marque déposée Crystalmax. « L’autre point de ces fours électriques à résistances en graphite est qu’ils permettent de réaliser à la fois des lingots en polycristallin et a la fois des lingots type mono-like en modifiant uniquement le process. Un même four pour les deux technologies, un plus indéniable pour les fabricants de wafers » analyse Benjamin Deneux, manager à l’export du groupe. ECM Technologies est donc redevenue l’une des références planétaires des fours de cristallisation. De 2009 à 2011, le chiffre d’affaires de la société a bondi de 15 à 35 millions d’euros. En 2012, il dépassera les 50 millions d’euros.

L’industrie solaire photovoltaïque positive pour la balance commerciale
française

Il faut dire qu’ECM Technologies a brillamment remporté, portée par un consortium de PME (ECM, Semco Engineering, CEIS) et sous le précieux pilotage du CEA-INES, un marché au Kazakhstan pour assurer l’ingénierie de la production de plaquettes de silicium. Le dispositif comprend notamment la livraison d’une dizaine de fours de cristallisation pour une capacité annuelle de plus de 70MW étendu à 100 MW. « Nous avons été capables de faire une proposition clé en main qui s’est révélée la plus cohérente et la plus compétitive. ECM Technologies s’est vu confier un contrat de 37 millions d’euros sur un total de 165 millions d’euros » se réjouit Laurent Pelissier. Cette expérience réussie d’un consortium de PME à l’export est même devenue en quelques mois l’exemple à suivre, la nouvelle référence de la ministre du Commerce Extérieur Nicole Bricq qui n’a de cesse de l’évoquer en public. Une preuve tangible en tous les cas que la filière solaire française est capable d’apporter du positif à la balance commerciale du pays. Au-delà de cette opération du Kazakhstan, ECM exporte plus de 90% de sa production. Elle dispose de trois filiales à l’étranger, en Chine, en Inde et aux Etats-Unis, des pays où le potentiel de développement du marché solaire est très important. L’entreprise iséroise réfléchit aussi à de nouvelles implantations au Moyen-Orient, en Amérique Latine ou en Afrique. « Notre activité requiert de la proximité notamment en matière de SAV. Nous devons nous positionner au plus près de nos clients pour proposer une offre de service globale » poursuit Benjamin Deneux. La nouvelle percée d’ECM Technologies dans le solaire qui pèse aujourd’hui près de 50% du CA et les augmentations de parts de marché sur ce secteur ont permis à la société de rééquilibrer son activité et d’être moins dépendante de l’automobile. Cependant pour assurer son avenir et par expérience, la direction souhaite s’appuyer sur l’ensemble de ses domaines de compétences (automobile, aéronautique, électromécanique et photovoltaïque) pour pérenniser son existence. Les surcapacités passagères du photovoltaïque mondial conduisent à la prudence.

Encadré

ECM Technologies créateur d’emplois
Lorsque Laurent Pelissier reprend l’entreprise familiale ECM Technologies en 2009, l’entreprise compte 74 salariés. Début 2013, on en dénombre près de cent cinquante, 124 au siège de Technisud-Grenoble, les autres répartis dans les trois filiales du groupe en Chine, en Inde et aux Etats-Unis.
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