ALPGRIDS est un projet composé de douze partenaires issus de cinq régions alpines et coordonnés par Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement (AURA-EE). Ambition du projet : créer un environnement transnational favorable qui encourage le développement des boucles locales d’énergie. Explications !
Dans cinq pays pilotes (Autriche, France, Allemagne, Italie et Slovénie), ALPGRIDS mettra en œuvre sept projets pilotes dont la construction et l’exécution s’appuieront sur des échanges transnationaux de connaissances et d’expériences impliquant les acteurs locaux de l’énergie et les décideurs politiques en vue de contribuer à :
• La création d’un modèle pour les collectivités et les communautés énergétiques, incluant des outils d’aide au montage de projet
• L’élaboration d’un ensemble de mesures permettant la réalisation de projets à l’intention des décideurs politiques locaux, régionaux et nationaux
• Un guide de réplicabilité des projets, réalisé en collaboration avec d’autres organisations de l’Espace alpin à l’extérieur du consortium et impliquées dans le groupe de travail sur l’énergie de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA). ALPGRIDS est cofinancé par le Fonds européen de développement régional via le programme Interreg Espace alpin.
Les boucles locales énergétiques
Par boucle locale énergétique, on entend un système énergétique de petite échelle qui regroupe des productions énergétiques distribuées, des charges de consommation et potentiellement des solutions de pilotage et/ou de stockage dans une zone géographique définie. Les boucles locales sont de plus en plus plébiscitées par les communautés locales, les entreprises, les universités, les hôpitaux, etc. qui aspirent à une énergie fiable et rentable. Les principaux avantages des boucles locales énergétiques sont doubles :
• Accroissement de l’autonomie énergétique : en permettant des transactions énergétiques au niveau local, les consommateurs peuvent acheter de l’électricité aux producteurs locaux d’énergies renouvelables, directement ou indirectement, à un prix acceptable ;
• Amélioration de la résilience des réseaux d’énergie en cas d’urgence et de pannes de courant et dans ce cas, la boucle locale peut fonctionner de manière autonome. Elles peuvent également présenter d’autres avantages, dont :
• Réduction des pertes d’énergie et des coûts des infrastructures
• Introduction de nouveaux services sur le réseau.
Les régions pilotes
Plusieurs configurations pilotes contribueront à alimenter les actions d’ALPGRIDS, dont la construction d’un modèle alpin. Ce modèle fournira des orientations et des outils concrets aux groupes cibles afin de faciliter le développement et la mise en œuvre de nouveaux projets qui répondent aux objectifs territoriaux locaux. Il couvrira des thématiques comme la gouvernance, la réglementation, le financement, les solutions techniques disponibles et les acteurs du marché.
Les pilotes ALPGRIDS répondront au moins à l’un des objectifs locaux suivants:
• OBJECTIF 1 : Permettre aux consommateurs locaux d’acheter leur énergie aux   producteurs locaux d’énergies renouvelables (directement ou indirectement) à un prix acceptable.
• OBJECTIF 2 : Améliorer la résilience du réseau électrique en cas de situations d’urgence (coupures, pannes, etc.)
Ville de Savone (Italie) : micro-réseau
Le projet pilote, conduit par IRE et soutenu par l’UNIGE, se concentre sur le développement d’une étude de faisabilité pour un micro-réseau situé dans un quartier de la ville de Savone, dans le nord-ouest de l’Italie. L’idée est d’étendre l’architecture des micro-réseaux implantés sur le campus universitaire de Savone (université de Gênes) à un quartier de la ville, le troisième objectif étant d’éprouver l’application de systèmes électriques durables dans le cadre d’une communauté énergétique locale en réduisant les factures d’énergie des utilisateurs et en renforçant la résilience locale aux coupures d’électricité. La zone se compose aujourd’hui d’un terrain de football et d’un petit parc publics ainsi que d’une piscine, le projet prévoyant également la construction de 3 bâtiments pour accueillir des entreprises privées et des logements sociaux. Ce projet de micro-réseau envisage plusieurs sources d’énergie :
• de l’électricité, produite localement par des centrales photovoltaïques ;
• de l’énergie thermique, fournie par des pompes à chaleur traditionnelles, des pompes à chaleur géothermiques, des capteurs solaires et des chaudières électriques ;
• de l’énergie de refroidissement, produite par des pompes à chaleur traditionnelles et géothermiques.
