Installé depuis des lustres à Espira de l’Agly dans les Pyrénées-Orientales, le domaine Piquemal est ce que l’on peut appeler une référence viticole de ce Sud de France. Pour accroître la vente directe de ces produits, la famille Piquemal a construit un caveau et une cave de dernière génération sur le bord de la route. Sur le toit de la cave, une centrale photovoltaïque intégré de 189 kWc interpelle les touristes et fait briller le souvenir !
Encerclé par les Corbières et épié par la tour del Far de Tautavel, véritable sentinelle du Roussillon, le village d’Espira de l’Agly est la porte d’entrée de la vallée de l’Agly, haut lieu de la viticulture du Sud de la France. A l’orée d’Espira de l’Agly, en bordure de départementale, un panneau annonce le Domaine Piquemal. Deux bâtiments flambant neufs, l’un en forme de U d’un rouge vermillon, l’autre dotée d’une toiture monopente scintillante aux reflets bleus sont devenus le nouvel antre commercial et viticole du domaine qui était anciennement niché dans le cÅ“ur du vieux village. A l’abri des regards avec un accès motorisé digne d’un parcours du combattant ! « Désormais, le domaine est très visible et facilement accessible pour les touristes mais aussi pour nos fournisseurs qui nous livrent bouteilles et autres produits avec leurs gros camions. Depuis le début de l’été 2011, nos ventes directes connaissent une progression fulgurante, une activité génératrice de marges confortables en termes de négoces » se réjouit Pierre Piquemal. Il faut dire que le caveau de dégustation est à lui seul une véritable invitation à déguster les vins du domaine qui s’étend sur une soixantaine d’hectares et produit près de 200 000 bouteilles par an.
« Un toit photovoltaïque porteur d’un message fort »
C’est un fait incontestable. Les nouveaux bâtiments ont eu pour effet immédiat de renforcer l’image de marque du domaine. D’autant que l’impact visuel du nouvel ensemble est transcendé par une installation photovoltaïque de 189 kWC intégrée en toiture qui recouvre la nouvelle cave de 1350 m² entièrement isolée par l’extérieur. « Ce toit photovoltaïque est porteur d’un message fort. C’est plus que de la communication. Il montre notre volonté à aller vers une agriculture de plus en plus respectueuse de l’environnement. Et puis sur un plan esthétique, la centrale solaire en jette. Les visiteurs sont vraiment impressionnés. Nos importateurs chinois qui sont venus au domaine ont apprécié la démarche » poursuit Pierre Piquemal. Alors c’est vrai les démarches, de la genèse du projet photovoltaïque jusqu’au raccordement lors de la première semaine d’août 2011, n’ont pas été un long fleuve tranquille. « Sans le bureau d’études Tecsol, je dois avouer que nous ne nous en serions pas sortis. Grâce à leur expertise, nous sommes passés entre les gouttes de la baisse des tarifs et du moratoire. Notre PTF a été signée dans les temps ce qui nous permet de disposer d’un tarif d’achat à 0,60 euro le kWh, une manne bienvenue dans cet investissement particulièrement lourd de 1,1 millions d’euros HT juste pour la cave» reconnaît le viticulteur chef d’entreprise.
Une cave à énergie positive
Pour disposer du tarif dit intégré, la toiture a donc été réalisée avec le système de rails Mecosun doté d’une isolation et des panneaux espagnols Siliken, fabriqués à Valence, qui font étanchéité. Les 225 modules déploient une puissance de 189 kWc. Avec une productivité estimée à 1 221 kWh/kWc par an, la production est attendue à 230 684 kWh chaque année. « Avec une telle production, la cave peut quasiment être assimilée à un bâtiment à énergie positive. Elle produira plus d’énergie que n’en consomme le bâtiment. Les besoins les plus importants sont effectifs pendant la période de vinification où il faut faire du froid pour réguler la fermentation. Ensuite, tout au long de l’année, la température du vin sera autorégulée et les besoins en énergie réduits grâce au phénomène d’inertie du stock de vin. Cette installation préfigure ainsi l’avenir des systèmes photovoltaïques, au plus près des lieux de consommation électrique. Ils préparent la parité réseau de demain » annonce André Joffre, PDG de Tecsol et président du pôle de compétitivité Développement des Energies Renouvelables dans le Bâtiment et l’Industrie (DERBI). Le domaine Piquemal peut ainsi fièrement afficher son activité vinification à zéro carbone. Une étape primordiale dans la chaîne de production et de distribution !
Au nom du fils !
En amont le domaine Piquemal utilise, depuis des années déjà , de l’eau déminéralisée pour les traitements ce qui a pour effet de réduire les doses de produits phytosanitaires par maîtrise des hydrolyses lors des traitements. « Le traitement est plus équilibré. Chez nous, on ne voit pas les feuilles bleues en début de rangée comme chez d’autres viticulteurs. Avec ce procédé, nous réduisons jusqu’à 30 à 50% les doses » confirme Pierre Piquemal. En aval, il y a le développement de la vente directe, symbole du circuit court non polluant. Et puis, le l’autre bâtiment en U qui comprend un entrepôt de stockage et sa charpente bois et le caveau sont réalisés en briques monomur alvéolées de 37,50 centimètres positionnées au laser. Ces briques assurent un confort thermique et acoustique exceptionnel tout en limitant les consommations d’énergie. Pas de doute le domaine Piquemal est dans le vrai, il s’inscrit sur le chemin de l’avenir, une voie qui avait été tracée par Franck Piquemal, l’héritier naturel emporté par la maladie et trop tôt disparu à l’aube de ses quarante ans. Ce projet foncier et solaire, Pierre Piquemal l’a finalement mené à bien dans le respect de la mémoire de son fils mais aussi pour sa fille, Marie-Pierre, qui a désormais pris la relève. Dans la gamme du domaine, un Muscat porte un joli nom prédestiné : « Les larmes d’Hélios » !
Photo: Pierre Piquemal et André Joffre trinquent à la réussite du projet. Thierry Grillet, l’Indépendant