« 7e édition de l'Observatoire de l'énergie solaire photovoltaïque » : La logique aveugle des baisses de tarifs

Le deuxième trimestre 2013 a confirmé la tendance lourde d’une activité photovoltaïque au ralenti et au plus bas. Seulement 113 MW ont été raccordés au réseau ce trimestre, et ce malgré le raccordement des premières centrales au sol déposées après le moratoire bénéficiant des tarifs T5. Sur les douze derniers mois, seulement 413 MW ont été raccordés par ERDF. C’est le chiffre le plus bas historique sur douze mois depuis 2009.

Les Appels d’offres lancés après le moratoire de décembre 2010, n’ont toujours pas d’effet sur l’activité 30 mois après. Cela pose des questions légitimes sur la lenteur du processus. En toute logique, les premiers raccordements des centrales lauréates des Appels d’Offres devraient apparaître progressivement dans les trimestres à venir. Rappelons que 570MW ont été octroyés dans ces appels d’offres (CRE 1 et Appels d’Offre 100-250 kWc).

Une dichotomie existe entre la puissance installée d’installations comprises entre 9 kW et 100 kW avec la demande de raccordement (120 MW) déposées chez ERDF au 1er trimestre 2013 car une majorité des projets déposés ne verront jamais le jour. ERDF a ainsi procédé à l’effacement de près de 50% des dossiers déposés depuis la fin du moratoire du fait des promoteurs qui, in fine, décident d’abandonner leurs dossiers pour raisons économiques. Or, le système d’ajustement des tarifs est fondé sur les demandes de raccordement et pas sur ce qui est réellement raccordé et les abandons de projets ne sont ainsi pas pris en compte. Cette logique aveugle et économiquement injuste a abouti à une baisse des tarifs à 14,45 c€/kWh sur le troisième trimestre 2013, si il était confirmé par un arrêté ministériel. La question de sa pertinence économique se pose encore. La baisse des tarifs a été trop rapide sur les deux dernières années et ne reflètent plus les gains de compétitivité pourtant considérable du photovoltaïque, liés à la baisse des coûts d’investissement.

L’argument du dynamisme des demandes de raccordement ne reflète nullement la réalité des dossiers qui verront le jour et il ne serait pas étonnant qu’à ce tarif le % d’effacement déjà très élevé augmente sensiblement. De même nous pouvons constater que la demande de raccordement pour les centrales au sol au tarif de 7,76c/kWh (Tarif T5) est nulle depuis la baisse brutale du tarif décidée à la fin de l’année dernière. Ce tarif est manifestement trop bas par rapport à la réalité économique. Etait-ce le but recherché ?

Le tableau suivant montre le chemin parcouru par le photovoltaïque en 2,5 ans (décembre 2010 à janvier 2013) à travers l’évolution des tarifs d’achat :
- Tarifs Nov 2010 Juillet 2013 %
- Résidentiel 58 c€/kWh 26,69 c€/kWh -54%
- Moyenne toiture 37 c€/kWh 14,45 c€/kWh -61%
- Sol 27,6 c€/kWh 7,76 c€/kWh -72%

La CSPE prend en charge le différentiel de coût entre le tarif accordé et le prix de gros de l’électricité qui se situe entre 5 et 6 c€/kWh. Le coût du photovoltaïque dans la CSPE a considérablement chuté pour les nouvelles centrales. Ainsi, les centrales dont la demande de raccordement a été déposée au 2ème trimestre 2013 coûteront 3 fois moins chers à la CSPE que les mêmes 2 ans plus tôt. Notons que les estimations de la CRE pour 2013 du coût du photovoltaïque concernent essentiellement des centrales bénéficiant de tarifs pré moratoire (Déc 2010). Ce coût évoluera beaucoup plus lentement.

Lancé début février 2012 au cÅ“ur du débat présidentiel sur la future politique énergétique, l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque vise à donner une photographie trimestrielle du parc solaire photovoltaïque installé en France, en capacité et production par segment de marché, en éclairant les développements au regard des situations en Allemagne et en Italie, et en organisant la transparence sur l’évolution du coût du financement public.
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