À l’occasion de la publication, ce jour par Enedis, des chiffres d’installations photovoltaïques au 2ème trimestre 2019, David Callegari, fondateur et Directeur Général de la startup experte du photovoltaïque In Sun We Trust, a souhaité réagir à cette actualité :
« Les Français semblent se détourner à nouveau du photovoltaïque. Sur le segment des particuliers (puissance inférieure à 9 kilowatts-crête (kWc)), le recul est brutal : 4 355 installations seulement au 2ème trimestre 2019, contre 6 359 au 1er trimestre. C’est très exactement un tiers en moins (-33,4 %). Ces mauvais chiffres doivent alerter les pouvoirs publics. Sur un marché déjà franchement modeste en comparaison de nos voisins européens – des millions d’Allemands et d’Italiens consomment déjà leur propre électricité solaire – on pouvait au moins espérer que la tendance française se maintienne à la hausse. C’est tout l’inverse qui s’est produit.
Notre diagnostic est que le photovoltaïque reste perçu par les Français comme une solution incompréhensible et peu fiable. Beaucoup continuent de l’envisager pour l’avenir, mais voient peu d’avantages et beaucoup d‘inconvénients à se lancer maintenant. Le problème, c’est que la filière ne pourra les attendre indéfiniment. Une baisse durable de la demande ferait se détourner du photovoltaïque résidentiel les installateurs, les fabricants, les investisseurs… La France en a suffisamment fait l’expérience, avec le moratoire de 2011.
Alors, que faire pour inverser cette tendance, et susciter à nouveau l’adhésion des Français ? Il faut selon nous un double choc de confiance et de simplification.
Premièrement, la confiance : avec 10 000 arnaques au photovoltaïque en 2018 selon le GPPEP (près d’une installation sur deux !), le secteur de l’énergie solaire souffre d’un déficit de confiance auprès des Français. Pour les acteurs du secteur, les collectivités et les associations de consommateurs, la première bataille à mener doit donc cibler les éco-délinquants et offrir information, transparence et accompagnement aux Français pour lesquels l’énergie solaire est encore un concept trop flou.
Deuxièmement, la simplification : lutter contre les arnaques ne suffira pas à relancer l’autoconsommation photovoltaïque chez les particuliers. Car au-delà de calmer les peurs, il faut aussi susciter l’envie. Il faut inciter. Et tandis que la société civile et les collectivités locales se mobilisent contre les arnaques, nous demandons à l’Etat d’assumer pleinement son rôle d’incitation.
Entendons-nous bien : le cadre règlementaire actuel est suffisamment favorable. Et ce d’autant plus qu’il s’inscrit dans une tendance de forte hausse des prix de l’électricité (+7,2 % en 2019), qui a mécaniquement amélioré la rentabilité de l’autoconsommation. Le problème, c’est que ce cadre est illisible, truffé d’effets de seuil absurdes et de subtilités inutiles. Les Français n’y trouvent pas leur compte, alors que le contexte n’a jamais été aussi propice ! Il est grand temps de remettre à plat l’intégralité du système, à la lumière de ce qui se passe concrètement sur le terrain.
Edouard Philippe l’a d’ailleurs promis le 12 juin dernier, dans son discours de politique générale. Où sont les actes ? Les déclarations sans lendemain ne font que créer de l’incertitude sur l’avenir – à l’image du fameux « Plan Solaire » de 2018 qui a soulevé beaucoup de faux espoirs, mais ne contenait aucune mesure d’ampleur pour développer le photovoltaïque chez les particuliers.Les mauvais chiffres du 2ème trimestre 2019 sont un cri d’alarme ; il doit être entendu. »