Trois questions aux trois candidats du pôle SOLER du SER

Après deux ans de présidence du pôle SOLER du Syndicat des Energies Renouvelable (SER), Arnaud Mine (Président d’Urbasolar) remet ce mercredi 5 octobre son mandat en jeu. Avec lui, ils seront deux à briguer cette présidence : Benoît Rolland (Directeur Général de Tenesol) et Stéphane Muyard (Directeur de Sunnco). Dans un contexte tendu !
Le pôle Soler vient en effet de vivre une période très tourmentée ces deux dernières années, entre les errements d’un gouvernementr devenu inflexible face à la bulle spéculative et un moratoire dirimant adossé à des baisses de tarif drastiques et un volume annuel d’installations PV dérisoire fixé à 500 MW. Au cours de ces deux ans, le gouvernement a donc remis en cause brutalement le développement du solaire photovoltaïque en France pointant du doigt son coût prohibitif. Avec deux points de vue qui se sont opposés au plus fort de la crise. Il y avait d’un côté les tenants des baisses de tarif rapides pour endiguer la bulle et assainir le marché et d’un autre côté, ceux, plus rares mais aussi plus agressifs envers le gouvernement, qui prônaient le statu quo et un maintien des conditions.
Dans la tempête et malgré ses dissensions, le pôle SOLER a toujours réussi à maintenir le contact avec l’administration. D’aucuns y ont vu une forme d’allégeance au pouvoir en place et un manque de détermination à défendre les petites entreprises au profit des grands groupes sous influence étatique. D’autant qu’au fil de la crise du photovoltaïque, de nombreuses PME et les salariés de la filière ont payé au prix fort (licenciements, dépôts de bilan) leur engagement pour développer cette énergie du futur.
A travers trois questions posées à chacun des candidats, Plein Soleil vous invite à connaître les motivations, les programmes et les projets de ce trio de protagonistes. Trois professions de foi en somme !

Plein Soleil : Quel bilan tirez-vous de ces deux dernières années du pôle SOLER ?

Arnaud Mine : Secoués dans la tempête, je crois que nous avons réussi à obtenir quelques aménagements et quelques concessions sur le tarif et nous avons réussi à maintenir une forme de cohérence à la filière, des gros acteurs jusqu’aux plus petits, en montrant qu’une vision collective était toujours possible malgré les divergences. Mais, notre bilan n’est pas non plus un bilan de satisfaction. Nous n’avons pas pu infléchir les décisions du gouvernement dont la volonté a été forte avec de très forts lobbys à l’oeuvre. Nous ne sommes ainsi pas satisfaits des volumes obtenus ni des appels d’offres.

Benoît Rolland : Le pôle SOLER a essayé de tirer son épingle du jeu dans un contexte délicat et, au vu de ce qui lui est tombé sur la tête, je crois pouvoir dire qu’il a fait du bon travail.

Stéphane Muyard : Le bilan n’est franchement pas facile à faire. Depuis quelques mois, les résultats ont été catastrophiques pour la filière. Etait-il possible de faire mieux ou pas ? Il est difficile de répondre. Les décisions ont été prises en très haut lieu. Ce que l’on peut déplorer en revanche, c’est le manque de dialogues avec les adhérents.

Plein Soleil : Qu’est ce qui vous pousse à vous présenter ?

Arnaud Mine : Je suis présent depuis 1993 dans la filière et j’y ai tout vécu. Je n’ai aucun désir d’accomplissement personnel. Nous arrivons à l’heure actuelle sur une période qui devrait être plus cyclée avec en vue la parité réseau qui est un moment clé. Nous sommes dans une phase de transition vers le marché de masse. Je suis très motivé par cette transition. Après cette période, je ne serai plus candidat. Quant à ceux qui me reprochent ma proximité avec les grands groupes, je leur dit que je ne suis le candidat de personne, moi le chef d’entreprise d’une PME de province Vous savez quand même, lorsque vous êtes confrontés aux pouvoirs publics et que vous parlez au nom des grands groupes on vous écoute surtout si ce que le travail que vous présentez, comme on l’a fait au sénat, est sérieux et argumenté.C’est cela la raison même de l’existence de SOLER, exposer des faits matériels et techniques loin de tout militantisme.

