Lifting solaire en façade

Le jeudi 29 septembre 2011, EDF ENR Solaire, GR Groupe, promoteur et constructeur, et Allouis SA, spécialiste de la conception de façades de « haute technologie » ont inauguré une centrale photovoltaïque ultra design installée en façade d’un immeuble rénové des années 1970 situé à Caluire et Cuire dans le Rhône. Une réussite indéniable qui devrait en appeler d’autres ! En effet, cette inauguration a donné lieu à la signature d’une convention de partenariat technique et commerciale entre EDF ENR Solaire et Allouis SA afin de développer plus avant ce concept innovant et esthétique de façade. Histoire de mettre le solaire à l’affiche !

Il n’est pas peu fier Gérald Rios, PDG du groupe GR Projets Immobiliers. Et il a de quoi. Quand il rachète en 2009 à Siemens son siège historique français du chemin des Brosses à Caluire et Cuire, il s’agit d’un immeuble terne et défraîchi par le temps. Pour faire bonne mesure, Gérald Rios achète le terrain voisin pour réaliser une opération mixte de logements et de bureaux. Deux ans plus tard, l’opération tient lieu de référence. Les logements THPE dotés de panneaux photovoltaïques en toiture sont de fort belle facture et l’ancien immeuble de Siemens est méconnaissable. Ce dernier s’est en effet drapé d’une façade solaire resplendissante et lumineuse de haute technologie capable de produire de l’électricité. Gérald Rios sourit au nouveau millénaire dans un défi à l’avenir !

Et pourquoi pas un vitrage, qui produirait de l’énergie ?

Avec son fils Cyriaque en charge du développement chez GR Groupe, Gérald Rios a toujours été sensible à la force de l’innovation technologique. En bon précurseur, il aime avoir ce coup d’avance qui fait la différence surtout dans un secteur, le bâtiment, à très forte inertie. En décembre 2009, quand la société Allouis SA lui propose un prototype d’usine photovoltaïque idéal pour être installé en façade, il n’hésite pas. Banco ! Le produit s’appelle Face InTech. Et il a une histoire. Didier et Eric Allouis sont des spécialistes de solutions de façades préfabriquées, des façades vitrées et pré assemblées 100% en usine. Sur le terrain, la pose, sur ossature bois, se révèle ainsi ultra rapide. Le fait d’arme des frères Allouis : Une façade de 12 000 m² montée en 24 jours à peine sur un immeuble à Saint-Etienne. Belle prouesse !
Au cours de leurs diverses collaborations, Didier et Eric Allouis ont rencontré des responsables de la société helvétique Alpiq, l’un des leaders de la distribution d’énergie en Suisse. « Ils ont éveillé notre curiosité en nous soumettant l’idée d’un vitrage qui produirait de l’électricité. Ils nous ont vraiment mis le pied à l’étrier » assure Didier Allouis. Après un audit de fournisseurs, la société Pramac (voir encadré) installée dans le Tessin suisse a donc été choisie pour être le partenaire de ce projet industriel. Sur la partie électrique pure, la société Allouis a fait appel à EDF ENR Solaire pour mettre en place les différents réseaux de câblages. « Nous avions besoin de vrais professionnels du transport de l’électricité pour nous rassurer et nous aider à pré-câbler proprement en usine » confirme Didier Allouis. C’est ainsi qu’est né le produit Face InTec que l’on retrouve sur la façade de l’immeuble de GR Groupe à Caluire et Cuire.

Panneaux en façade : La dimension du visible

Cette façade plein sud longue de 27 mètres et haute de 12 mètres accueille 93 capteurs au format standard 130×110 avec, en complément, des panneaux noirs en Emalite afin de parfaire l’aspect design de l’ensemble. La puissance installée s’élève aux alentours des 11 kWc. Les panneaux photovoltaïques sont collés sur un cadre aluminium ventilé, via un vide d’air de l’ordre de 80 mm pour laisser respirer le panneau sous les hautes températures, et ce, même si la technologie micromorphe y est moins sensible. L’ensemble du cadre pré assemblé est, quant à lui, fixé sur une ossature bois fruit d’un calepinage précis de la façade. « En tout, ce sont 34 blocs qui ont ainsi été montés en seulement deux jours. Ils sont assemblés un peu comme un lego, sans danger pour les ouvriers » confie Didier Allouis. En termes de production, les panneaux installés en façade sont bien entendu loin de leur optimum. Mais pour ces modules micromorphes, l’ensoleillement direct est moins important que pour les modules cristallins. Ils produisent de façon très convenable sous un ensoleillement diffus. La production attendue est de l’ordre de 800 kWh par kWc installé soit environ 8800 kWh au total pour l’installation. De quoi combler les besoins annuels de lumière de l’immeuble ! En termes de coût, la façade photovoltaïque sera rentabilisée sur treize ans, avec un tarif en intégration fixé à 27,46 centimes d’euro le kWh. Mais faut-il vraiment calculer de la sorte ? Cet immeuble avait besoin d’un profond lifting en façade. Quitte à rénover autant rénover avec une façade qui produit de l’électricité verte et autofinance son surcoût. Sans oublier l’impact sur l’image de marque et la communication induite. « Avec ce produit Face InTec, le photovoltaïque prend la dimension du visible que l’on n’a pas en toiture. Et en plus, l’esthétique est vraiment très réussie. Un véritable diamant noir comme disent les architectes » se réjouit Boris Luchessa en charge du produit Face InTec. Un diamant noir qui pourrait également voir la palette de couleurs s’élargir vers des verts émeraude ou des rouges grenat avec l’apport de nouvelles technologies comme les polymères organiques !

