Formation stockage du 29 avril : trois questions à Maximilien Endler, directeur technique du bureau d’études Tecsol

Plein Soleil : En cette année 2025, lorsque l’on évoque les énergies renouvelables, immanquablement le stockage et les batteries viennent sur la table. Les batteries sont-elles devenues incontournables au sein de l’écosystème EnR et pourquoi ? Jusqu’à faire l’objet d’une formation spécifique.
Maximilien Endler : Cette formation Tecsol dédié au stockage part du constat que le monde du solaire sort peu à peu des dispositifs très pérennes des tarifs d’achats, avec la fin programmé du S21 en 2025, pour entrer dans des systèmes plus complexes d’autoconsommation individuelle ou collective avec complément de rémunération mais aussi par la vente d’électrons verts au sein même du marché de l’électricité beaucoup plus volatil. Il ne vous aura pas échappé non plus qu’il est beaucoup question depuis un ou deux ans de prix négatifs de l’électricité dès les premiers mois du printemps et en été, dus notamment à la forte production d’énergie solaire qui inonde l’Europe. Pour équilibrer tout cela, des flexibilités se mettent en place avec le changement des heures creuses en été. Mais également le chaînon manquant, le stockage, qui permet en partie de pallier cette nouvelle donne énergétique. Depuis quelques mois, les fabricants d’onduleurs multiplient d’ailleurs leurs offres de produits hybrides avec stockage et les batteries déferlent sur le marché. Preuve que la dynamique est bien sur le stockage aujourd’hui avec 20 GWh de demandes en France et jusqu’à 200 GWh dans le pipe en Allemagne.
PS : Techniquement qu’est-ce que cela change pour les opérateurs et les agrégateurs ?
ME : Lors de la formation, nous aurons justement un agrégateur avec nous, Bohr Energie dont le métier est de valoriser les électrons verts sur le marché. Cela signifie qu’aujourd’hui lorsque les prix négatifs apparaissent entre 11h00 et 16h00, l’agrégateur coupe les centrales solaires. Il ne veut pas faire perdre de l’argent à ses clients. Et les agrégateurs vont avoir beaucoup de clients dans les mois qui viennent car comme je vous l’ai dit, la fin du S21 va faire qu’il y aura beaucoup de centrales petites et moyennes du segment 100-500 kW qui vont être concernées par le complément de rémunération. Avec les batteries, cette énergie perdue pourra être récupérée et mieux valoriser : en étant réutilisée en autoconsommation, mais aussi pour les services systèmes (écrêtage, gestion de fréquence, réserve primaire, secondaire ou tertiaire) ou encore via le trading sur le marché avec une revente de l’électron quand le kWh est au plus haut. Des arbitrages que les professionnels de l’agrégation vont devoir appréhender pour rentabiliser au mieux les batteries dont les coûts sont en train de fortement baisser. Le sujet est complexe, passionnant, et nous fait entrer dans les high techs digitales pour un pilotage toujours plus fins des arbitrages.
PS : Le solaire avec stockage représente-t-il l’avenir ?
ME : C’est une évidence. Aujourd’hui, certains vont même jusqu’à dire qu’un projet solaire sans batterie n’a plus de sens en Europe. C’est un peu radical mais quand même. Il va falloir déjà beaucoup plus travailler les flexibilités et les attitudes des consommateurs pour les mettre en phase avec les périodes de production. Le développement du véhicule électrique et le V2G ou V2B que l’on abordera un peu lors de la formation devrait faire évoluer les choses, les voitures devenant elle-même des moyens de stockage. En tous les cas, cette formation tombe à point nommé pour effectuer un point d’étape global sur l’état de l’art du stockage à l’instant T : la technique, la valorisation économique sans oublier le juridique avec notre partenaire De Gaulle Fleurance et les retours d’expériences d’acteurs incontournables du secteur.

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