Benoît Rolland : Je souhaite développer le travail en équipe et mettre en place une organisation qui permettra aux différents acteurs de la filière de faire partager leurs suggestions aux pouvoirs publics. Il faut marteler que l’énergie solaire représente une vraie énergie pour demain, une énergie qui va compter au vu des progrès réalisés ces dernières années. Je pense que ma candidature aidera à la crédibilité du solaire. Même si Tenesol appartient à Total à 100% dans quelques jours (Total a racheté les autres 50% à EDF), la société Tenesol s’est débrouillée par elle-même avec à la clé 400 emplois et une usine de fabrication dont l’export représente près de deux tiers du chiffre d’affaires. C’est cette expérience que l’on veut faire partager. Même si un grand groupe est derrière Tenesol, tout n’est finalement question que d’état d’esprit. Je suis et je serai à l’écoute de tous les acteurs de la filière dans son intégralité et sans suffisance.

Stéphane Muyard : Je me présente car j’ai la volonté d’apporter plus de concertations et de démocratie dans le fonctionnement du pôle SOLER tout en travaillant plus étroitement encore avec le SER et son président Jean-Louis Bal. On doit retrouver plus d’efficacité. Deuxième point, je crois que nous devons désormais adopter une attitude plus décomplexée vis-à-vis du gouvernement. La file d’attente est purgée, la CSPE sous contrôle, nous devons faire entendre notre voix. Nous devons faire preuve de plus de fermeté car nous n’avons plus rien à nous reprocher.

Plein Soleil : Quel programme, quel projet portez-vous ?

Arnaud Mine : Je porte deux objectifs et une méthode nouvelle de travail. Avant la présidentielle, il faut obtenir un volume cible de 1 GW par an sans baisse effrénée des tarifs et il faut faire comprendre que les appels d’offres entre 100 et 250 kWc n’ont aucune raison d’être. Pour les présidentielles, nous présenterons notre « Livre Blanc » qui concerne toutes les énergies renouvelables confondues, à tous les candidats. Pour le PV, l’objectif 2020 s’élève à 20 GW. Côté méthode de travail, je proposerai un vice-président. Je désire également un bureau restreint avec un exécutif de quatre à cinq membres apte à bosser autour de thématiques cibles : Industrie, R&D, « PV et bâtiment » et Export. Moins de blabla mais une répartition du travail pour élaborer des plans d’action efficaces !

Benoît Rolland : Si nous voulons faire gagner la filière, nous ne le ferons pas qu’avec les grands groupes. Le solaire est une énergie décentralisée qui vient du local. Ce sont les PME qui donnent la dynamique à la filière et cela n’est pas antinomique avec la puissance des grands groupes en aval et en amont. Des années importantes sont devant nous pour la filière solaire. Il faut bien les préparer. Je verrai le bureau qui sera élu mais je vois bien la mise en place de groupes de travail qui se réunissent souvent et progressent à l’unisson sur des axes prioritaires.

Stéphane Muyard : Je me battrai pour consolider le pôle industriel français car il n’y aura pas d’aval en France s’il n’y a pas d’amont. De nouveaux savoir-faires, de nouvelles technologies doivent naître en France. De plus, avec la baisse des prix, les modules deviennent de moins en moins la partie sensible du système. Il faut faire passer le message qu’avec le même budget on peut faire deux fois plus de volume. Autre point, la partie électrique, les smart-grids deviennent primordiaux dans le développement de la filière. Je me pose enfin en défenseur de tous les adhérents du pôle SOLER en cette période préléectorale où il va beaucoup être question du mix énergétique. Je plébiscite une vision rassemblée avec les organisations du bâtiment. Je pense qu’une synthèse de tous les acteurs est possible, elle n’est pas faite aujourd’hui.

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