Le Centre européen de recyclage de l’énergie solaire (Ceres), association à but non lucratif a vu le jour dans le courant de l’été 2011 avec le désir de s’installer durablement dans le paysage photovoltaïque mondial. Petite structure de quatre personnes à ce jour, le Ceres a pour ambition de créer un programme volontaire de récupération et de recyclage des panneaux et rebuts de production de la filière. « La problématique du recyclage a longtemps nui à la réputation du solaire photovoltaïque. Le Ceres a ainsi été créé pour trouver des solutions viables en rassemblant tous les acteurs du photovoltaïque et pas seulement les fabricants. Tout le monde a un rôle à jouer et doit s’investir dans le recyclage, des banques aux installateurs en passant par les distributeurs, les maîtres d’ouvrage, les bureaux d’études, les universités, les associations et bien sûr les recycleurs au premier chef » assure Nicolas Defrenne, le directeur des affaires publiques de l’association en quête d’union sacrée.
Le recyclage : Une activité lucrative !
Déjà consciente du problème en 2007, la société allemande SolarWorld avait été l’instigatrice de la création de l’association PV Cycle qui compte aujourd’hui près de deux cent cinquante membres adhérents, pour l’essentiel des fabricants qui s’engagent financièrement en fonction des volumes produits, à recycler jusqu’à 85% des déchets en 2020. Aujourd’hui, PV Cycle compte près de 180 points de collecte dans douze pays européens différents et elle a dépassé les mille tonnes de déchets collectés lors du mois de septembre 2011. Un succès entaché d’un petit bémol ! SolarWorld, leader mondial du recyclage au savoir-faire technologique plébiscité, a quitté le navire à l’automne 2011 pour créer sa propre unité, Solar Cycle. Cette usine qui représente un investissement de 12,7 millions d’euros sera construite en deux tranches et disposera d’une capacité de recyclage de 30 000 tonnes par an. Fin de la première tranche au dernier trimestre 2012. SolarWorld s’est donc désolidarisé de PV Cycle. La société allemande a anticipé le fait qu’elle pouvait faire du recyclage un centre de profits à part entière dans son activité photovoltaïque. C’est d’ailleurs sur ce postulat pécuniaire que reposent les fondements du Ceres qui ne demande pour sa part que des frais d’adhésion fixes assez modiques à ces potentiels adhérents. « Nous savons que la revente des matières premières issues du recyclage financera notre activité. Un module photovoltaïque, c’est 16% de métaux rares, du silicium, de l’aluminium, de l’argent, du cuivre et du verre. Il faut savoir que le silicium peut être recyclé quatre à cinq fois pour une durée de vie de plus d’un siècle » poursuit Nicolas Defrenne. Les projections feraient ainsi état d’un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros dès 2020 pour l’activité recyclage. En 2050, le chiffre bondit à plus de 15 milliards d’euros. « L’an dernier, il a été fabriqué pour 32 milliards d’euros de modules dans le monde. 50% de ce montant représente la valeur de la matière qui ne fera qu’augmenter avec les années. Cela représente des volumes énormissimes. Quand on sait qu’aujourd’hui, une tonne de déchets génère environ 2000 euros de revenus. Nous avons prouvé aux recycleurs qu’ils vont gagner de l’argent avec le recyclage » s’enthousiasme le jeune responsable des affaires publiques. A tel point que les recycleurs contactés par le Ceres seraient prêts à perdre de l’argent pour s’assurer une place de choix sur ce marché du futur. Voilà qui a de quoi rassurer certains exploitants et maîtres d’ouvrage inquiets mais aussi les fabricants. Pour les responsables du Ceres, pas de doute, le recyclage des panneaux sera gratuit car il générera des flux financiers susceptibles de largement couvrir les frais.
Le recyclage, pourvoyeur d’emplois
Mais quid de la collecte ? Sur ce point, le Ceres fait le pari de la proximité et des déchetteries existantes. Dans l’Hexagone, environ deux cents points de collecte sont recensés. Le Ceres est en train de contractualisé avec les grands groupes gestionnaires de ces points de collecte afin, à l’avenir, d’ajouter au dispositif existant une benne pour les modules et une autre pour les onduleurs. Pour la collecte, les grosses centrales au sol ou en toitures ne posent pas de difficultés particulières car un gros volume est centralisé sur un espace. Les centrales seront démantelées sur place. La difficulté vient des centrales des particuliers qui représentent des petites quantités diffuses sur le territoire. Dans ce cas, les déchetteries apparaissent comme une solution pertinente. Les particuliers, aidés par les installateurs sécurisés par un fonds de garantie mis en place par le Ceres pour cette activité spécifique, déposeront sans frais les panneaux et les onduleurs dans les bennes. Reste ensuite à développer des projets d’usine de recyclage pour demeurer dans cette logique de proximité. L’un serait d’ores et déjà prévu en France pour début 2015 avec une ligne de recyclage au potentiel de 20 MW par an. En phase d’amorçage du marché, cette usine devrait traiter dans un premier temps des rebuts de production, des panneaux cassés et déjà quelques fruits de collecte. « N’oublions pas l’essentiel ! Cette activité est génératrice d’emplois. Il est dit communément qu’un MW recyclé, qui correspond à environ mille tonnes de déchets à traiter, induit deux emplois créés, l’un dans le recyclage, l’autre dans la collecte ou l’administratif. A terme, en France, nous visons les mille emplois créés » indique Nicolas Defrenne. Et bien au-delà sur le plan européen avec les millions de tonnes de déchets qui seront à recycler dans les années à venir. « Car notre ambition est européenne, comme notre nom, le Ceres, l’indique » conclut Nicolas Defrenne. Le recyclage, un enjeu social mais aussi technologique ! Le Ceres a ainsi signé un partenariat avec la société Photocycle Industries. Le CERES a sélectionné Photocycle notamment en raison de son engagement et de sa capacité de recherche pour une technologie de recyclage la plus propre et la plus durable possible. Elle est ainsi en phase d’élaboration d’une méthode de chimie verte peu énergivore à base de solvants, apte à séparer, après broyage, les divers éléments et matériaux notamment ceux fixés sur l’EVA du panneau solaire. Une fois le process industriel validé, Photocycle bénéficiera de licences qu’elle pourra négocier à l’ensemble des pays européens désireux de travailler avec nous. C’est elle qui possédera les usines. Dans ce cadre là , le Ceres s’inscrit aussi dans une logique de développement durable apte à améliorer le bilan carbone de la production de module via le recyclage. Vous avez dit emplois verts !
Objectif 100%
Le Ceres s’engage à recycler au moins 85% des déchets collectés, avec un objectif de 100%. Les matières premières recyclées, au premier rang desquelles le silicium, seront proposées en priorité aux industriels du solaire.
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