Mardi 15 février 2011, première journée du salon des Energies Renouvelables de Lyon. Dans les allées, l’ambiance est à la circonspection pour les acteurs de la filière photovoltaïque. Il faut dire qu’il n’est pas aisé pour ces professionnels de promouvoir et de vendre des produits qui n’ont pour l’heure aucun cadre réglementaire à leur application. Une équation à multiples inconnues impossible à résoudre. Difficile de passer des commandes dans ces conditions. Le salon vit donc dans l’expectative du projet d’arrêté qui devrait être dévoilé par le ministère dans les jours qui viennent.
Si quelques gros acteurs ont décliné leur présence comme le leader mondial chinois Suntech, la majorité des grandes entreprises du secteur sont bien présentes. « Dans ce contexte lourd, je suis même positivement étonné de la fréquentation. Nous rencontrons une clientèle d’initiés, très qualitative mais néanmoins dubitative » reconnaît Daniel Cintolesi, directeur général de Q-Cells France. Olivier Galaud, de la société 3iPlus, spécialiste de l’intégration simplifiée, est encore plus optimiste. Pour lui, le salon s’annonce bien. « Nous avons déjà signé quelques MW lors du premier jour. Il est vrai que nous sommes décalés par rapport au marché. Nous récupérons des contrats en cours. Pour nous, l’effet moratoire se fera plus sentir dans le courant de l’année 2012 » estime le jeune chef d’entreprise qui a vendu plus de 250 000 m² de son système d’intégration simplifié en 2010 soit l’équivalent de 35 MW. Objectif 2011 : 50 MW et même certainement davantage après les contrats passés au salon.
En fait, pour Germain Gouranton président de TCE Solar les entreprises solides du secteur, celles qui présentent de bons bilans, disposent, à aujourd’hui, d’une visibilité jusqu’au mois de septembre prochain. De quoi purger l’existant et les chantiers en cours. Après, c’est le grand vide. Tout dépendra des propositions issues de la sortie du moratoire. Les professionnels qui ont les moyens et le temps de faire le dos rond, souvent d’ailleurs de grosses structures bien capitalisées ou des filiales françaises de groupes internationaux, ont quelques mois devant eux. Pour les sociétés plus fragiles ou plus récentes, notamment certaines petites PME spécialisées dans l’installation, la situation est devenue délicate. Un grossiste distributeur de solutions photovoltaïques ne cache d’ailleurs pas que son réseau d’installateurs est en souffrance. « Les impayés se multiplient. Leurs carnets de commandes sont vides. Certains ont même déjà déposés le bilan » déplore ce distributeur. Jusqu’à l’exaspération. Certaines informations laissent même filtrer que quelques actions symboliques fortes pourraient être menées pendant ce salon comme un exutoire au malaise ambiant.