A l’occasion de l’inauguration du prototype solaire thermodynamique de la CNIM à la Seyne-sur-Mer, le ministre chargé de l’industrie, Christian Estrosi, a joué sur la fibre nostalgique, se souvenbant des années 80, « quand a été construite la centrale solaire Thémis sur le site de Targassonne dans les Pyrénées-Orientales. A cette époque, je le rappelle, nous étions en avance sur tous les autres. Nous pouvons être de nouveau à la pointe de l’innovation dans le domaine de l’énergie solaire comme nous le démontre aujourd’hui ce nouvel équipement, le seul prototype de centrale solaire thermodynamique exploitant le procédé des miroirs de Fresnel opérationnel en France. Cet équipement sera la référence dont nous avons besoin, la vitrine de notre savoir faire en matière d’énergie solaire. C’est désormais un fleuron de notre excellence industrielle et environnementale, un plus qui sera déterminant pour favoriser l’exportation de cette technologie à travers le monde » a confié le ministre.
Il a poursuivi : « L’entreprise CNIM a ainsi su prendre le virage des énergies renouvelables, un puissant vecteur de croissance et d’emploi dans les années à venir. Je veux saluer également sa forte implication en matière d’innovation, sa participation dans les pôles de compétitive DERBI et CAPENERGIES, ainsi que son engagement et ses succès sur les marchés à l’export ». Le ministre a par ailleurs rappelé l’esprit des investissements d’avenir qui comportent un volet « démonstrateurs énergies renouvelables et chimie verte » doté de 1,350 milliards d’euros dont un tiers de subventions et deux tiers d’avances remboursables.
« Ces crédits permettront le financement de démonstrateurs de recherche dans la continuité du fonds démonstrateur de l’ADEME, de plateformes d’expérimentation ou de centres d’essais collectifs, ainsi que le soutien à l’expérimentation de parcs d’équipements avant leur industrialisation. C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrit le projet de CNIM de réaliser un démonstrateur industriel de 70 000 mètres carrés à Llo, à proximité du site historique du four solaire Thèmis d’Odeillo dont CNIM a conçu et réalisé la chaudière. Le prototype qui nous est présenté nous permettra de valider un certain nombre de choix techniques. Mais à travers cette inauguration, aujourd’hui, je veux vous dire que notre volonté politique d’encourager les énergies renouvelables n’est susceptible d’aucun ajustement ! » a-t-il asséné.
Et le ministre de se fendre d’un mea culpa en matière de développement des énergies renouvelables en France : « Contrairement aux ambitions très fortes qui ont toujours été les nôtres sur le nucléaire, il faut bien reconnaître que la France a longtemps tardé à adopter une vraie vision industrielle en matière d’énergie renouvelables. Nous avons manqué d’une vision d’ensemble. Nous avons cru pouvoir nous épargner d’une vision d’avenir à long terme. Les choix que nous faisons aujourd’hui auraient dû être faits il y a vingt ans dans l’éolien, il y a dizaine d’années dans le domaine photovoltaïque. Pendant ce temps, nos concurrents ont pris avant nous des positions sur de nouveaux marchés qui sont maintenant porteurs. Nous en payons le prix. Aujourd’hui, la France est contrainte de s’équiper de ces technologies pour entretenir sa propre consommation avec des matériels majoritairement importés ».
Ce 26 juillet, Christian Estrosi avait décidé de dire la vérité : « La vérité, c’est que nous n’avons pas su profiter à plein du mouvement qui s’amorçait alors. La vérité, c’est que si nous avons créé des emplois, ils n’ont été que des emplois de service alors que ce sont de vrais emplois industriels dont notre pays a besoin ! L’Agence Internationale pour l’Energie estime qu’en 2050, 11 % de la production mondiale d’électricité sera d’origine solaire thermique. Le Maroc, pays riverain de la France en Méditerranée, a décidé d’investir pour 2 Giga Watts d’énergie solaire avec une première tranche de 500 Méga Watts qui devra être construite d’ici 2015. Une grande partie du Plan Solaire Méditerranéen sera réalisée en solaire thermodynamique. Le marché du solaire thermique à concentration est en train de naître dans les pays très ensoleillés du Sud de l’Europe, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, aux Etats-Unis ou dans les déserts indiens et chinois ».
« Comment pourrions-nous penser que la France se trouverait en moins bonne position que d’autre pays pour répondre à ces besoins alors qu’elle dispose sur son propre sol de ressources comparables et surtout d’une capacité très forte à innover ? Comment se pourrait-il que nos entreprises françaises se tiennent à l’écart de ce formidable gisement de croissance et d’emploi ? Il n’est plus temps de tergiverser. C’est aujourd’hui que l’industrie française doit être prête comme les américains, comme les allemands, comme les espagnols et les israéliens. Je veux que nous tirions enfin avantage du formidable potentiel de recherche, de compétences et de savoir qui se trouve dans notre pays » a-t-il conclu. Le prototype de la CNIM a, semble-t-il inspiré le ministre Christian Estrosi désormais totalement acquis à la cause du solaire. Discours de façade ou philosophie de fonds, l’avenir le dira !