Depuis quelques mois, le Portugal est sous les feux de l’actualité solaire mondiale. Il faut dire que les enchères de centrales solaires organisées sur le territoire lusitanien pour un total de 2 GW volent de record en record en termes de tarif. Le dernier en date : 11,14 euros le mégawatt heure. Une aubaine pour le pays et les consommateurs ? Réponse à la question. Â
En un peu plus d’un an, le gouvernement a organisé deux enchères de centrales solaires qui rendront viables 2 gigawatts (GW) de nouvelle capacité renouvelable, générant des bénéfices directs pour le système électrique de 1159 millions d’euros. En sus, le secteur énergétique national gagnera également de nouveaux producteurs importants, qui introduiront plus de concurrence sur le marché.
Un nouveau record du monde du prix le plus bas
Lundi 24 et mardi 25 août derniers, une capacité totale de raccordement au réseau électrique de plus de 700 mégawatts (MW) a donc été adjugée pour de nouvelles centrales solaires, en 12 lots, pour les régions de l’Alentejo et de l’Algarve. La vente aux enchères a abouti à 13 gagnants (l’un des lots a été divisé) et 670 MW de capacité effectivement livrés, avec huit projets comprenant des batteries et cinq qui sont uniquement destinées à la production solaire photovoltaïque. Ces lots permettront aux entreprises de construire les centrales et de les exploiter sans terme, grâce au paiement de contreparties au système électrique pendant 15 ans. Un seul lot a été remporté sous forme de rémunération garantie, au prix de 11,14 euros le mégawatt. heure, nouveau record du monde du prix le plus bas de l’électricité photovoltaïque).
Une économie cumulée de 1159 millions d’euros
Le gouvernement estime que cette vente aux enchères estivale se traduira par un gain pour le système électrique de 559 millions d’euros sur 15 ans . Cette valeur ajoute la contrepartie fixe qui sera payée annuellement par chaque entreprise (en fonction de l’offre de mégawatts) et les économies calculées pour l’offre de rémunération garantie. Ces 559 millions d’euros seront des revenus du système électrique, qui seront déduits des coûts globaux respectifs, allégeant les tarifs supportés par la plupart des consommateurs. Lors de la vente aux enchères solaire précédente de 2019, qui a proposé une nouvelle capacité de près de 1300 MW, le gouvernement a annoncé des gains pour les consommateurs de 600 millions d’euros sur 15 ans. En d’autres termes, dans l’ensemble des deux enchères, les 2000 MW (2GW) de futures centrales solaires permettront une économie cumulée de 1159 millions d’euros.
Un allègement de factures de seulement 1,3%
En supposant que des économies de 1159 millions d’euros soient réalisées en 15 ans, on parle d’une contribution moyenne de 77 millions d’euros par an. Actuellement les coûts annuels du système électrique (y compris l’énergie produite, son transport et distribution et autres éléments payés par les familles et les entreprises) s’élèvent à 5,7 milliards d’euros par an. Les deux enchères solaires devraient permettre un allégement de plus de 1,3% des coûts du système par rapport aux prix actuels. L’impact direct est seulement limité à 1,3% car la nouvelle capacité solaire mise aux enchères (2 GW en deux ans) ne représentera qu’une partie de la puissance totale du système électrique national. Il est à noter que normalement le Portugal consomme de l’électricité dans une fourchette comprise entre 4 et 8 GW de puissance, et que la capacité de production totale actuellement installée s’élève à 22 GW (dont seulement 0,9 GW proviennent de centrales photovoltaïques déjà en service) . De plus, les centrales solaires n’injectent de l’électricité dans le réseau qu’une partie de la journée: leur utilisation réelle est d’environ 2000 heures par an (environ 20% du temps), ce qui signifie que la production photovoltaïque ne couvre qu’une partie de la demande d’électricité du pays. Et il est également important de se rappeler que les coûts totaux du système électrique.
La concurrence pour faire baisser les prix
Théoriquement oui. En garantissant l’entrée sur le marché national de 2 GW supplémentaires de production d’électricité, qui seront entre les mains de nouveaux acteurs, le Portugal est en mesure d’introduire plus de concurrence dans la production, ce qui favorise un contexte plus concurrentiel qui, théoriquement, contribuera à faire baisser le prix moyen de gros de l’énergie. De plus, cette nouvelle capacité (associée à d’autres centrales solaires en dehors des enchères, mais aussi aux nouveaux barrages en construction) créera un nouveau volume d’approvisionnement significatif pour satisfaire la demande sur le marché de gros. Comme il y a plus d’énergies renouvelables pour répondre à la demande, le prix de gros baissera. Parallèlement, cela obligera également les entreprises qui exploitent des centrales thermoélectriques, utilisant du gaz naturel, à concurrencer des prix plus bas afin de pouvoir répondre à la demande non satisfaite d’énergies renouvelables.
L’intérêt du stockage
Cette deuxième vente aux enchères a permis de remporter huit lots par des entreprises qui disposeront de systèmes de stockage attachés à des centrales solaires. Ces projets auront un total d’environ 100 MWh de batteries. La vente aux enchères prévoyait que toute personne concurrente dans la modalité de stockage aurait au moins 20% de capacité de batterie par rapport à la puissance de la centrale solaire respective. Cette capacité de stockage sera importante pour donner de la flexibilité au système électrique, rendre plus d’énergie disponible aux moments critiques et réduire en partie le recours à des centrales à cycle combiné utilisant du gaz naturel. Ces batteries seront encadrées par des limitations sur l’argent qu’elles peuvent gagner dans ces moments critiques. Selon le secrétaire d’État à l’Énergie, João Galamba, cette capacité de stockage ne pourra pas vendre son énergie à des prix supérieurs au coût de référence des centrales à cycle combiné, projeté dans une fourchette de 48 à 100 euros le MWh sur les 15 prochaines années. La limite supérieure de cette fourchette est bien supérieure au prix actuel du marché, mais elle a une explication. On s’attend à ce que d’ici une décennie, les usines à gaz commencent à facturer plus pour leur énergie. D’une part parce que, avec plus d’énergies renouvelables dans le système, elles seront plus longtemps hors service, puis elles essaieront de compenser en vendant de l’électricité plus chère lorsqu’elles fonctionneront; d’autre part, parce que ces producteurs devraient avoir plus de charges (avec le FAI, la taxe carbone, le CO2 et les licences de carburant).