SunPartner s’est fait un nom dans le solaire avec sa filiale Wysips spécialisée dans les surfaces intelligentes productrices d’électricité. Vous savez, ces films transparents intégrés aux écrans de portable. La société fait à nouveau parler d’elle avec cette fois sa filiale Axiosun qui développe des solutions solaires à basse concentration avec l’objectif de mettre au point un procédé industriel favorisant l’assemblage local des produits et la création de micro-usine au plus près des besoins des utilisateurs. Explications !
Pour SunPartner et son président Ludovic Deblois, en ce moment c’est un peu la vie de château. Référence à l’emplacement des bureaux du groupe situés dans l’aile d’une somptueuse demeure de Lambesc à quelques encablures d’Aix en Provence. Mais ne nous y trompons. Le charme désuet du lieu tranche en effet radicalement avec l’effervescence technologique qui agite les patrons de la boîte et la vingtaine de collaborateurs. Leur ADN : L’innovation. « Le groupe dépose en moyenne deux brevets par mois et a pour ambition la maîtrise globale de la chaîne de production jusqu’à l’industrialisation » se félicite Ludovic Deblois. Si sa filiale Wysips qui a décroché au printemps dernier le prix du concours de l’innovation mobile CTIA d’Orlando dans la catégorie applications vertes et gestion de l’énergie n’est plus à présenter, l’autre filiale Axiosun mérite pour sa part quelques égards.
Un vrai choix stratégique
Créée en 2009 sous la férule de Philippe Monteillier ancien de Gemplus devenu Gemalto, les as de la carte à puce, Axiosun qui a investi 1,5 million d’euros en R&D vient de développer la première centrale basse concentration en France. Axiosun est la seule société française sur ce créneau parmi une quinzaine de société de part le monde. La basse concentration s’étend sur des facteurs de 5 à 100. Elle permet d’afficher de haut rendement dans des pays à fort ensoleillement. « On devient bon au Sud de Madrid » indique Philippe Monteillier. Il poursuit : « Nous avons choisi un facteur de 15. Il s’agit d’un vrai choix stratégique. Nous visons en fait des applications de champs solaires de quelques kWc à quelques MWc. Des équipements de taille moyenne de proximité, très simples dans leur conception et faciles en mettre en Å“uvre » indique Philippe Monteillier. Cette recherche de la simplicité a même conduit les ingénieurs d’Axiosun drivé de main de maître par le directeur technique Joël Gilbert, un astro-physicien de 54 ans redoutable dans le binôme optique/solaire a essayé de se passer d’un tracker puis a envisagé un temps, tracker manuel. Mais la Terre n’en finit pas de tourner et qui dit concentration dit suivi du soleil. Ces Géotrouvetout des temps modernes ont donc fini par adopter un tracker un axe avec suivi du soleil est/ouest, la structure étant positionnée suivant un axe nord/sud.
Des modules high tech qui ne craignent pas la chaleur
Une petite centrale pilote d’une dizaine de mètres de long et de 3,5 kWc est d’ailleurs installée à proximité des bureaux du groupe à Saint-Cannat raccordé à un moteur d’une station s’assainissement de l’eau. Par un subtil jeu de miroirs incurvés, le soleil vient donc en permanence inonder des cellules encapsulées dans un module qui ressemble à une sorte de néon doté à l’arrière d’une grille de radiateur qui diffuse la chaleur. « Nous avons mis au point un module qui nécessite quinze fois moins de silicium qu’un panneau standard ce qui est excellent pour le prix du système qui se décompose à un tiers pour le module et deux tiers pour la structure mais aussi pour le bilan carbone et le recyclage la structure étant pour l’essentiel en alu et en acier. Nous sommes bien dans le développement durable » se félicite Philippe Monteillier. Et que dire de ces modules spécialement adaptés à la basse concentration ? « Nous avons beaucoup travaillé sur le design des dernières couches et sur les grilles de collecte de la cellule en collaboration avec l’INES et le CEA, et ce, afin de conserver un bon rendement à haute température lorsque la concentration est effective mais aussi une bonne tenue au vieillissement sous ces fortes contraintes. Avec des résultats plus que probants. Nos courbes montrent même que nos modules produisent plus à haute température, là où un module standard voit son rendement chuter. L’encapsulant supporte lui des températures de 200°C » poursuit le CEO d’Axiosun qui affirme viser d’ici trois ans un kWh inférieur à 0,10 euro sur la SunBelt soit un prix au watt 20 à 40% moins cher que les solutions standards. Il est à noter que le produit est évolutif et que les modules peuvent être changés à moindre frais au vu de l’évolution des technologies.
Le Maroc en ligne de mire
En France une nouvelle centrale de 15 kWc est attendue au CEA de Cadarache. Axiosun va bien sûr également répondre aux appels d’offres français au nom des technologies innovantes avec pour objectif deux projets de 200 kWc qui devraient nous permettre de monter une ligne de fabrication de modules à proximité d’Aix. La société s’apprête également à mettre en Å“uvre une nouvelle centrale photovoltaïque à basse concentration à Marrakech de 12 kWc au Maroc avec l’appui de Schneider Electric et Veolia Environnement. Une belle vitrine pour conquérir l’international ! Axiosun vient d’ailleurs de recevoir l’accord du Comité Fasep (Fonds d’aide au Secteur Privé) pour effectuer la réalisation de ce projet. Avant peut-être deux nouvelles réalisations de 100 kWc pour des sociétés agroalimentaires marocaines et à la clé une implantation d’une nouvelle ligne industrielle pilote au Maroc. « Pour l’heure, nous avançons par étape avec la flexibilité que nous procure une structure légère comme la nôtre. Notre objectif est cependant bien défini : 100 MW cumulés d’ici 2016 » conclut euphorique Ludovic Deblois dont la société devrait embaucher une vingtaine de personnes en 2012. Un fait assez rare dans le solaire aujourd’hui pour être mis en exergue !
Axiosun en quelques chiffres
10 collaborateurs
Objectif : 200 kWc en 2012, 400 kWc en 2013 et 3 MW en 2014.
Le CA d’Axiosun est attendu à 70 millions d’euros en 2016.
Axiosun va lever 1 millions d’euro en janvier pour poursuivre son développement.
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