Ne dit-on pas que les financiers anticipent plus vite encore que les politiques les nouvelles tedances de fond ! Dans le dossier EDF, dont l’action est malmenée depuis la catastrophe de Fukushima, les grands argentiers de la Bourse ont délibérément mis en avant l’option énergies renouvelables avec le rachat surprise de l’ensemble des actions (les 50% restants) composant le capital de sa filiale EDF EN pour un coût total compris entre 1,4 et 1,5 milliard d’euros. Le fondateur Pâris Mouratoglou s’est engagé de manière irrévocable à apporter sa participation de 25,1% à l’offre d’EDF, le reste étant aux mains du public. En cas de rachat de 95% des actions de sa filiale, EDF envisagera une sortie de la cote d’EDF EN et une fusion des deux sociétés. Cette opération va permettre à EDF de bénéficier pleinement de la création de valeur future des énergies renouvelables, a déclaré un responsable financier du groupe. Un signe indéniable, une caution forte du monde de la finance en direction des énergies renouvelables à l’heure où les projets d’EPR semblent avoir du plomb dans l’aile dans de nombreux pays du monde !
Au commencement était la SIIF (Société internationale d’investissements financiers) spécialisée dans l’éolien et le solaire créée en 1990 par Pâris Mouratoglou. EDF est entré en octobre 2000 au capital de cette société. Deux ans plus tard, le groupe a porté sa participation à 50%. La PME est devenue au fil du temps le bras armé d’EDF pour ce qui est des énergies renouvelables. Avec des résultats prodigieux sur fond de booms conjugués de l’éolien et du solaire : Bénéfice net par plus de 100 entre 2001 et 2010, effectifs d’une centaine à plus de 3.000 employés. Un essor remarquable qui a donc séduit les financiers ! Le groupe pourrait ainsi à terme profiter de la dynamique boursière d’EDF EN, qui a pris 38% en cinq ans, quand le titre de sa maison-mère perdait dans le même temps près de 40%. Deux courbes inversées qui annoncent peut-être le déclin du nucléaire face à l’inexorable poussée des renouvelables. D’influents financiers ont, semble-t-il, fait leur choix sur fond de quête de rentabilité et peut-être aussi en vertu d’une quelconque bonne conscience environnementale. On peut toujours rêver !