Daniel Bour, président de la Générale du Solaire et vice président de l’Observatoire de l’Energie Solaire Photovoltaïque tire le bilan des résultats de la 8ème édition de l’Observatoire parue mi-décembre. Que disent les chiffres ?
Plein soleil : Avec un total de 204 MW au troisième trimestre, ce sont 85 MW de plus qu’au deuxième trimestre qui ont été raccordés au réseau. L’effet des appels d’offre ?
Daniel Bour : Pas du tout. Ce résultat est essentiellement dû à l’apparition dans les statistiques des centrales au sol issues du T4 devenu T5 dont les listes d’attente dont d’ailleurs en train de se tarir. Les appels d’offres ne sont pas encore concernés par ce résultat. L’activité autour des appels d’offres ne commence que maintenant. On voit bien là que cette procédure est trop longue. Les appels d’offre sont trop irréguliers. Quand on sait que le CRE 3 n’est pas encore annoncé, on imagine la date de réalisation des projets de ce CRE3.
PS : Comment se comporte le segment 9-100 kWc ?
DB : La liste d’attente se maintient à un niveau élevé autour des 460 MW. Problème. Sur ce segment et historiquement, il y a toujours un décalage entre les demandes de raccordement et la puissance réellement raccordée. Le pourcentage de chute est colossal avec un taux d’effacement historique de plus de 50%. Avec la baisse accélérée du tarif depuis le moratoire à -9,5% par trimestre et un tarif affiché désormais à 14,45 c/€, le taux d’échec va encore monter. Au vu de ces chiffres, les tarifs T2 et T5 n’ont guère d’avenir. Ce sont des marchés étriqués où les gens cassent les prix et font un peu n’importe quoi entre bidouillages de découpes parcellaires et des solutions semi-intégrées pas toujours pertinentes.
PS : Le 13 décembre dernier, le ministre Philippe Martin a lancé une consultation sur l’évolution du dispositif de soutien aux énergies renouvelables. Qu’en attendez-vous ?
DB : Nous disons qu’il est bien de lancer ces débats tout de suite en amont de la future promulgation de la loi sur la transition énergétique. Maintenant des questions se posent. Qui sont les véritables acteurs de la consultation ? Qui va la mener ? Qui rédige et avec quels résultats ? L’administration a-t-elle déjà tout écrit ? Allons-nous vers une discussion à l’allemande, en confiance avec les professionnels, autour d’objectifs clairs, ou alors dans quelque chose de purement politique façon administration à la française, sur fond de défiance généralisée. La manière de faire sera capitale. Nous nous sommes déjà fait rouler une première fois dans la farine avec le rapport Charpin-Trinck. Nous avons aujourd’hui besoin d’un débat réfléchi avec une remise en perspective des objectifs des 23% d’ENR en France en 2020. On en est loin. Il va falloir se secouer, se donner les moyens d’y arriver.
PS : Reste que le temps presse pour la filière ?
DB : Vous avez raison, il est urgent de faire quelque chose avec hélas des responsables qui ne semblent, de leur côté, pas trop pressés. Ils font évoluer la filière à leur rythme, lançant des appels d’offres au gré de leur envie. Ces appels d’offres, systèmes très complexes, permettent certes de ne pas condamner définitivement le secteur, notamment pour ceux qui les remportent. Ils condamnent en revanche à court terme les nombreuses entreprises qui en sortent bredouille. Dans ce contexte et pour les mois à venir, seul l’international représentera une planche de salut pour ces sociétés.