Face à la guerre en Ukraine, se pose la question de l’autonomie énergétique de la France et de sa dépendance au gaz. . On sait pourtant déjà produire localement des alternatives au gaz à coût compétitif, sans impact sur l’environnement et de façon très simple et rapide. Quelles forces empêchent encore ces solutions de se déployer ? Analyse avec Hugues Defréville, président co-fondateur de NewHeat. Â
La chaleur renouvelable peut prendre dès aujourd’hui une part importante du nouveau mix énergétique français / européen, en remplaçant le gaz dans toutes les applications où il sert à chauffer les bâtiments et logements, ou les procédés industriels (pour sécher, cuire, transformer…). La chaleur, c’est la face méconnue de l’énergie, la partie immergée de l’iceberg. Les besoins en chaleur représentent 50% des besoins en énergie de l’humanité, et cette chaleur est produite aujourd’hui en France et en Europe à 80% par des énergies fossiles - et du gaz en majorité.
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Des solutions complètes de décarbonation
En France, une société comme NewHeat est en capacité de déployer rapidement des solutions de chaleur renouvelable. « Notre mission chez NewHeat, c’est de fournir une chaleur adaptée, décarbonée, compétitive et locale aux grands consommateurs de chaleur, que sont les sites industriels et les réseaux de chaleur urbains. Pour cela, nous proposons des solutions complètes de décarbonation qui combinent les technologies les plus vertueuses, comme le solaire thermique, la récupération de chaleur fatale et les systèmes de stockage thermique courte et longue durée » indique Hugues Defréville, président co-fondateur de NewHeat sis à Bordeaux.
Actuellement, les 6 centrales de production de chaleur renouvelable en exploitation et en construction (solaire thermique / récupération de chaleur) permettent d’éviter chaque année 35 GWh d’importation de gaz pour la France (et, accessoirement, 8000 t d’émissions de CO2). Comment est-il possible que la chaleur renouvelable, qui répond à ces deux enjeux cruciaux, reste aussi confidentielle ?
« Il est possible d’accélérer »
« A court terme, sur la base de nos projets en développement, c’est près de 200 GWh de consommation de gaz annuelle que nous pouvons éviter en France d’ici 4 à 5 ans. Et il est possible d’accélérer. A plus long terme, sur la base du potentiel que nous évaluons avec le syndicat ENERPLAN, c’est plus de 5 TWh d’importation de gaz que le secteur solaire thermique pourrait éviter chaque année à horizon 2035. Cela représenterait, en se basant sur le prix spot actuel, une amélioration de la balance commerciale française de 500 M€, et autant d’indépendance énergétique retrouvée. Et ces perspectives sont encore minimes au regard du potentiel immense de cette solution » poursuit Hugues Defréville.
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Le solaire thermique pour les industriels et réseaux urbains
Pour que ces objectifs soient atteints, deux actions simples et concrètes sont à entreprendre le plus rapidement possible. D’un côté, les grands consommateurs de chaleur, industriels et réseaux urbains qu’il faut inciter à étudier l’intérêt des solutions de chaleur renouvelable et en particulier le solaire thermique, source de production de chaleur la plus vertueuse, sans intrants ni combustion. D’un autre côté, les représentants des citoyens et contribuables, décideurs politiques et ministériels se doivent d’intensifier le mécanisme de soutien à la chaleur renouvelable en simplifiant les modalités du Fonds Chaleur ADEME et en l’augmentant à un niveau cohérent avec les ambitions par rapport à son rôle majeur dans le nouveau mix énergétique.