Au moment ou s’ouvre en France la « concertation » sur le devenir de la filière photovoltaïque, il est intéressant d’aller jeter un coup d’Å“il outre Rhin, ou le solaire progresse de façon vertigineuse, passant cette année la barre de 8 GW installés, soit à peu près dix fois le marché français Les objectifs 2020 divergent toutefois entre les professionnels qui verraient bien une puissance installée en 2020 de 70 GW, et les pouvoirs publics qui estiment qu’elle sera plutôt proche de 50 GW.
Le BSW est le plus important groupement d’industries solaires en Allemagne (800 entreprises). Il agit comme intermédiaire entre les industriels et les pouvoirs publics.
La loi allemande relative aux sources d’énergie renouvelable (EEG) est entrée en vigueur en 2000 et a été depuis, adaptée par de nombreux pays dans le monde. Elle a été modifiée à plusieurs reprises et a provoqué une croissance sans précédent de la production d’électricité solaire.
En quelques années, le secteur à généré un chiffre d’affaire de plus de 8,7 milliards d’euros. Ce succès indéniable est en grande partie lié aux décisions politiques créant un cadre économique favorable et stable.
Le principe de l’EEG est très simple : Les investisseurs, institutionnels ou privés, dans les systèmes photovoltaïques reçoivent une rémunération garantie (feed-in tariff) pour l’électricité solaire injectée dans le réseau public. Le tarif a été calculé de manière à rendre l’investissement photovoltaïque économiquement attrayant. Les opérateurs de réseau sont légalement obligés de payer aux producteurs de l’électricité solaire une rémunération fixe, dépendant de la taille du système et du type d’installation.
Depuis l’établissement de la toute première loi en 1991, l’électricité produite par les sources d’énergies renouvelables ont un statut prioritaire, avec obligation de raccordement et d’achat.
En 2009, 16% de l’électricité consommée dans le pays est d’origine renouvelable, dont 6,6% photovoltaïque et 40,4% éolien.
Les systèmes photovoltaïques sont répartis en catégories marquées, très différentes des pratiques françaises :
o Moins de 1% en intégré au bâtiment (BIPV)
o Résidences individuelles (1-10 kW) : 12%
o Immeubles collectifs, petits commerces, bureaux (10-100 kW) : 54%
o Grands bâtiments commerciaux (>100 kW) : 14%
o Centrales au sol : 19%
Le surcoût global des ENR est important et croit régulièrement passant de 1,0 Md€ en 2000 à 4,7 Md€ en 2009. Il y a donc très clairement un besoin de financement important. Ces surcouts sont payés par un mécanisme « EEG Umlage » équivalent à la CSPE française, consistant en une taxe sur chaque kWh consommé tel qu’indiqué ci-dessous :
Coût moyen électricité (c€/kWh)………..2010…….2011
Production + transport:………………..21,5………21,95
+ Surcout ENR:………………………….2,04………3,53
Dont surcout pv:…………………………0,87……….NC
L’accès au réseau pour la production photovoltaïque est facilité car classé prioritaire alors qu’en France, il est seulement garanti mais sans obligation sur les conditions. Il n’y a donc pas de contrat supplémentaire pour le seul accès ou raccordement, et les délais pour démarches administratives sont nettement réduits.
La feuille de route photovoltaïque pour 2020, développée par les professionnels, publiée en novembre 2010, sert de base aux discussions engagées avec les pouvoirs publics avant le renouvellement de la loi sur les énergies renouvelables (EEG) prévu en 2011.
Cette feuille de route engage les différents acteurs sur de multiples objectifs, parmi lesquels :
Réduction des coûts globaux des systèmes de 50%
Objectif de puissance installée entre 52 et 70 GWc
Limitation de la contribution à 2c€/kW
Et en contre partie, il s’agit d’un véritable développement industriel :
Au moins 5% du CA investi dans la R&D
Produire 12% du marché mondial
Produire environ 8,5 GWc de modules en Allemagne
Assurer au moins 130 000 emplois dans le secteur.
En se basant sur une réduction de 13%, calculée par application de la EEG, les nouveaux tarifs pour 2011 sont un peu plus bas que prévu initialement. En effet, le marché a nettement dépassé l’objectif de 3,5 GW en 2010.
En conséquence de cette baisse supplémentaire, le marché attendu pour 2011 n’est plus que de 6 GWc au lieu des 8 à 9,5 enregistrés en 2010 (prévision). Mais ces tarifs sont très proches des prix d’achat au réseau, et rapprochent donc tous ces projets de la parité réseau, qui sera généralisée en Allemagne pour 2013-2014.
Ces orientations maitrisées n’empêchent pas certains opposants de se lever contre les surcouts induits des aides au photovoltaïque. Les industriels l’ont bien compris qui accélèrent d’eux-mêmes les baisses des tarifs demandés pour rejoindre la parité réseau rapidement.