« Nous avions anticipé ce scénario depuis le début. Ce n’est pas une surprise. Nous savions que le gouvernement faisait des pressions sur EDF pour entrer dans le jeu notamment dans le contexte et les circonstances actuelles » confie Laurent Giraud, PDG de Solarezo, assembleur lyonnais de modules photovoltaïques. Solarezo en consortium avec la société MPO International avait déposé une offre de reprise de Photowatt qui prévoyait la reprise de 222 salariés. EDF fait mieux. Comme l’annonce l’AFP, l’offre d’EDF porte sur l’ensemble des 430 salariés, 345 au sein même de Photowatt et le reclassement des 85 autres salariés à l’intérieur du groupe. « Il est logique que les pouvoirs publics se tournent vers les gros acteurs qui garantissent le maintien de l’emploi mais nous n’allons pas nous arrêter là . Nous allons plaider notre dossier au tribunal le 21 février et dire que nous sommes ouverts à tous les partenariats. Nous tendons même la perche à EDF pour travailler ensemble intelligemment » poursuit Laurent Giraud. Parmi les autres acteurs présents, la société ECM Technologies fabricant de four industriel viendra également défendre son offre pour laquelle il s’engageait à reprendre 379 salariés.
Cette arrivée d’EDF dans la course à la reprise de Photowatt est éminemment politique. Le presque candidat Nicolas Sarkozy ne veut pas céder au syndrome Gandrange, qui a vu l’usine Arcelor Mittal fermée après une promesse non tenue de poursuite de l’activité par le même Nicolas Sarkozy. Le président candidat refuse aussi obstinément de voir les cas de Photowatt ou Lejaby répondre à la logique jospinienne de « L’Etat ne peut pas tout » qui avait coûté très cher au candidat socialiste en avril 2002. Alors Nicolas Sarkozy en appelle à ses amis, Bernard Arnault pour Lejaby, et Henri Proglio pour EDF dont l’Etat est actionaire tout de même. C’est un fait, Nicolas Sarkozy a forcé la main d’EDF qui vient tout juste de se retirer de Tenesol et ne dispose d’aucune activité industrielle en amont de la filière photovoltaïque. Quoiqu’il en soit, entre Total qui préside désormais à 100% aux destinées de Tenesol et EDF au chevet de Photowatt, nos champions mondiaux de l’énergie prennent soin des acteurs historiques de la filière solaire française. Une façon pour le gouvernement de sauver les apparences après avoir bien savonné la planche !