Les stupéfiantes lamentations du PNC-France face aux « lobbyistes » des renouvelables

PNC-France (Patrimoine Nucléaire et Climat) a, ces derniers jours, envoyé une lettre au président Emmanuel Macron pour suspendre la PPE mais aussi pour l’alerter et le mettre en garde contre les risques induits par un excès de production d’électricité intermittente (éolienne et solaire) qui déstabilise dangereusement le réseau électrique, risque technique amenant au blackout, et risque économique affectant le prix de l’électricité pour le consommateur final. Sans oublier une attaque en règle contre les insupportables ingérences des fanatiques des tenants des renouvelables dans le débat énergétique français. On croit rêver !   

 

La troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) est au cÅ“ur d’un débat sur ”la souveraineté énergétique de la France”, alors que la présentation de cette PPE3 – qui doit fixer la feuille de route énergétique de la France et qui suscite d’intenses échanges sur le partage entre nucléaire et renouvelables – a pris du retard. Lundi après-midi, 28 avril, à l’Assemblée nationale, ce débat sans vote proposé par le premier ministre François Bayrou a donc bien eu lieu à l’Assemblée nationale, avant le Sénat le 6 mai prochain. La PPE « sera publiée d’ici la fin de l’été afin d’apporter la visibilité nécessaire aux différentes filières industrielles de l’énergie », indique le Premier ministre.

 

Un appel solennel à suspendre la publication de la PPE

 

Dans ce contexte très tendu et par une lettre à Emmanuel Macron, PNC-France appelle solennellement à suspendre la publication de la PPE3, à freiner le développement des énergies intermittentes. « Nous devons restaurer la maîtrise de notre réseau en rétablissant au bon niveau notre potentiel de production pilotable, et à conduire une étude d’impact environnementale, technique et économique permettant de définir de façon rationnelle le mix de production électrique optimal à moyen comme à long terme. Cette étude pourrait être pilotée par l’OPESCT (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologique), avec l’appui des Académies » souligne PNC-France. Présidée par Bernard Accoyer, ancien député LR, cette association de Défense du Nucléaire mène une campagne très dure contre les Renouvelables, convoquant les lobbys du solaire et de l’éolien. « Force est de constater que depuis plus d’un quart de siècle le pouvoir politique et certaines administrations centrales ont été pénétrés par une idéologie décroissante antinucléaire et pro renouvelables qui a su instrumentaliser fallacieusement la lutte urgente contre le dérèglement climatique, oubliant la remarquable performance d’un mix électrique décarboné reposant sur ses atouts, le nucléaire et l’hydroélectricité, garants de la stabilité d’un réseau avec un gaz très minoritaire » écrit le PNC évoquant un aveuglement et la poursuite aveugle d’une politique énergétique inadaptée, au mépris des lois physiques. « Il est temps d’ouvrir les yeux et de mettre en Å“uvre une politique énergétique dictée par la raison et non par l’idéologie » poursuit le PNC.

 

« Une forme de corruption au moins idéologique »

 

Dans sa missive présidentielle, PNC pointe des personnalités politiques militantes alternant postes de dirigeants associatifs engagés et postes gouvernementaux ou fauteuils de parlementaires, ainsi que d’innombrables mouvements de personnels entre le secteur associatif militant, des cabinets ministériels, des institutions officielles chargées de l’environnement et de l’énergie, des lobbys et entreprises énergétiques, qui ont prospérés et prospèrent encore. « Les exemples sont innombrables. Ce mélange des genres, ces situations propices aux conflits d’intérêts, pourraient relever d’une forme de corruption au moins idéologique. L’influence et les pressions ainsi exercées expliquent-elles un entêtement des pouvoirs publics fondé sur le mépris du parlement et de la parole des experts ? Ce questionnement devrait conduire à mener une enquête approfondie dont les conclusions permettraient de remettre en ordre de marche l’Administration de notre République » poursuit le PNC. Comme si Anne Lauvergeon ou Henri Proglio, encore très présents dans la sphère politico-médiatique, n’existaient pas.

 

Les renouvelables, une voie irrationnelle et suicidaire

 

Car il faut dire qu’en matière de lobby, en ces temps de conclave, les apôtres du nucléaire en connaissent un rayon, sans mauvais jeu de mot. Avec son allié le Cercle d’étude réalités écologiques et mix énergétique (Cérémé), les défenseurs du nucléaire ont des entrées dans toutes les sphères du pouvoir et sont soutenus par certains grands pontes de l’industrie et du monde de l’énergie. Mais le monde a changé. L’exception nucléaire française peine à convaincre alors que l’énergie solaire s’impose partout dans le monde. Et PNC de durcir le ton contre l’évidence du changement de paradigme énergétique planétaire et de parler du « caractère irréaliste du projet, et ses effets délétères sur l’économie française ». Pour PNC, « il est paradoxal et condamnable que l’Administration reste muette, sans doute faute de réponse rationnelle à opposer aux critiques faites, et s’autorise à engager des appels d’offres considérables dans l’éolien comme dans le solaire, dans l’esprit de la version contestée de ce projet de PPE3. La persistance des pouvoirs publics dans cette voie irrationnelle et suicidaire, pour notre industrie et notre économie, relève d’un parti pris sans fondement scientifique réaliste et conduit à s’interroger sur l’impartialité des décideurs ». Vous avez dit mauvaise foi ?  

 

 

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