À la suite des conseils des ministres européens de l’énergie et de l’environnement les lundi 27 et mardi 28 juin, la Présidence française du Conseil de l’Union européenne accouche d’un accord difficile des 27 États membres sur les grandes réformes du paquet climat. Si la France a décroché des avancées importantes pour la transition écologique en Europe, elle a également cédé à la logique du plus petit dénominateur commun conduisant à certains reculs.Décryptage !
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« L’Europe du climat progresse sous Présidence française, mais pas encore suffisamment vite pour faire face à l’urgence climatique et au choc énergétique qui touchent de plein fouet les Européens. La France a réussi à sauver l’accompagnement des plus modestes par le Fonds social pour le climat, mesure essentielle de justice sociale, mais les cadeaux concédés aux grands pollueurs laissent craindre une transition écologique à plusieurs vitesses où seuls les ménages seront mis à contribution. » déclare Neil Makaroff, Responsable Europe au Réseau Action Climat.
Les négociations entre le Conseil et le Parlement européen devront permettre de valider les avancées, et de revenir sur les reculs engendrés par le manque d’ambition des États, plus prompts à défendre leurs intérêts nationaux que d’accélérer la transition écologique en Europe. La France devra aider la Tchéquie, qui prend la suite de la Présidence du Conseil de l’Union européenne, dans cette mission et s’assurer que l’objectif de baisse d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre soit réellement atteint.
Les avancées obtenues au Conseil
Après le Parlement, le Conseil adopte à son tour la fin de vente des voitures essence, diesel et hybrides neuves en 2035, malgré l’opposition de la France, de l’Italie et des divisions internes dans la coalition allemande. C’est une décision historique qui permettra de faire bifurquer l’industrie automobile et de protéger l’emploi. Au lieu de freiner, la France devrait en tirer parti et prendre ce virage.
Le fonds social pour le climat, censé accompagner les ménages les plus modestes dans la transition écologique, a été sauvé par la Présidence française, malgré l’opposition virulente de Berlin. Le Parlement européen devra se battre pour en augmenter largement l’enveloppe fortement réduite par le Conseil.
Les reculs pour le climat
La France qui avait fait de la taxe carbone aux frontières un totem politique de sa Présidence a subi une déconvenue majeure : si son principe est validé, sa mise en œuvre effective devra attendre 2036 et la fin des permis à polluer gratuits alloués aux industriels. Une très mauvaise nouvelle pour le climat et la transition dans l’industrie, secteur qui n’a pas vu ses émissions de gaz à effet de serre baisser depuis 2012.
Frilosité sur l’indépendance énergétique européenne
Face à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique, la Commission européenne a insisté sur l’urgence de relever l’objectif de développement des énergies renouvelables à 45 % (au lieu de 40%) et celui de baisse de la consommation d’énergie à 13 % (au lieu de 9%) en 2030. Malheureusement cet appel n’a pas été entendu par beaucoup d’États, dont la France qui n’a pas souhaité ouvrir le débat entre les 27 et s’est contentée de valider les objectifs initialement fixés. Une occasion manquée de traduire dans le dur le plan de sortie des énergies fossiles russes, l’Europe est malheureusement encore loin de l’indépendance énergétique.