Dans le cadre de la COP 21, l’Académie des technologies s’est mobilisée sur l’apport des technologies à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique. Le fruit de cette réflexion a donné lieu à un avis voté en séance le 4 novembre. Cet avis reprend les grandes lignes d’un document détaillé qui sera enrichi au cours de l’année 2016, dans le cadre de la présidence française de la COP.
La teneur des gaz à effets de serre dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter ; les effets du changement climatique commencent déjà à se manifester et seront de plus en plus nombreux et visibles dans les décennies à venir. L’Académie des Technologies admet l’origine anthropique de cette croissance et de ses effets à toutes les échelles, locales, régionales, nationales, continentales, maritimes, océaniques et planétaire. Les réflexions et recommandations de l’Académie intègrent les objectifs de l’Europe en vue de la COP 21, à savoir une réduction de 40% des émissions en 2030 par rapport à 1990.
La technologie est appelée à jouer un rôle important. Des technologies permettant l’atténuation et l’adaptation au changement climatique existent souvent : il s’agit de les mettre en Å“uvre en sachant qu’elles ne cesseront de progresser. Ces solutions passeront aussi par une combinaison de technologies multiples qu’il faudra optimiser avec intelligence et persévérance. C’est le cas, par exemple, des technologies pour l’utilisation optimale des systèmes de transport, en particulier avec les technologies de l’information et de la communication et Internet.
Pour l’énergie, enjeu majeur, la maitrise de la consommation constitue la première priorité. Les technologies existent pour le bâti. Pour les transports, les économies viendront davantage d’une meilleure efficacité des différents systèmes, plus que de chaque véhicule qui doit transporter, hors systèmes ferroviaires guidés ,sous une forme ou une autre l’énergie indispensable pour le faire avancer, même s’il faut continuer à améliorer la performance des véhicules,. Certes des solutions électriques ou hybrides arrivent sur le marché ; il faut encourager leur diffusion et leurs progrès, tout en sachant qu’une nouvelle infrastructure technique sera à mettre en place. L’évolution des comportements des citoyens reste et restera un enjeu majeur.
Concernant les incitations économiques, le marché du carbone constitue un outil qu’il convient de soutenir mais son prix actuel est bien trop faible pour être efficace. Les mécanismes de régulation à mettre en place sont essentiels car il importe de diminuer l’exploitation des énergies fossiles qui resteront abondantes pendant des décennies, ou encore des siècles pour le charbon. Dans le champ de l’économie, l’Académie recommande de faire davantage de travaux de recherche sur la part des externalités pour optimiser les choix; se limiter aux seuls coûts instantanés conduit en général à de graves erreurs d’appréciation. L’Académie propose des pistes à explorer en collaboration avec d’autres organisations. Plus généralement, pour chaque mesure, il est indispensable de raisonner en bilans généralisés, de coûts et d’avantages, sur les différentes échelles tant de temps que géographiques.
Au niveau mondial, l’électricité représente encore un vecteur d’énergie minoritaire ; elle est souvent produite avec des énergies fossiles, du nucléaire et de plus en plus avec des énergies renouvelables. Son usage va se développer et sa production doit devenir de plus en plus décarbonée. L’Académie recommande, pour notre pays, un mix entre les renouvelables et le nucléaire, sachant que les premières sont intermittentes et que le stockage de l’électricité reste un sujet où l’innovation est nécessaire avec des solutions très partielles et variées, dont beaucoup se situeront au niveau local.
Il serait bien entendu absurde de ne prévoir le futur qu’avec les technologies existantes. Sans aucun doute, elles vont se perfectionner et de nouvelles combinatoires vont émerger ; des ruptures technologiques sont indispensables dans de nombreux domaines, comme, par exemple, le stockage de l’électricité ou encore dans l’agriculture ou la gestion de l’eau et des sols associés qui devront s’adapter au changement climatique. Lors de la COP 21, les Etats devraient donc s’engager à mettre davantage de moyens pour la R&D, l’innovation et les expérimentations. Il leur revient également de favoriser des outils « bottom-up » ouverts, aussi légers et simples que possible pour faciliter les collaborations entre les acteurs et les pays.
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