Présentée au public le 27 janvier dernier, la gigantesque centrale solaire au sol promet selon EDF EN d’être une chance pour Beaucaire, pour l’industrie, l’agriculture et la nature gardoise… On peut toutefois douter des motivations profondes des porteurs de ce projet. Comme aucune estimation financière n’a été présentée, les associations de riverains, d’agriculteurs et de protection de la nature ont fait les calculs grâce aux chiffres officiels de EDF EN, de l’ADEME et de l’association HESPUL. Le résultat est édifiant !
Le bénéfice net estimé, après remboursement de l’investissement de l’ordre de 90 000 euros par hectare et par an. Même en soustrayant le coût de l’entretien et les taxes, c’est le jackpot pour EDF Energie nouvelles (société à capitaux privés détenus à 50% par EDF). Les propriétaires et la Chambre d’Agriculture se verront, eux, reverser au mieux 3 000 euros chacun par hectare occupé et par an, autant dire les miettes du gâteau !
Le coût de la production décentralisée d’électricité renouvelable étant plus élevé que le prix actuel de la parité réseau, la différence (au minimum 7 fois plus) est financée par la Contribution au Service Public de l’Electricité, surcoût payé sur la facture EDF de tous. Ce surcoût peut se justifier pour favoriser le développement de la production d’électricité solaire mais à Beaucaire, ce financement par le consommateur est utilisé pour faire des bénéfices.
C’est toute la filière française qui va se retrouver étouffée, coupée dans son élan. En s’accaparant tout le financement dédié au solaire français, les autres projets photovoltaïques, principalement sur toiture, ne vont bénéficier d’aucun financement. C’est ce que souligne l’association nationale Touche Pas A Mon Panneau Solaire, qui réunit les PME du secteur et apporte son soutien aux associations locales. Les PME du secteur sont de meilleurs créateurs d’emplois locaux, favorisent des plus petits projets, plus respectueux des milieux naturels et agricoles et cherchent à investir en premier lieu les grandes toitures ou les friches industrielles. De plus, la centrale de Beaucaire va contribuer à l’artificialisation des terres du Gard (17 000 hectares de perdus depuis 10 ans).
Les associations TPAMPS, NACICCA, riverains de la plaine de Beaucaire, ADET, Clarency, CO Gard, Meridionalis et le syndicat agricole Confédération Paysanne 30, sont favorables au développement de la filière française photovoltaïque qui bénéficie au bien public, à l’emploi local, qui ne saccage pas l’agriculture et la nature. Ils s’opposent donc au projet purement spéculatif d’EDF EN et dénoncent une absence de clarté de l’entreprise dans la filière. Les associations interpellent l’administration, les élus locaux et départementaux, la Chambre d’Agriculture et les propriétaires des 700 hectares pour faire cesser ce projet et laisser la place à des projets plus vertueux.