Actualité/ Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances annonce qu’il s’accapare le périmètre de l’Énergie

Curiosité à l’heure de l’annonce de la composition du nouveau gouvernement. Alors que la transition énergétique occupe tous les esprits sur fond de réchauffement climatique dramatique, point de ministre de l’énergie autour de Gabriel Attal. Et c’est Bruno Le Maire, reconduit aux Finances, qui annonce en personne que l’énergie devenait sa chasse gardée. Vous avez dit pas touche pas à mon nucléaire !

Deuxième rang dans l’ordre protocolaire du gouvernement, toujours chargé de la souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire devrait également absorber le maroquin de l’énergie occupé précédemment Agnès Pannier-Runacher. De quoi renforcer encore le périmètre d’action du locataire de Bercy qui a signé un bail de long terme avec Emmanuel Macron, au fil des gouvernements qui se succèdent… Les décrets d’attribution dans les prochains jours devraient confirmer ce périmètre élargi, de sources ministérielles. L’énergie fait donc son retour au bercail, quittant le giron de l’écologie pour revenir à l’économie. Dans un Tweet, Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans le droit à l’environnement évoque ainsi « un changement de politique majeur avec un retour à la situation antérieure au Grenelle de 2007, un changement qu’annonçait le projet de loi souveraineté énergétique ».
Mais quelle est la position de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’agriculture dans le gouvernement Fillon, sous la présidence Sarkozy, sur la politique énergétique de la France ? Analepse. Retour en juin dernier, il y a six mois à peine en clôture du colloque annuel de l’Union française de l’électricité. Bruno Le Maire fait un plaidoyer pro atome en présence de Stefan Wenzel, le secrétaire d’Etat allemand à l’Economie et au Climat : « Le nucléaire est une ligne rouge absolue pour la France et la France ne renoncera à aucun de ces avantages compétitifs liés à l’énergie nucléaire … Le nucléaire français n’est pas négociable et ne sera jamais négociable. Il faudra faire avec et nous sommes convaincus qu’il est non seulement dans l’intérêt de la France, mais également dans l’intérêt du continent européen », a-t-il souligné. « Le nucléaire est un avantage économique, c’est aussi une part de notre identité industrielle. C’est ce que nous sommes comme nation, c’est ce que nous sommes comme économie et ce que ce que nous sommes, comme peuple innovant et créatif », a-t-il ajouté. Un panégyrique appuyé !
En 2021 déjà, il avait plaidé pour l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte européenne. De quoi faire ruer dans les brancards les tenants des « vraies » renouvelables ! Sur la réindustrialisation du pays, là encore, Bruno Le Maire est sans ambigüité. Pour le ministre de l’Economie, la réindustrialisation de la France passe nécessairement par un déploiement massif de l’atome civil. La nomination de Bruno Le Maire au portefeuille de l’énergie n’est pas le meilleur signal pour les filières renouvelables, qui plus est à l’heure de la présentation de l’avant-projet de loi sur l’énergie au sein duquel le gouvernement évoque la suppression des objectifs chiffrés de développement des énergies renouvelables électriques qui existaient jusqu’ici dans le code de l’énergie. Avec la nomination de Bruno Le Maire à l’Energie, le discours de Belfort du président Macron « il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France » vient de plonger aux oubliettes des promesses non tenues celui du candidat Macron de Marseille «mon second mandat sera écologique ou ne sera pas».

 

Cet article est publié dans Actualités. Ajouter aux favoris.

Les commentaires sont fermés