Attendus depuis plus d’un an, les détails de la nouvelle réglementation thermique dans le bâtiment neuf ont enfin été rendus publics ce matin par les ministres Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu. Ici comme ailleurs, la pression incessante des pires conservatismes, à commencer par celui d’EDF, pour casser l’élan du Grenelle s’est faite sentir jusqu’au dernier moment, notamment pour sauver le convecteur électrique (le fameux « grille-pain ») dont les effets dévastateurs pour l’environnement et pour le portemonnaie des ménages les plus modestes n’est plus à démontrer.
Fort heureusement, les ministres et leurs administrations respectives ont su (presque) complètement résister à cette pression et maintenir le cap. Même si l’on peut regretter la lenteur du processus de décision et de sa mise en oeuvre, on peut dire que le résultat, qui reste améliorable sur certains points, est globalement positif. Ceci est d’autant plus remarquable que, dans l’autre secteur hautement stratégique dans la lutte contre les changements climatiques, à savoir les transports, le Grenelle s’est transformé en Berezina
Assise sur une méthode nouvelle en France consistant à assigner des objectifs de performance énergétique chiffrés et mesurables, puis à vérifier par des moyens simples et incontestables que la conception et la réalisation correspondent bien à ces objectifs, la nouvelle réglementation devrait entraîner un profond changement dans les pratiques professionnelles d’un secteur qui représente plus de 40% des consommations d’énergie. elle seule, cette avancée importante mérite d’être soulignée, mais il ne faudrait pas que cette jeune pousse, certes prometteuse, cache la forêt de l’immense chantier qui reste en suspens : la réhabilitation de l’existant.
D’abord il conviendra d’attendre l’automne prochain avec notamment la publication des textes réglementaires et des outils officiels de calcul pour s’assurer qu’ils ne comportent pas de chausse-trappe pour se réjouir définitivement. Ensuite la RT2012 ne concerne que le bâtiment neuf, à peine 1% par an du parc existant. L’urgence absolue est de s’attaquer à ce « stock » de bâtiments avec la même rigueur et le même courage que ceux dont le MEEDDM vient de faire preuve, faute de quoi on passera totalement à côté des enjeux climatiques et énergétiques.
L’équation est connue, les moyens à mobiliser et les mesures à prendre également. On sait aussi les immenses bénéfices environnementaux, économiques et sociaux d’un plan de rénovation énergétique qui serait véritablement à la hauteur des enjeux et permettrait de créer des milliers d’emplois à la fois utiles et rentables. Aux industriels d’anticiper la transformation de leur outil de production en solution de qualité et aux artisans de se former durant les 4 ans restant avant la totale application de la RT2012. Reste à trouver la volonté politique de passer une deuxième fois outre les conservatismes et les intérêts trop particuliers qui s’accrochent à leurs mauvaises habitudes. Gageons que le premier pas franchi à travers la RT2012 y aidera, et que le « gang des passoires » finira par être mis au même pas que celui des grille-pain !
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