Pour relancer son activité photovoltaïque auprès des particuliers, la société lot et garonnaise Fonroche Energie a opté pour l’innovation. A travers sa filiale Lexsun, elle a mis au point un kit solaire de 3 kWc doté de deux capteurs hybrides capable à la fois de produire de l’électricité mais également de l’eau chaude sanitaire via une pompe à chaleur. Analyse technique et commerciale de ce produit deux en un !
Malgré un tarif d’achat qui demeure parmi les plus attractifs d’Europe (0,3706 euros le kWh), le marché du solaire photovoltaïque des particuliers ne parvient pas à sortir du marasme dans lequel le moratoire et la grande campagne de dénigrement induite l’ont plongé. Pourtant encore très rentables sur le plan financier, les installations solaires photovoltaïques dans le résidentiel ne séduisent plus. Elles souffrent avant toute chose d’un problème d’image. Sur le terrain, les commerciaux se heurtent aujourd’hui à des prospects hantés par le doute et la suspicion. Pas facile de vendre un produit qui a été autant vilipendé par les médias et le gouvernement. Pour faire face à cette désaffection et relancer une activité apathique, la société Fonroche Energie basée dans le Lot-et-Garonne a pris le pari de l’innovation. »Nous jouons la carte de la diversification autour d’un brevet. Nous avons beaucoup investi pour relancer la dynamique sur ce marché du particulier qui est encore aujourd’hui très tendu. Avec cette offre hybride, nous nous situons dans une logique de long terme » estime Franck Taffet, directeur général de Lexsun SAS.
Du gaz R134A plutôt que de l’eau glycolée
Quelles sont donc les caractéristiques de ce produit hybride conçu et fabriqué en France ? Le kit 3 kWc de la société Lexsun recyclable à 98% est donc composé de douze capteurs Fonroche Inspira de 250 kWc à l’unité. Sur ces douze capteurs, deux capteurs hybrides sont dotés de collecteurs et reliés entre eux par un Y en sortie. Avant de rejoindre des liaisons frigorifiques à destination du ballon thermodynamique dénué de ventilateur et donc peu bruyant. « Dans le circuit, nous faisons circuler du gaz R134A beaucoup plus efficient dans le transport des calories que l’eau glycolée, et notamment lorsqu’il n’y a pas assez de chaleur en sous face. C’est l’intérêt du gaz qui amplifie la collecte des calories et ne se dégrade pas non plus sous les fortes températures, ce qui est le cas de l’eau glycolée » assure Franck Taffet fier du brevet obtenu sur cette technologie et financé par Oséo et le crédit d’impôt recherche. Entrant à l’état liquide dans le circuit, le gaz R134A se transforme sous l’effet de la chaleur en vapeur basse pression. Il rejoint ensuite le ballon thermodynamique. Le compresseur le comprime en haute pression. Là , le gaz R134A libère ses calories dans l’échangeur, un serpentin externe au ballon. « Même si l’on perd un peu d’efficacité avec un échangeur externe, on se prémunit de possibles fuites qui nous obligeraient à refaire l’ensemble du circuit. Nous avons mis en place toutes les sécurités possibles pour nous assurer de la fiabilité du système » poursuit le chef d’entreprise. Par ailleurs, en récupérant les calories sous les cellules PV, le capteur thermique améliore, par la même, la production d’électricité des panneaux hybrides grâce à la dissipation de la chaleur. Ainsi rafraîchies, les cellules photovoltaïques affichent de meilleurs rendements notamment lors des grandes chaleurs estivales. Un double effet pertinent sur un plan technique !
Température annuelle moyenne de 20°C pour le préchauffage
Aujourd’hui, la société Fonroche propose exclusivement ce kit hybride Lexsun à sa clientèle. C’est sa valeur ajoutée, son atout différenciant, son plus commercial. Une façon d’améliorer le taux de retour sur investissement en cumulant deux crédits d’impôts (photovoltaïque + chauffe-eau thermodynamique) tout en produisant à la fois de l’électricité et de l’eau chaude sanitaire ! Le système a un coût : 18 000 euros contre 13 000 euros pour un kit simple de 3 kWc. Le système hybride entre en concurrence directe entre une offre kit 3 kWc photovoltaïque et chauffe-eau solaire thermique individuel pour un prix à peu près équivalent. Dans cette compétition, Franck Taffet fourbit ses arguments bien préparés : « La force de notre système hybride repose sur une intégration architecturale parfaite brevetée et estampillée CSTB, qui est, qui plus est, antivol. C’est la solution la plus facile à intégrer par rapport à un kit classique de 3 kWc auquel on ajoute un chauffe-eau solaire individuel (CESI) de 4 m². On peut aussi manquer de place sure le toit. Et puis il y a aussi la performance des systèmes. Mis à part à Nice et dans de bonnes conditions, j’ai rarement vu un chauffe-eau solaire atteindre plus de 60% de taux de couverture annuelle hors appoints. De notre côté, avec notre système Lexsun, nous affichons un gain d’économies de 80% sur les besoins en eau chaude sanitaire. Le système Lexsun procure de l’eau chaude toute l’année, jour et nuit. C’est le principe thermodynamique qui assure une température annuelle moyenne de 20°C pour le préchauffage, un peu comme la géothermie. Pour nous, pas de doute, la détente directe est plus performante que le solaire thermique classique » s’enthousiasme Franck Tallet.
CESI ou détente directe ?
Le COefficient de Performance est annoncé à 3,9 suivant l’ancienne norme EN 255-3. Un COP remarquable moins limité que ceux atteints avec l’air ambiant ! « C’est d’ailleurs la philosophie de cette innovation basée sur la récupération de chaleur » reconnaît le spécialiste. Quid de la fiabilité des systèmes de pompes à chaleur qui, quoiqu’on veuille, dispose de davantage d’éléments mécaniques qu’un chauffe-eau solaire classique qui se contente pour sa part d’une pompe pour faire circuler le fluide caloporteur ? « Nous avons opté pour la qualité. Le ballon est fabriqué chez France Energie et Cie à Laval. Sa longévité est assurée grâce à une anode en titane qui le protège contre la corrosion, Son isolation thermique est en mousse polyuréthane haute densité de 70 mm d’épaisseur. Les compresseurs sont des Danfoss et supportent les températures les plus extrêmes de -7°C l’hiver à +70°C l’été. Je rappelle que l’échangeur externe nous évite également des contrariétés. Nous sommes confiants sur la pérennité des composants » assure Franck Tallet. Lexsun réconcilie donc via sa technologie hybride l’énergie solaire et la pompe à chaleur pourtant souvent concurrents entre eux. La production d’électricité en prime ! Sera-ce suffisant à faire revenir en masse les consommateurs vers le photovoltaïque ? L’avenir le dira !
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