Le thème de l’autoconsommation a dominé le colloque du SER qui s’est déroulé hier à la Défense en présence de quelques trois cents participants. Nous reviendrons plus en détail sur les différentes interventions dans les prochains jours, mais il est intéressant de dégager à chaud quelques idées-forces.
La première fut donc l’autoconsommation. Dans son discours d’ouverture, Delphine Batho, ministre de l’écologie et de l’énergie, n’hésita pas à demander aux professionnels « des propositions concrètes pour engager l’autoconsommation ». La CRE propose un tarif pour l’énergie consommée, l’excédent étant vendu au réseau au prix du marché.
Mais la palme est revenue à Bruno Léchevin (photo), président de l’Ademe, dont c’était une des premières interventions publiques. Il prononça un véritable plaidoyer pour l’autoconsommation : « C’est une bonne et belle idée capable de ré-enchanter les citoyens pour les énergies renouvelables. L’autoconsommation est une opération triplement gagnante. Pour le producteur, le gestionnaire de réseau et la collectivité en limitant la CSPE ». Avec à la clé une réflexion sur un bonus à l’autoconsommation ou un tarif spécifique. Bruno Léchevin a par ailleurs confirmé la vision de l’Ademe sur le photovoltaïque qui devrait porter la puissance installée à quelques 15 GW en 2020.
Si ce chiffre n’a pas été confirmé par la ministre, elle a tout de même annoncé une prochaine révision de PPI (qui pour l’instant fixe l’objectif à 5,4 GW en 2020). Delphine Batho a également annoncé une révision « technique » de l’appel d’offres pour les installations supérieures à 250 kW, ce qui devrait logiquement entrainer une annulation de la procédure en cours et la publication d’un nouveau cahier des charges. La remise des propositions serait donc décalée au mois de décembre, mais les services de l’Etat devraient choisir les lauréats dans des délais plus courts que précédemment. Enfin un nouvel appel d’offres sera lancé dès cet automne (il était prévu initialement en 2014).
Autre sujet de satisfaction la signature d’un accord entre EDF EN et Saint-Gobain, plus précisément entre leurs filiales respectives Nexis et Avansis dans le domaine des couches minces. La convention d’une courte durée de 6 mois devra permettre de vérifier la faisabilité de l’implémentation des techniques innovantes de Nexis dans l’usine allemande d’Avansis. Mais la technique n’est pas tout et pour assurer la pérennité de cette filière les industriels demandent qu’une tranche spécifique aux couches minces soit réservée dans le prochain appel d’offres.
Delphine Batho a également rencontré une délégation d’une trentaine de salariés de l’entreprise Bosch Solar, venus faire part à la ministre de leur incompréhension. L’usine de Vénissieux tourne en effet à plein régime, alors qu’une fermeture est programmée. Le député européen Yannick Jadot qui s’était joint à la délégation constate que les propositions de reprises émanent de petites entreprises, ce qui fragiliserait l’usine. Et les représentants syndicaux de Bosch d’avancer les noms de Photowatt, EdF ou Total comme candidats souhaités. Delphine Batho a alors répondu que ces entreprises étaient déjà confrontées à leurs propres surcapacités.
Hervé Latouche (Sunzil) fit remarquer que le seuil de 30% de l’électricité renouvelable avait été atteint dans les DOM. Dès lors les contraintes de déconnexion du réseau ne permettent plus de trouver un modèle économique viable. Il appelle à reconsidérer les DOM comme le laboratoire qu’il fut jadis, pour expérimenter les technologies qui seront déployées dans quelques années en métropole.
Le représentant de JMB énergie posa directement la question de l’augmentation continue des coûts de raccordement des installations PV. Un point de vue qui n’était pas partagé, bien entendu par le représentant d’ERDF