En ces temps de tension entre les acteurs de la filière solaire photovoltaïque et le ministère de la Transition Energétique, la visite de Barbara Pompili ce jeudi 15 octobre dans l’usine SunStyle revêt un caractère particulier. La menace qui plane sur la remise en cause des tarifs PV d’avant 2011 a en effet entamé la confiance des professionnels mais aussi des partenaires financiers envers le gouvernement. La ministre est très attendue. Euphémisme ! Â
Barbara Pompili l’avait promis à Eric Scotto, président d’Akuo Energy. Elle a tenu sa parole. Elle sera jeudi 15 octobre à Châtellerault sur le site de VMH Energies pour visiter la Gigafactory du groupe Akuo Energy, un des fleurons français de l’énergie renouvelable. Les tuiles photovoltaïques concourent au développement d’une énergie solaire innovante, pourvoyeuse d’emplois industriels tant plébiscité en France et s’intégrant dans le paysage. Sur le site visité, 50 employés participent activement à la production de ces tuiles. Une preuve de la dynamique engagée par la filière !
Un acte politique
Par sa présence, Barbara Pompili apporte indéniablement son soutien aux professionnels du solaire. Elle marque son territoire, celui de la transition énergétique, de la lutte contre les changements climatiques. Un acte politique ! Elle vient, avec dans ses valises, les nouveaux engagements de l’Etat en faveur de la filière solaire qu’elle ne manquera pas de rappeler : un engagement financier massif et des mesures de simplification pour faciliter leur installation. L’ambition : produire 33 % de notre énergie grâce aux énergies renouvelables en 2030, contre 17,2 % fin 2019. « Depuis 2017, l’État a soutenu par appel d’offres plus de 10 GW de nouveaux projets d’énergie renouvelable, en majorité des projets d’installations solaires photovoltaïques. Rien qu’en 2019, près de 30 000 projets de production photovoltaïque ont ainsi par exemple pu être raccordés au réseau électrique. L’État prévoit de poursuivre cette ambition et engagera ainsi chaque année de 3 à 5 Md€ de soutien public d’ici à 2028 pour des projets d’énergies renouvelables électriques » précise le communiqué du ministère..
Bercy versus Transition Energétique
La ministre soulignera qu’au-delà de l’appui financier, l’État prévoit des mesures de simplification et d’accompagnement des énergies renouvelables afin de faciliter et d’accélérer encore leur déploiement. « Concernant l’énergie solaire, ce soutien passe notamment par l’introduction d’un nouveau guichet tarifaire permettant d’encourager des installations photovoltaïques sur toiture allant jusqu’à 500 kW de puissance (au lieu de 100 kW actuellement) sans nécessité de passer par un appel d’offres » confirme le communiqué. Autant de bonnes nouvelles, plébiscitées par la filière, que la ministre a su imposer en haut-lieu. Et à ca titre, elle peut en être remerciée. Mais quid de cette remise en cause des tarifs imposée par le Budget et les technocrates de Bercy ? Barbara Pompili a-t-elle les armes pour infléchir une telle décision contreproductive ? Nicolas Hulot les avait déposées, les armes. Arguant que les lobbys étaient plus forts que son volontarisme politique. Après l’affaire de la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles qu’elle dit assumer complètement» pour sauver la filière betterave, la ministre a-t-elle les moyens de contrecarrer les projets d’amendement de Bercy sur la rétroactivité des tarifs ? Il en va de l’avenir d’une Transition Energétique réussie, dans la sérénité et la confiance, et dépouillée de ces « stop and go » qui ont fait prendre à la France un retard certain dans la compétition mondiale photovoltaïque. Allez, madame la ministre, il suffirait d’un signe…