La société aixoise Sunpartner Technologies a été placée le 8 janvier dernier en redressement judiciaire, sous la protection du tribunal de commerce d’Aix-en-Provence. L’atonie de marchés potentiels incertains liée à l’impatience des actionnaires historiques ont eu raison de l’entreprise. Des repreneurs sont sur les rangs pour reprendre le savoir-faire techno – plus de 100 brevets- d’une des ex pépites solaires de PACA.
Le tort de Ludovic Delbois, président fondateur de Sunpartner, n’a-t-il pas été d’avoir eu raison trop tôt ? Le fait est que sa société Sunpartner inventeur du film photovoltaïque invisible Wysips®, placée en redressement judiciaire le 8 janvier dernier, ne parvient toujours pas à décoller. Les clients ne se bousculent pas pour l’heure au portillon des innovations de Sunpartner. Les débouchés attendus en 2018 suite à l’accord de licence avec le fabricant d’écrans Truly Semiconductors limited, coté à la bourse de Hong Kong, tardent à se concrétiser. Il y était question de production en grand volume d’écrans photovoltaïques pour les wearables et les objets nomades comme les montres.
73 millions d’euros levés
Dans le BIPV également, Sunpartner ne manquait pas d’ambition. Et elle a remarquablement mis en scène ces objectifs de conquête dans le secteur le 5 octobre 2017 lors de l’inauguration de sa ligne de production de vitrages photovoltaïques transparents et semi-transparents à destination des marchés du bâtiment. Cette inauguration était couplée avec l’annonce d’un partenariat de financement avec la Banque Européenne d’Investissement (BEI), pour un prêt de 15 Millions d’Euros. De quoi réunir un aréopage prestigieux de personnalités lors de cette journée emplies des plus belles promesses. Ce jour là , au beau milieu des costards cravates des banquiers, politiques et institutionnels, l’allure décontractée sympa et la chemise blanche à col ouvert de Ludovic Déblois, tranchait. Le jeune homme, excellent communicant, ne se dépareille d’ailleurs jamais de ce look cool, malgré les 73 millions levés – 40 en fonds propres depuis la création de Sunpartner en 2008. « Nous sommes ici pour préparer la croissance de SUNPARTNER Technologies et participer à un des formidables défis de notre société : le défi de l’énergie. Depuis la COP21 et l’Accord de Paris, il ne fait plus aucun doute qu’une révolution énergétique est en route » disait-il à l’époque. Séduit par le discours, Ambroise Fayolle, Vice-Président de la BEI avait alors renchérit: « En permettant à chaque surface de devenir une source d’énergie verte, SUNPARTNER Technologies a tous les atouts pour être leader sur un marché en pleine expansion ». Les solutions de vitrages WYSIPS® Design ou Vision Glass sont en effet sensées permettre l’amélioration du confort des utilisateurs, la réduction de consommation d’énergie et des charges de fonctionnement du bâtiment. Avec cette ligne de production en grand volume, le spécialiste des surfaces intelligentes, près de 80 salariés, souhaitait se positionner comme un fournisseur de briques technologiques pour les acteurs du bâtiment comme Vinci Construction ou des concepteurs-gammistes tels que Wicona, AluK ou Sepalumik. Toutes ces idées développées en surfant sur la tendance verte autour d’une communication bien huilée étaient somme toute séduisantes mais elles semblent, pour l’instant, avoir fait pschitt !
Besoin urgent de 4 millions de trésorerie
Que ce soit pour les écrans ou les produits nomades avec le film PV transparent ou pour le BIPV avec des verres actifs, Sunpartner Technologies a peiné à traduire ces innovations en chiffre d’affaires. Un coup d’Å“il au bilan 2017 montre un CA de 250 000 euros pour une perte de 8,8 millions d’euros. Abyssal ! Et ce n’est pas le CA de 2018 affiché à 500 000 euros qui pourra redonner du baume au cÅ“ur des actionnaires historiques de Sunpartner Technologies comme Starquest Capital, CPG Finance, Davaniere Capital ou encore Paca Investissement. Ces derniers ont baissé pavillon et sont en droit de s’inquiéter au vu du besoin urgent de quatre millions d’euros en trésorerie pour poursuivre une aventure désormais mal engagée. Suite au redressement judiciaire, une période d’observation de six mois renouvelable vient d’être ouverte. « En dix ans, nos équipes ont levé les principaux verrous techniques et mis au point deux procédés pour la fabrication de façades vitrées productrices d’énergie et d’écrans de montres connectées. Nous allons mettre à profit notre sursis pour céder ces deux activités à des industriels de ces secteurs. L’entreprise a déjà reçu des marques d’intérêt de fournisseurs et de clients » a expliqué Ludovic Deblois au journal Les Echos. Dans le bâtiment, une première installation a été réalisée sur la tour Silo à Lausanne, mais le fondateur de Sunpartner assure aux Echos avoir, dans le bâtiment , « un pipeline d’une centaine de projets représentant un potentiel de l’ordre de 20 millions d’euros ». Mais le temps presse et les promesses n’engagent que ceux qui y croient. En tous les cas, les actionnaires autrefois fort enthousiastes commencent à donner de forts signes de défiance.