Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, et Peggy Kançal, conseillère régionale en charge du Plan Climat, saluent les récentes annonces du ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, qui proposent des nouvelles mesures de soutien à la filière photovoltaïque, notamment un mécanisme de bonification instauré selon l’origine des panneaux. En effet, il est précisé que « pour les petites installations (inférieures ou égales à 100 kW), les volumes cibles de développement seront immédiatement significativement revus à la hausse. Le tarif d’achat sera relevé pour la majorité des installations non résidentielles grâce à une bonification de 10% accordée en fonction de l’origine des panneaux. La baisse annuelle des tarifs sera plafonnée à 20% ».
Pour le Conseil régional d’Aquitaine, cette décision nationale vient conforter les orientations prises et politiques engagées, pour aller vers un modèle énergétique décentralisé tel qu’il se préfigure, avec des objectifs énergétiques volontaristes (doubler la part des énergies renouvelables d’ici 2020), avec les expériences en démarrage des 8 territoires pionniers « TePOS » (territoires à énergie positive) et des outils de financement dédiés pour les PME PMI régionales positionnées sur les marchés de la sobriété, de l’efficacité énergétique et de toutes les filières d’énergies renouvelables. Loin d’être une mesure protectionniste, de repli, ce type de bonification sur l’origine des panneaux solaires est bien au contraire un tremplin pour créer des boucles vertueuses sur les territoires, car l’affirmation de cette préférence va pouvoir répondre :
- aux besoins des entreprises :
Comme l’indiquent les professionnels du solaire, la bonification va permettre de mieux structurer l’industrie française du secteur. Compte-tenu que, sauf à taxer les produits chinois, le combat des fabricants européens de panneaux semble impossible à mener sur le terrain des coûts (même s’ils ont réussi à faire chuter de 60% le prix de leurs produits en cinq ans). Les vrais enjeux sont liés à l’amélioration des rendements des modules, au développement des technologies de nouvelle génération (couches minces et photovoltaïque organique), au marché du recyclage des panneaux en fin de vie, et surtout au marché de l’intégration du solaire a bâti qui a de belles perspectives avec les normes du BePOS.
- des mécanismes de bonification appliqués au plan national ou régional sont une vraie opportunité pour nos entreprises régionales, qui produisent environ un tiers des panneaux français comme Fonroche (47) et Solarezo (40), celles qui innovent comme Exosun (33) avec la technologie des trackers, TCE Solar (64) sur l’intégration au bâti. Elles mènent de nombreux projets collaboratifs grâce au cluster Sysolia.
- aux demandes des élus locaux
Parfois davantage préoccupés par un objectif de rentabilité financière à court terme des projets d’énergies renouvelables que d’une approche globale (énergétique, environnementale, sociale, à moyen-long terme), les élus locaux sont aujourd’hui beaucoup ouverts et intéressés pour favoriser des projets bien mieux ancrés au territoire, et bien plus créateurs de valeur sociale et environnementale. C’est l’approche que souhaite construire et promouvoir la Région Aquitaine, à travers son programme « TePOS » en lien avec les élus engagés dans les communautés de communes rurales, qui ont un vrai souci d’éthique des projets. Fort de l’expérience acquise sur un appel à projets photovoltaïque en toitures, une clause bilan carbone intégrée dans le choix des projets garantit un bon positionnement des acteurs régionaux producteurs de panneaux. Il faut encore progresser dans l’introduction de conditionnalités sociales et environnementales dans les choix d’opérateurs de projets.
- aux aspirations de la population
Enfin, le Baromètre régional de l’opinion des Aquitains sur le climat et l’énergie, publié en septembre 2012 pour la seconde année consécutive, montre que le solaire est l’énergie renouvelable plébiscitée par les Aquitains : 79% la connaissent, 62% (+5 points) attendent une progression, soutenue par les pouvoirs publics. Intéressant de constater que malgré les années précédentes de déstabilisation profonde de la filière solaire et de dénigrement, un taux d’acceptation et même de demande sociétale est si forte.
Allant dans le même sens que ces récentes mesures gouvernementales positives sur le solaire, la Région Aquitaine impulse, à travers son plan climat énergie, des actions qui font peu à peu converger les politiques régionales historiques (innovation, R&D, développement industriel des filières vertes, formation) et la nouvelle politique énergétique décentralisée, très volontariste sur les renouvelables. L’idéal visé étant que l’autonomie énergétique des territoires aquitains génère la création des emplois de demain.
Appel à projets annuel « photovoltaïque en toitures », c’est 42 projets soutenus par an et une enveloppe de près de 2 M€
L’appel à projet 2011 a permis la réalisation de 42 projets (1/3 industrie, 1/3 collectivité et 1/3 exploitation agricole). Ces 42 projets représentent globalement un investissement de 8,72 M€ pour une puissance installée de près de 2,8 MWc (Méga Watt crête). La Région est intervenue à hauteur de 1,34 M€ soit 16% des coûts d’investissement. Ces installations produiront environ 3 100 MWh/an en moyenne et permettront d’éviter 184 tonnes de CO². Les panneaux utilisés sont d’origine suivante : 14 Aquitains (Fonroche et Solarézo), 6 Français hors Aquitaine, 9 Allemands, 2 USA, 5 Japonais et 6 Chinois. Les clauses environnementales (bilan carbone sur les panneaux posés, démarches d’autoconsommation, normes de raccordement au réseau) sur ces opérations ont permis de faire en sorte qu’une majorité des projets aidés par la Région dans ce cadre (près de la moitié) s’est faite avec des panneaux d’origine française ou régionale.
« C’est bien, et il faut encore progresser dans cette voie , indique Peggy Kançal. On ne peut plus comprendre que, dans une région comme l’Aquitaine qui produit grâce à ses PME innovantes un tiers des panneaux français, dans des projets solaires d’envergue, comme les ombrières du parc des expositions à Bordeaux Lac ou la ferme solaire de Rion-des-Landes, la totalité des panneaux soient chinois ou coréens et ne créent localement que quelques postes de maitre-chien ! ».
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