Edition 2023 de l’Observatoire Climat-Energie : où en est la France dans ses objectifs climatiques et énergétiques ?

Alors que l’Europe s’est fixé l’objectif d’accélérer sa transition écologique et la baisse de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 suite à une crise énergétique inédite, la France doit à son tour revoir ses objectifs sur l’énergie et le climat dans le cadre de sa planification écologique, qui devait être présentée par l’exécutif mais a été reportée plusieurs fois sans nouvelle date fixée. Dans ce cadre, s’appuyer sur un état des lieux partagé est indispensable pour pouvoir avoir un débat éclairé sur les trajectoires à venir.

 

L’Observatoire Climat-Energie permet ainsi de savoir où en est la France dans l’atteinte de ses objectifs sur le climat et l’énergie, d’évaluer les tendances et d’identifier les secteurs où des actions supplémentaires doivent être mises en œuvre pour que la France se mette sur la bonne trajectoire. Il s’appuie sur les indicateurs définis dans la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et les sources officielles du Service de la Donnée et des Études Statistiques (SDES) du Ministère de la Transition énergétique ainsi que du CITEPA et de RTE (Réseau de Transport d’Electricité). Cet observatoire est réalisé par le Réseau Action Climat et co-porté par l’ADEME, le CLER-Réseau pour la transition énergétique, Entreprises pour l’Environnement et l’IDDRI.

 

2022 : une année en trompe l’œil

 

Si la France respecte son objectif global en émissions brutes (la somme de toutes les émissions des différents secteurs émetteurs, sans l’absorption par les forêts et sols), avec une marge de 4,2 MtCO2e, en termes d’émissions nettes elle le dépasse de près de 20 MtCO2e. Pourquoi ? parce que l’absorption par les puits carbone a été très inférieure aux niveaux attendus : fixée à 41 MtCO2e dans la SNBC, cette séquestration n’a été que de 16,9 MtCO2e en réalité. La baisse des puits carbone ces dernières années est liée aux sécheresses (renforcées par le changement climatique), aux incendies et aux maladies et parasites dans les forêts, mais aussi aux politiques agricoles engendrant retournement de prairie et arrachage de haies. Au global, le secteur des transports reste le secteur le plus émetteur, avec 32,3 % des émissions nationales, suivi par les secteurs de l’agriculture (19 %) et de l’industrie (18,1%).

 

Renforcer les transformations structurelles dans tous les secteurs

 

Pour les secteurs émetteurs, l’industrie et le bâtiment ont respecté leurs budgets carbone, en partie grâce à des facteurs conjoncturels comme des prix de l’énergie élevés et un hiver doux, et en partie par des actions de sobriété et d’efficacité. En revanche, la reprise du trafic routier et aérien en 2022 a engendré une hausse des émissions du secteur des transports qui dépasse son budget carbone. Enfin, l’absence de volonté politique pour le secteur agricole pourrait l’empêcher de respecter son budget carbone en 2022 (à confirmer avec les chiffres définitifs pour ce secteur). Il est donc nécessaire de renforcer les transformations structurelles dans tous les secteurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’autant que les objectifs européens visent maintenant une réduction de 55 % des émissions nettes d’ici à 2030 (par rapport aux – 40 % sur les émissions brutes prévus actuellement en France).

 

Une sortie des énergies fossiles difficile et un retard marqué sur les énergies renouvelables 

 

Après une année marquée par une crise énergétique et un plan sobriété, la France a quasiment respecté sa trajectoire de baisse de consommation d’énergie, mais a consommé davantage d’énergies fossiles que prévu (en particulier du gaz fossile et du charbon).  La France reste également en retard sur le développement des énergies renouvelables avec une part de 20,7 % dans la consommation brute finale d’énergie au lieu des 24,3 % prévus dans la trajectoire de la PPE. L’accélération attendue n’est pour l’instant pas au rendez-vous. Le système énergétique français reste donc fragile et notre dépendance aux énergies fossiles est encore forte. La planification écologique devra donner les moyens d’atteindre une politique ambitieuse de transition énergétique.

www.observatoire-climat-energie.fr/

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