Une façon innovante d’élargir le spectre photovoltaïque

Dans cette aventure industrielle, la connivence entre EDF ENR Solaire et Allouis SA est de celles qui promettent des lendemains qui chantent. Avec à la clé la signature d’une convention de partenariat ! « C’est un fait et sans jeu de mot, le courant est passé entre nos deux entreprises. Je suis ravi d’avoir pu formaliser ce partenariat. Aujourd’hui, le secteur du photovoltaïque est devenu très compliqué et l’environnement s’est durci, entre les baisses de tarif et les appels d’offres. Il va falloir savoir intégrer de nouvelles solutions telles que Face InTec pour tirer notre épingle du jeu. Le photovoltaïque n’est plus seulement une question de rendement ou de TRI. Il prend désormais en compte des considérations architecturales et esthétiques. Je suis heureux d’intégrer Face InTec dans notre offre. Avec ce type de produit, nous intégrons la ressource électrique dans l’enveloppe du bâtiment avec en ligne de mire la RT 2012 et les bâtiments à énergie positive en 2020. C’est une façon d’élargir notre spectre photovoltaïque. Je pense que ce partenariat est le point de départ d’un grand nombre d’installations, le potentiel est énorme » s’enthousiasme Roland Barthez, PDG d’EDF ENR Solaire.
Et Gérald Rios de reprendre la parole pour le mot de la fin ! Le promoteur qu’il est, évoque l’idée de la régénération immobilière au sein du tissu urbain comme un des piliers du développement durable. « Nous ne pourrons pas libérer du foncier indéfiniment. Le lifting que nous venons de réaliser sur un immeuble qui est d’un niveau BBC sans en avoir le label représente une solution foncière d’avenir autour de technologiques innovantes. Et je voudrais ajouter, en cette période de crise, que cette opération a montré que la France dispose d’atouts pour développer des concepts novateurs et pour créer des emplois. Tel est le signal de ce partenariat entre EDF ENR Solaire et Allouis SA » a-t-conclu. .

Encadrés

Pramac, spécialiste du micromorphe

Depuis le mois de juillet 2009, la société italienne Pramac dispose d’une ligne de production très automatisée de 35 MW de modules photovoltaïques micromorphes deux couches dans le Tessin suisse. Les rendements sont aujourd’hui compris entre 9 et 10% et devraient atteindre les 10% début 2012. « Avec la nouvelle réglementation qui limite les installations en toiture hors appel d’offres à 100 kWc, nos produits à rendement moyen reviennent dans la course. Avant, les opérateurs essayaient d’intégrer un maximum de puissance sur les espaces limités des toitures. Aujourd’hui avec la barrière des 100 kWc, ils n’ont plus cette préoccupation et nos produits, en fonction de l’orientation ou de l’inclinaison des toitures, peuvent avoir un ratio kWh/kWc très favorable. Cela nous ouvre de nouvelles perspectives » affirme Stéphane Berthat, directeur général de Pramac France. Avec pourquoi pas sur un même immeuble des mix intéressants, modules en façade pour l’image et modules en toiture pour l’efficience ! « Attention et je tiens à le dire, nous avons de vrais rendements en façade. Ce n’est pas que de la communication ! » s’insurge le directeur.

EDF ENR Solaire demeure un « pure player » du PV

Aujourd’hui, EDF ENR Solaire, spécialiste de l’intégration en toitures de centrales photovoltaïques, compte un peu plus de 10 000 clients particuliers raccordés et plus de 350 réalisations chez les professionnels et les collectivités. Alors que les baisses de tarif et le moratoire ont forcé de nombreuses entreprises du photovoltaïque à diversifier leur activité notamment en direction de l’efficacité énergétique, EDF ENR Solaire tient à demeurer un « pure player » du photovoltaïque. Le groupe a ainsi conservé une centaine de commerciaux sur le B to C qui continuent de sillonner le territoire. Rien que sur le mois de septembre 2011, 450 ventes aux particuliers ont été réalisées avec un total annuel qui devrait dépasser les deux mille installations. « Pour vendre les systèmes, il n’est plus question de TRI. Nous expliquons aujourd’hui aux particuliers que le photovoltaïque est bon pour eux. En effet, l’électricité d’origine photovoltaïque est en capacité de substituer un pourcentage financier de leur consommation via un prix maîtrisé de vente d’énergie sur vingt ans. Sans surprise ! Car, qu’en sera-t-il des prix de l’électricité dans cinq ans ? Cet argumentaire là séduit et n’oublions que la France a encore le meilleur tarif d’Europe pour les particuliers » assène Roland Barthez.
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