Le projet prévoit également de recourir à des accumulateurs électriques et des systèmes de stockage thermique pour maximiser l’utilisation des énergies renouvelables. Deux niveaux de contrôle seront exercés :
• au premier niveau, la mise en place d’un système de gestion de l’énergie (SGE) permettra d’assurer un contrôle optimal du micro-réseau grâce à une approche centralisée ;
• au second niveau, des systèmes de gestion énergétique des bâtiments (SGEB) seront mis en place et garantiront le contrôle optimal de chaque bâtiment. Une communication bidirectionnelle sera établie entre le SGE et chaque SGEB. Illustration du schéma de raccordement du site pilote de Savone
Campus et municipalité de Thannhausen (district de Weiz, Autriche) : stockage et autoconsommation
L’objectif des pilotes WEIZ est de permettre l’échange d’électricité dans un quartier regroupant différents consommateurs. Le premier pilote, le campus WEIZ, est ainsi axé sur la mise en œuvre d’un système intelligent de gestion de l’énergie permettant un raccordement direct entre WEIZ I et WEIZ II et la mise en place d’un stockage d’énergie d’une capacité d’environ 200 kWh. L’électricité produite par le système PV installé sur W.E.I.Z II sert principalement à son alimentation générale. L’excédent d’électricité peut ensuite être utilisé pour charger la batterie de stockage du bâtiment ou, dès que la batterie est chargée à sa pleine capacité, être transféré via un raccordement électrique direct au bâtiment W.E.I.Z I voisin.
Le deuxième pilote porte sur le raccordement direct de l’installation photovoltaïque de la municipalité de Thannhausen à son quartier. Le projet résultera en un démonstrateur fonctionnel permettant une utilisation partagée, au moyen de raccordements point à point, de l’électricité PV produite, des modèles de simulation pour dimensionner les composants du système, un système de mesure et de contrôle validé, des modèles commerciaux et des systèmes de compensation qui tiennent compte des besoins des utilisateurs et des fournisseurs, et des informations sur la faisabilité économique de l’approche, des informations sur la reproductibilité de l’approche et, enfin, un appel d’offres portant sur des services technologiques permettant une utilisation partagée, au moyen de raccordements point à point, de l’électricité PV produite localement.
Val de Quint (France)Â : autoconsommation collective
Le Val de Quint est un territoire rural d’environ 760 habitants. Cette zone, globalement résidentielle, accueille également des activités agricoles et touristiques et quelques très petites entreprises. Saint-Julien-en-Quint, l’un des 6 villages du Val de Quint, est déjà engagé dans des activités de boucles locales énergétiques avec la mise en place d’un système d’autoconsommation collective d’électricité photovoltaïque. Grâce aux données qu’il permettra d’acquérir et à ses installations d’énergie existantes, ce village constituera un premier site pilote. Les parties prenantes locales souhaitant étendre ces activités à l’ensemble de la région du Val de Quint, Saint-Julienen-Quint constituera alors un site pilote étendu qui, en s’appuyant sur des données simulées, permettra d’envisager différentes configurations d’autoconsommation collective incluant des solutions de stockage d’énergie et de cogénération de chaleur et d’électricité. Sur les deux sites, les études porteront principalement sur les enjeux économiques liés à la flexibilité offerte en matière de consommation d’énergie.
Sur le site de Saint-Julien-en-Quint, la CNR a échangé activement avec les porteurs locaux du projet d’autoconsommation collective du Val de Quint, et notamment avec ACOPREV, qui constitue la Personne Morale Organisatrice (PMO). Les échanges sur les ambitions du projet porté par ACOPREV, sur les questions techniques et économiques encore ouvertes mais aussi sur les freins rencontrés dans sa mise en œuvre ont permis de définir conjointement les actions et études qui seront menées sur les sites pilotes du Val de Quint. Pour validation des objectifs locaux, le projet ALPGRIDS ainsi que les actions prévues sur les sites pilotes de Saint-Julienen-Quint et du Val de Quint ont été présentés au comité de gestion d’ACOPREV, afin que les enjeux du projet ALPGRIDS soient effectivement partagés avec l’ensemble des habitants acteurs du projet d’autoconsommation collective. A la maille du département de la Drôme, AURA-EE travaille avec le soutien du syndicat d’énergie Territoire Energie Drôme à la mise en place d’une dynamique plus large sur l’autoconsommation collective. Six sites pilotes ont été sélectionnés suite à un appel à manifestation d’intérêt qui a reçu une vingtaine de réponses. Les sites non retenus ont été invités à suivre les activités du projet dans tous les cas pour pouvoir bénéficier des résultats plus rapidement.
Sur les sites pilotes, l’objectif est de travailler sur une configuration optimisée pour l’autoconsommation collective : bâtiments ayant des consommations diurnes et estivales, présence de compteurs communicants, réalisation d’une installation de production photovoltaïque planifiée à court terme, etc. afin de faire émerger le modèle économique le plus robuste possible. Le projet ALPGRIDS a été présenté plus en détail aux six communes (Die, Eurre, La Chapelle-enVercors, La Roche-de-Glun, Montélier, Saint-Marcel-les-Valence) le 1er juillet afin que la collecte de données (courbes de charge des bâtiments consommateurs) soit opérationnelle le plus rapidement possible
www.alpine-space.eu/projects/alpgrids