Au-delà des cellules, modules ou onduleurs, le marché du solaire photovoltaïque intégré a permis, et plus en France qu’ailleurs, l’évanescence de concepteurs et de fabricants de systèmes d’intégration. La société Kogys, créée en 2006 à Montauban, a su surfer sur cette vague en collaboration avec des sous-traitants français. Autour d’une priorité : l’intégration simplifié initiée dès 2008. L’histoire lui aura donné raison. Eh maintenant ! Après les années fastes, l’avenir de Kogys oscille entre les installations raccordées de moins de 100 kWc et le off grid en Afrique. Fin d’une époque et entrée dans une nouvelle ère
La consécration est tombée le 17 novembre 2011. Après moult années d’effort, le système d’intégration Kogysun, développé par la société Kogys, a touché son Graal pour trois ans, renouvelable : Avis Technique du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment n° ATNor – 2011288/ LT1 validé par la commission GS 21. Son coût total 80 000 euros. Un investissement lourd pour une PME. « Avant cet ATec, Kogys est la société qui a certainement eu le plus d’ATEx Appréciation Technique d’Expérimentation sur son produit d’intégration Kogysun : six au total. Le CSTB a fini par reconnaître la qualité de et la fiabilité de notre système » confie soulagé David Dejean-Servières, 43 ans, patron de cette PME qui compte sept salariés. David Dejean-Servières a commencé sa carrière dans le bâtiment, dans la couverture et la construction métallique. En 2006, alors que les tarifs d’achat font leur apparition avec cette spécificité bien française de l’intégration, il monte son entreprise Kogys dans son fief de Montauban dans le Tarn et Garonne. « Très vite, nous avons cru à l’intégration simplifiée sur bac acier, loin des structures alambiquées avec le capteur comme seul rempart à l’étanchéité » analyse le chef d’entreprise qui indique volontiers par ailleurs que ses compétences de couvreur ont beaucoup joué dans cette anticipation.
Les premiers à réaliser des chemins de passage pour la maintenance
Alors que dire de Kogysun ? Qu’il s’agit d’une solution technique apte à résoudre les problèmes de dilatation, d’étanchéité et de reprise des charges liés à l’association de modules photovoltaïques et de matériaux de couverture du bâtiment, un bac acier en l’occurrence. Ce système prend en compte toutes les contraintes d’une mise en Å“uvre en toiture et assure une pérennité dans le temps. « Si je devais retenir les points forts de notre système, j’évoquerai la bonne dilatation des composants, la lame d’air importante (175mm) pour ventiler les modules lors des grosses chaleurs, l’ensemble des charges ramené à la structure et le démantèlement de la partie photovoltaïque permettant de conserver l’étanchéité en bac acier. Il est aussi à noter qu’aucun autre percement que celui nécessaire à la fixation du bac acier n’est à réaliser par l’installateur. Nous sommes également parmi les premiers à avoir réalisé des chemins de passage intégrés aux modules photovoltaïques ainsi que des points d’ancrage pour les opérations de maintenance. Une idée intéressante qui a été largement reprise ! » résume David Dejean-Servières. Une donnée importante, les composants principaux du système Kogysun sont estampillés « made in France ». Le bac acier profilé sort des usines de Joriside dans les Landes, les profilés alu de celles de Sapa à Albi et la visserie de celles d’Etanco dans les Yvelines. De quoi afficher un bilan carbone satisfaisant ! Très vite et grâce à ce système d’intégration qui représentait un compromis intéressant à l’heure de l’appréciation floue de la notion d’intégration, Kogys a su tisser un réseau de partenaires installateurs de qualité comme Fauché, AE 3000, Solvéo Energie. La mayonnaise a bien pris. Atout important. Pour garder l’avance sur ses concurrents, le système Kogysun dispose d’un brevet d’invention, chose assez rare dans les systèmes photovoltaïques en toiture!
Une croissance maîtrisée pour durer
En cinq ans, Kogys qui est membre du pôle de compétitivité DERBI aura ainsi participé activement à la pose de plus de 200 000 m² de modules sur son système Kogysun. Son cÅ“ur de métier ! Les applications sont plurielles : Industrielles, agricoles, tertiaires ou habitations collectives. 80% des ventes ont été réalisées en Midi-Pyrénées mais aussi au Pays Basque, dans l’Ouest et un peu en Savoie. La société a également développé une activité annexe de distribution de capteurs autour de trois partenaires privilégiés : L’espagnol Atersa, le norvégien REC et l’allemand Conergy. A partir de 2008, Kogys va connaître une progression exponentielle, symbole du boom du photovoltaïque en France de ces années là . Jugez plutôt ! En 2006/2007, le chiffre d’affaires de Kogys atteint péniblement 62 000 euros puis 97 000 euros sur l’exercice suivant. Pour 2008/2009, le chiffre d’affaires s’envole à 1,63 millions d’euros puis 3,32 millions d’euros l’année suivante avant d’atteindre son acmé sur l’exercice 2010/2011 à 7 millions d’euros. Un doublement chaque année ces trois dernières années ! Ces résultats ont notamment permis de financer l’ATec. Mais quid de 2012 et des années à venir ? « Nous résistons plutôt bien. Notre PME a su maîtriser sa croissance pour durer en réinvestissant les résultats dans l’outil. Nous comptons beaucoup sur les installations hors appels d’offres en dessous des 100 kWc. Ce marché existe, on le travaille. Je crois au photovoltaïque, je suis persuadé que le discours des politiques va évoluer sur le sujet » insiste le chef d’entreprise à la tête bien campée sur les épaules. Kogys s’est également positionnée avec des opérateurs sur quelques appels d’offres de la CRE pour une puissance comprise entre 1,7 MW et 1,8 MW.
La Kogybox pour apporter l’électricité en Afrique
Kogys croit en son destin. Doté désormais de son ATec, le système Kogysun pourra à l’avenir être associé à d’autres produits tels que les panneaux solaires thermiques, les panneaux hybrides photovoltaïques-thermiques, les modules photovoltaïques à couche mince sans cadre. Ce système sera disponible prochainement dans une version unique sur le marché (panneau sandwich laine de roche) en adéquation aux règles thermiques en vigueur.
Kogysun pourra élargir ses applications aux bâtiments à énergie positive (Bâtiment basse consommation, bâtiment conforme RT 2010 et RT 2012, bâtiment recevant du public (ERP)). Et David Dejean-Servières dispose encore d’autres cordes à son arc. Il est ainsi très actif en Afrique, au Maric, au Sénégal ou à Madagascar au côté d’ONG et d’associations.
Il a ainsi développé une Kogybox, un système photovoltaïque autonome spécialement conçu pour les pays en voie de développement. Parmi les applications de cette Kogybox, on retiendra les alimentations des postes de santé ou des écoles, les stations de recharge pour lanternes et téléphones mobiles ou encore des postes avancés humanitaires polyvalents. Kogys propose également des kits solaires individuels adaptés à des usages domestiques en habitat isolé, et ce à moindre coût. Un relais de croissance autour d’une démarche humanitaire pleine de sens !