Sur une idée proposée par la coopérative CéléWatt, la société Mécojit a développé le procédé MécoWood et construit à Carayac (Lot) le premier parc photovoltaïque français su support bois brut. Vous avez dit photovoltaïque nature !
Coupés début septembre dans la forêt de Cabrerets (Lot), de petits chênes du causse ont fait à peine 30 km pour rejoindre Carayac et y remplir leur nouvelle fonction : porter les 746 panneaux de 335 watt-crête du nouveau parc photovoltaïque imaginé par CéléWatt et concrétisé par les ingénieurs de Mécojit, à Capdenac-Gare.
Procédé MécoWood, un nouvel usage pour les chênes du causse
Si l’idée est simple, sa réalisation a nécessité de nombreuses heures de mise au point et d’essai. Pour maximiser les caractéristiques mécaniques du bois brut, les chênes ont été coupés hors saison de montée de sève et, pour éviter toute discontinuité dans les fibres, n’ont pas été sciés dans leur diamètre. Atout supplémentaire de durabilité : comme ils ont poussé très lentement sur le sol pauvre du causse lotois, leur cœur, le duramen, est très dense. Dans le même esprit, les liaisons par boulonnage et les perçages seront réalisées directement sur le terrain. Elles permettront de s’adapter à son relief. Pour Olivier Saintignan et Yanis Desangles, les concepteurs de ce procédé Mécowood, « les assemblages sont ainsi conçus que les approximations générées par un travail de terrain renforcent les pré-contraintes et améliorent la solidité de la structure ».
Beaucoup moins de CO2 émis et pas d’impact pour la forêt
Remplacer les supports en acier galvanisé par du bois brut, c’est économiser toute l’énergie nécessaire à l’extraction du minerai, son transport sur des milliers de kilomètres, sa transformation et son façonnage. Qui plus est, les arbres prélevés étant de petite section, ils ont été débardés à l’épaule par une entreprise locale, Le Petit Chêne Noir. Avec ces supports bois coupés localement, plutôt que leurs équivalents métalliques livrés depuis le Portugal, l’énergie grise est proche de zéro, à l’exception du tronçonnage et du transport local. Les quelques centaines de chênes destinés au parc de Carayac ont été prélevés sur une parcelle d’environ 100 000 arbres qui sera ensuite laissée au repos. Quelques mois plus tard, les jeunes pousses, en attente de développement depuis plusieurs années , auront pris la place dans la course à la lumière. L’impact du prélèvement aura disparu !
Supports bois, un pari raisonné
La structure est conçue en « bois de brin ». Le bois n’est pas scié, l’intégralité des fibres de la grume restent intègres dans leur longueur. A section égale, un bois de brin est plus résistant qu’un bois de sciage. De plus, les pièces sélectionnées n’ont pas de nœud. Ces 2 points garantissent une bonne homogénéité des caractéristiques mécaniques tout du long de la pièce de bois. Tout comme une charpente, la structure conservera ses propriétés mécaniques au cours du temps (la charpente de Notre Dame avait 800 ans !)… à condition qu’elle soit préservée de la pourriture. La structure a été conçue pour qu’elle soit le plus possible à l’abri de l’attaque des champignons. Elle n’est pas complètement hors-d’eau. Néanmoins il n’y a aucun piège à eau, qui favoriserait la colonisation par les champignons, et aucune partie bois n’est en contact direct avec le sol. Le bas de l’arbalétrier est la partie la plus exposée. Il sera l’objet d’un contrôle périodique afin de vérifier son niveau de dégradation. Il a été envisagé des solutions simples et sobres de maintenance corrective si jamais l’évolution d’une ou plusieurs pièce était jugée mauvaise. Les pieux en chêne utilisés le sont également pour la culture des moules de bouchot sur la cote atlantique. Ces pieux résistent dans une eau salée, avec des cycles de marées montantes et descendantes (ce qui est le plus impactant pour le bois). Ils servent 10 ans, leur base finissant par pourrir dans la vase, alors que le reste du bois reste intègre. Cela donne un bel aperçu des propriétés du chêne des causses du Quercy. La stabilité des tables de panneaux sera contrôlée tous les 3 ans avec contrôle visuel de la tenue du bois : une révision générale sera opérée lors de la maintenance décennale. Pour une centrale photovoltaïque à l’approche nature !