Le financement fourni et mobilisé par les pays développés au titre de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement devrait atteindre 100 milliards USD en 2023, selon une nouvelle analyse de l’OCDE. L’objectif que se sont fixé les pays développés de fournir et mobiliser 100 milliards USD par an en faveur de l’action climatique dans les pays en développement devait être réalisé en 2020, et a été prorogé jusqu’en 2025.
La dernière évaluation des progrès, menée par l’OCDE et parue en septembre dernier indique que le financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés a atteint 79.6 milliards USD en 2019, en hausse de seulement 2 % par rapport à 2018. La barre des 100 milliards USD ne devrait pas être franchie en 2020, même si les données vérifiées nécessaires pour finaliser le processus de signalement officiel ne seront pas disponibles avant 2022.
À la réunion ministérielle de préparation de la COP26 tenue en juillet, le Canada et l’Allemagne ont pris l’initiative, à la demande de la future présidence britannique de la COP26, d’élaborer un Plan de mise en Å“uvre collectif visant à atteindre cet objectif le plus rapidement possible. Il a été demandé à l’OCDE d’apporter un soutien technique à l’appui de ce Plan.
Depuis cette réunion et la diffusion par l’OCDE en septembre des chiffres pour 2019, de nouveaux engagements ont été pris pour une hausse des financements climatiques publics bilatéraux d’environ 10 milliards USD par an en moyenne sur la période 2022-25 par rapport à 2018-19 pour ces mêmes apporteurs. À cela viennent s’ajouter les engagements pris en 2020 et au début de 2021 par d’autres pays et les projections revues à la hausse des financements climatiques futurs des banques multilatérales de développement. D’autres annonces sont attendues au cours des prochains jours, certaines ayant déjà été communiquées à l’OCDE et prises en compte dans son analyse.
La nouvelle analyse de l’OCDE publiée le 25 octobre dernier – Scénarios prospectifs du financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés pour 2021-2025 – présente deux scénarios sur les niveaux futurs de financement climatique.
Ces scénarios sont fondés sur l’analyse détaillée effectuée par l’OCDE des informations prospectives sur le financement climatique public, soumises par les pays développés et les banques multilatérales de développement (BMD) dans le cadre du Plan de Mise en Œuvre des pays développés.
« Il est essentiel d’atteindre le plus rapidement possible l’objectif de 100 milliards USD de financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés pour les pays en développement. Notre analyse, réalisée à partir des informations reçues, montre que les pays développés ont la volonté d’accroître sensiblement le financement climatique fourni et mobilisé dans les années à venir, ce qui est naturellement de bon augure. L’analyse par l’OCDE des informations communiquées par les apporteurs révèle que cet objectif devrait être atteint en 2023. Ce niveau de financement devra alors être maintenu en 2024 et en 2025 », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE Mathias Cormann. Il a ajouté : « Même si un certain nombre de facteurs, tels que la capacité à engager les projets nécessaires dans les délais fixés, influeront sur la date exacte à laquelle l’objectif des 100 milliards USD sera atteint, il est impératif que les pays en développement aient une bonne compréhension des intentions des pays développés en amont de la COP26 qui débutera à Glasgow la semaine prochaine ».
Cette analyse constitue la deuxième étude prospective réalisée par l’OCDE en lien avec l’objectif des 100 milliards USD, après celle de 2016 qui procédait à une estimation des financements climatiques en 2020. Ces analyses viennent compléter les évaluations périodiques par l’OCDE des progrès accomplis vers cet objectif, sur la base d’une méthodologie et de définitions identiques, mais qui sont effectuées selon une démarche rétrospective lorsque les données vérifiées nécessaires deviennent disponibles.
Les informations relatives aux niveaux futurs du financement climatique public communiquées à l’OCDE dans le cadre de cet exercice varient beaucoup en termes de précision, de détail et d’hypothèses implicites.
Le rythme auquel le financement climatique augmentera en pratique dépendra de nombreux facteurs, y compris les conditions macroéconomiques au niveau mondial et dans les pays en développement, ainsi que le renforcement des capacités et le développement des portefeuilles de projets climatiques. Aussi, les tentatives pour quantifier le niveau futur du financement climatique total sont intrinsèquement incertaines.
Les deux scénarios employés par l’OCDE correspondent à deux évolutions distinctes des niveaux futurs des financements climatiques afin d’illustrer l’ampleur de l’incertitude. Ils ne doivent pas être interprétés comme des prévisions et peuvent ne pas couvrir tout l’éventail des résultats possibles.
Le premier scénario suppose que les financements publics augmentent conformément aux informations fournies, sous réserve des correctifs apportés par l’OCDE pour harmoniser les données et éviter le double comptage. Il suppose également que les montants des financements privés mobilisés par les financements publics augmentent sur la base du ratio annuel minimum financements privés/financements publics observé pendant la période 2016‑19. Compte tenu des évolutions de la composition attendue des portefeuilles de financement public, cela implique que les financements privés mobilisés pour les projets concernés augmenteront au cours de la période, ce qui se traduira par une hausse des volumes de financements privés sur cette même période.
Le deuxième scénario tient compte de facteurs pouvant déboucher sur des niveaux de financement climatique inférieurs aux objectifs. Ces facteurs sont le possible impact des risques macroéconomiques à court terme dans les pays en développement, des capacités moindres sous l’effet de la pandémie de COVID-19, et les modifications prévues de la composition des portefeuilles des apporteurs, avec une hausse de la part des financements consacrés à l’adaptation, des financements sous forme de dons et des financements destinés aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID). La nature de l’exercice n’a pas permis de produire une estimation chiffrée globale de cette évolution des portefeuilles dans le temps. Toutefois, beaucoup d’apporteurs ont signifié leur intention d’augmenter les financements destinés à l’adaptation, en valeur absolue aussi bien qu’en proportion de leurs financements climatiques. Cette évolution de la composition des portefeuilles est intégrée dans les calculs ; toutefois, les chiffres retenus ne reposent pas sur des données quantitatives provenant des donneurs, mais correspondent aux meilleures estimations de l’OCDE au vu des tendances antérieures.
Dans ce contexte, comme l’a souligné Mathias Cormann, « il est de la plus haute importance que le financement climatique soit en phase avec les priorités mises en avant par les pays partenaires, par exemple, dans leurs contributions déterminées au niveau national ou leurs rapports à la CCNUCC. C’est ainsi qu’il pourra répondre aux besoins déterminés, et notamment aider les pays pauvres et vulnérables à renforcer leur résilience face aux répercussions croissantes du changement climatique. Je salue l’attention accrue portée à cet aspect par les pays développés dans le Plan de mise en œuvre. »