C’est un engagement qui peut paraître timide, voire mou à l’heure où certains de nos voisins ont d’ores-et-déjà décrété terminé, basta l’atome, stop le nucléaire. Cet engagement, c’est celui pris par le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande. Il faut diminuer la part du nucléaire dans notre production d’électricité. [Si je suis élu], je donnerai l’impulsion pour qu’en 2025, nous puissions faire passer la part du nucléaire de 75% à 50%, a dit le postulant à la fonction suprême. Alors oui, c’est peu comparé aux autres contrées, qui ont décidé de se passer du nucléaire dans un avenir proche. Purement et simplement. Comme l’a fait l’Allemagne, comme souhaite le faire la Belgique. Mais pour un pays, la France, où l’atome produit plus de 78% de l’électricité, c’est un sacré pas. A fortiori vue la politique menée ces quarante dernières années. Pour François Hollande donc, plutôt que de débattre de la sortie du nucléaire à l’horizon 2040 ou 2050, mieux vaut s’engager fermement et précisément pour les quinze prochaines années.
C’est une proposition de bon sens, estime Thierry Lepercq, président de Solairedirect, une entreprise assurant le développement et le financement d’usines solaire. Plus personne ne conteste l’intérêt pour la France de mettre en Å“uvre un mix énergétique, plus équilibré et plus sûr. Et surtout pas depuis la catastrophe de Fukushima. Mais si jusqu’à présent l’hypothèse d’une réduction de l’atome était idéologique, pour l’essentiel, la voilà maintenant aussi économique. Poursuivre sur la voie du nucléaire risque de coûter. Beaucoup. Encore plus. Il y a certes l’inévitable coût du démantèlement des centrales, extrêmement cher, -selon Edwin Koot, PDG de Solarplaza. Mais il y a surtout les milliards à investir pour rénover les autres, sans parler du départ à la retraite des employés du secteur, des nouveaux spécialistes à former Là où les coûts des énergies renouvelables ne font que diminuer. Alors pourquoi ne pas arrêter les frais tout bonnement ? Dire dès aujourd’hui : Ciao le nucléaire !
Pour les experts de négaWatt, un abandon total de l’atome serait possible dans l’Hexagone. Et cela dès 2033, s’il vous plait. Cette anticipation énergétique, les ingénieurs de l’association l’ont décrite dans un scénario bien ficelé. La ligne directrice ? Un triptyque sobriété-efficacité-énergies renouvelables. Lors de cette transition énergétique, les économies d’importation de pétrole générées par le scénario permettraient plus de 750 milliards d’économies d’ici 2050 et la création de 600 000 emplois d’ici à 2020. L’objectif ne peut être atteint que par une combinaison d’efficacité énergétique et de substitution des énergies renouvelables aux autres, relève Thierry Lepercq qui note la perspective très intéressante ouverte par ce scénario avec ce qu’il est convenu d’appeler le ‘Power-to-Gas’, le stockage à grande échelle d’électricité renouvelable intermittente (solaire et éolienne) sous forme de méthane synthétique à base d’hydrogène issu de l’électrolyse de l’eau. Pour l’industrie photovoltaïque, voilà une sacrée carte à jouer. Ou quand bye bye le nucléaire résonne avec hello hello, l’énergie solaire. Selon négaWatt, 91% de l’électricité française viendra des énergies renouvelables en 2050. Ou comment un seul chiffre peut ensoleiller l’avenir du photovoltaïque.
Pour Thierry Lepercq, c’est une certitude : cette perspective d’une réduction du nucléaire contribue davantage au développement du PV que toutes les subventions octroyées au secteur. Outre les efforts d’efficacité énergétique, le simple fait de passer de 75% à 50% de nucléaire nécessite de produire à l’horizon environ 150 TWh de plus avec des sources énergétiques alternatives, estime-t-il. Cela est considérable !. Pour lui, vue la situation financière gravissime que connait la France, pas question d’effectuer cette transition avec des énergies subventionnées. Il n’y a donc de place significative pour le solaire que s’il est compétitif, ce qui est pratiquement le cas désormais. Le spécialiste va même plus loin en affirmant : L’essentiel de ces 150 TWh ne pourra venir que du solaire. Pourquoi ? Mais parce que c’est la seule énergie qui peut offrir les volumes et les coûts avec l’acceptabilité sociale et environnementale nécessaire ! A ce niveau, il faudra bien sûr traiter la question de l’intermittence et de la stabilité du réseau, ce qui est techniquement et économiquement tout à fait possible.
C’est bien beau tout ça. Mais finalement à quoi bon investir quand la concurrence chinoise écrase tout derrière ? A quoi bon lutter sachant que, d’ici la fin de l’année, 85% des cellules PV fabriquées dans le monde devraient l’être en Asie, selon une étude du cabinet IMS Research ? Ne nous trompons pas de combat, juge Thierry Lepercq. La France ne prospèrera que si elle développe une offre industrielle et technologique différentiée et compétitive, en coopération avec les acteurs mondiaux – y compris chinois – les meilleurs dans leurs domaines. Et le spécialiste de comparer avec les écrans plats. Ils sont tous déjà fabriqués en Asie sans que personne n’y trouve à redire ! Même son de cloche du côté d’Edwin Koot de Solarplaza. Laissons les Chinois fabriquer leurs cellules. Ça sera moins cher. L’emploi est dans l’engineering et les produits intégrés. Qui plus est, les services sont locaux. Les installateurs pour le marché français se trouvent en France, pas en Chine. En plus les Chinois utilisent des emprunts énormes, et ont donc besoin de capitaux de plus en plus importants. Le véritable enjeu industriel, c’est de bâtir des offres des systèmes, solutions et services intelligents, à forte valeur ajoutée, complète Thierry Lepercq. Acteurs français de l’industrie solaire photovoltaïque, à vous de jouer !
Quelle place pour le PV dans l’offre française d’électricité ? Rendez-vous le 10 novembre à Lyon pour une grande conférence sur l’énergie solaire organisée le 10 novembre à Lyon à l’initiative de Solarplaza.
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