Une conférence-débat a été organisée hier Jeudi 5 Janvier à Paris, s’intitulant « Les facteurs clé de réussite pour les grands projets solaires », autour du projet DESERTEC. Des décideurs de ce projet y étaient invités et ont partagé leur point de vue et leur expérience : Emmanuel AUTIER, Associé Utilities au sein du cabinet BearingPoint ; Philippe LOREC, Adjoint du directeur général de l’Energie et du Climat du Ministère de l’écologie ; Lynn NAHMANI, Experte en financement de projet ; Jean CHRISTOPHE, Directeur Général de la Deutsche Pfandbrief Bank ; Mustapha Kamal FAID, Ancien directeur général à l’Observatoire Méditerranéen de l’Energie.
L’idée du projet DESERTEC est née au sein d’un réseau mondial de scientifiques, de responsables et d’entrepreneursen collaboration avec la branche allemande du Club de Rome un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires, ayant pour but de proposer des solutions aux problèmes environnementaux et énergétiques à l’échelle mondiale.
La fondation DESERTEC s’est lancée le défi d’exploiter cette énergie inépuisable qu’est le solaire à un coût raisonnable. Le projet DESERTEC propose ainsi la construction de vastes centrales solaires thermiques à concentration (CSP) en divers points d’Afrique du Nord. En complément, il prévoit d’exploiter l’énergie éolienne le long de la côte marocaine et en Mer Rouge, et d’utiliser d’autres techniques solaires telles que le photovoltaïque concentré. Ces centrales sont reliées aux réseaux électriques de plusieurs pays du Bassin Méditerranéen par un réseau CCHT (Courant Continu Haute Tension) afin de les approvisionner en électricité « verte ».
L’électricité ainsi générée en Afrique commencerait à alimenter l’Europe en 2015, pour couvrir 15% des besoins énergétiques européens d’ici à 2050.
Pour l’Union Européenne, DESERTEC pourrait apporter un complément aux ressources européennes en énergies renouvelables et ainsi un moyen d’accélérer la réduction des émissions de CO2 et d’augmenter la sécurité d’approvisionnement énergétique.
En 2009, la fondation DESERTEC a créé l’entreprise DESERTEC Industrial Initiative (Dii) en Allemagne. La Dii a vocation à étudier les conditions de faisabilité et à mettre en pratique le projet DESERTEC, en clarifiant les questions économiques, techniques et juridiques. Il s’agit principalement d’entreprises, spécialisées dans la finance comme la Deutsche Bank- ou avec un intérêt particulier pour l’énergie. L’objectif principal de la Dii est la production d’électricité renouvelable, avec une vision long terme à 2050. Ce projet se veut prudent et pragmatique, en souhaitant se fonder sur les retours d’expérience issus des pilotes ou projets de référence.
D’où la multiplication de conférences-débats, afin de faciliter la mise en place d’un financement à hauteur de près de 400 millions d’euros pour DESERTEC. Mais avant tout financement, les premiers projets pilotes doivent prouver à court terme la faisabilité du projet, avant de débuter la réalisation à grande échelle.
Un des facteurs de réussite du projet DESERTEC est, surtout en période de crise financière, de consolider les ressources financières par la mise en place d’un partenariat public-privé. Philippe Lorec a donc déclaré à ce sujet : « Il est nécessaire de structurer financièrement ce projet, de lever des subventions, d’acquérir une réelle stabilité, voire même de faire de la politique pour sécuriser les projets de cette envergure. Les risques sont en effet présents et réels : technologiques, financiers, politiques. Mais attention à ne pas tout confondre, Desertec, ce n’est pas un projet d’exportation d’énergie ! Le plan solaire Méditerranéen, c’est de développer les moyens pour la propre consommation des pays concernés, et éventuellement, si surplus, d’exporter pour financer le projet. »
« Desertec n’est pas une somme de projets nationaux, mais un seul projet international », ajoute Philippe Lorec. « Chaque pays a mis son investissement, il faut donc construire un projet gagnant/gagnant pour le sud comme pour le nord. »
Quand on le questionne à propos de tout ce qu’il reste à construire en France concernant les énergies renouvelables et notamment le photovoltaïque, Philippe Lorec répond : « Mais DESERTEC ni Dii n’est incompatible avec la construction d’un avenir des énergies renouvelables en France ! Il faut justement profiter de cet élan international, et y inclure les entreprises françaises. Ce projet ne peut qu’aider les français à se développer à l’international. L’appel d’offres est en cours en France pour le développement de projets. »