La rencontre au printemps 2012 entre les sociétés Belectric France et Firmus France, toutes deux basées en Région Languedoc Roussillon, a donné naissance à un projet pilote de couplage entre le traitement de l’eau par technique membranaire et les énergies renouvelables, solaire et éolien réunis avec du stockage à la clé. Ce procédé de démonstration a retenu l’intérêt du professeur Louis Cot, responsable de la Chaire UNESCO-SIMEV. Ce prototype rejoindra fin 2013 l’université de Kénitra au Maroc avec l’objectif d’alimenter le site et les populations locales en eau potable. Récit d’une belle aventure !
En bordure de l’autoroute A9, à Vendres, non loin de Béziers, deux installations photovoltaïques au sol (23,22 kWc en tout) sont coiffées d’une petite éolienne à axe vertical de 2,2 kW. Sous l’un des auvents protecteurs photovoltaïques, un container accueille des onduleurs et un système pilote de SMA, un lot conséquent de batteries Gel Plomb (800 A/h, capacité de stockage : 48 kWh) ainsi qu’une machine de traitement de l’eau par technique membranaire (nanofiltration) d’une capacité de 500 litres/heure soit environ 12 m par jour. Ce procédé permet de produire une eau exempte de virus et de bactéries et sans teneur en sels minéraux supérieure aux normes (nitrates notamment). En aval de la machine se trouve le nouveau système AOP Impulse Water développé par Belectric qui permet de désinfecter l’eau produite par un procédé innovant d’électrolyse. Cet ensemble high tech un peu hétéroclite est actuellement en phase de test avant d’être expédié au Maroc pour alimenter en eau potable l’université de Kénitra et les populations locales. Il est d’ailleurs possible d’aller visiter ce prototype révolutionnaire dans l’Hérault jusqu’au mois d’octobre pour se rendre compte et toucher du doigt ces spécificités techniques et ce savoir-faire.
Des couches minces plus adaptées aux rigueurs du désert
Comment cette idée a-t-elle germée ? Elle est issue de la rencontre entre les sociétés Belectric et Firmus, respectivement spécialisées dans la production et le stockage d’énergie photovoltaïque et le traitement d’eau par techniques membranaires. Un intérêt partagé ! Ces deux boîtes ont décidé d’associer leurs compétences, sous l’impulsion de Pierre Magnes, patron de Firmus. L’alchimie de technologie mise en place est particulièrement propice à une utilisation, en site isolé, loin de tout réseau sur des sites qui ont des besoins d’eau et d’énergie. Le continent africain en point de mire ! Les entreprises ont investi en fonds propres 97 000 euros. Preuve qu’elles croient dans le potentiel de l’outil. « Le procédé dispose d’un double intérêt. Il permet de filtrer l’eau en direct et ainsi éviter les contaminations mais aussi et surtout il peut, grâce au stockage et aux énergies renouvelables, fonctionner 24h/24h » indique Pierre Magnes, le papa du projet. Chez Belectric, le projet a de suite retenu l’attention. Les équipes de Recherche et Développement se sont mises en quête du meilleur compromis fiabilité performance. C’est ainsi que Belectric a opté pour des panneaux photovoltaïques japonais en couches minces CIGS Solar Frontier. « Les couches minces nous sont apparues comme le choix optimum au vu de l’encrassement des modules par le sable et des températures élevées. Les simulations que nous avons réalisées nous l’ont confirmé. C’est un produit qui doit fonctionner car il est au service d’une cause vitale : L’alimentation en eau potable » confie Christophe Lacouche, directeur de projet chez Belectric. En cas de panne de soleil, pas de panique. La production d’électricité photovoltaïque n’étant pas la seule alternative pour l’alimentation du procédé en site isolé il a été décidé d’adjoindre une production d’électricité éolienne. Pour cela il a été fait appel à la société Comodos basée à Monaco qui développe des éoliennes à axe vertical. Le principe repose donc sur un véritable « Mix » énergétique.
Une installation PV surdimensionnée pour traiter l’eau et fournir l’électricité
Connaissant la mission de la Chaire UNESCO SIMEV dont elles sont proches du siège (Montpellier), les sociétés Firmus France et Belectric ont décidé de présenter ce projet à son Responsable, le Professeur Louis COT, pour mettre en Å“uvre ce procédé de couplage et son suivi au travers de cette Chaire. La Chaire UNESCO SIMEV a choisi d’implanter ce procédé de démonstration au Maroc en relation avec l’Université de Kénitra qui fait partie de son réseau. Depuis le printemps 2012, plusieurs réunions se sont déroulées en France et au Maroc (2 déplacements sur site) pour définir les éléments techniques du procédé et son dimensionnement. C’est au Lycée Lycée Al Annouar de Sidi Taïbi (entre Kénitra et Rabat) que ce procédé sera installé pour permettre l’alimentation en eau potable de l’établissement et aussi une partie de ses besoins en électricité. « Au-delà du traitement de l’eau, nous avons surdimensionné l’installation photovoltaïque pour fournir également de l’électricité au lycée. Par ailleurs, lorsque le lycée sera fermé une borne extérieure d’eau potable, disponible 24h/24h sera mise à disposition des populations locales. A technologies plurielles, utilisations plurielles ! » poursuit Christophe Lacouche. Le projet a obtenu le soutien financier de la Fondation Crédit Agricole Solidarité et Développement, de la Société SMA (Onduleurs) et de la Région Languedoc-Roussillon via transfert LR. Les sociétés BAURES (climatisation du container) et ADIWATT (structure des panneaux photovoltaïques) ont fourni du matériel gracieusement. Une aventure industrielle et humaine qui l’unanimité ! Les sociétés Terrafix (pieux vissés et machinerie pour vissage des pieux) et Laude (habillage du container) ont fourni du matériel à prix coûtant. Ce projet est parrainé par la Fondation Prince Albert II de Monaco.
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