Selon une étude Deloitte, la consommation d’électricité des data centers triplera d’ici 2030, et atteindra l’équivalent de la consommation annuelle combinée de la France et de l’Allemagne. Alors que ces infrastructures deviennent essentielles pour soutenir l’essor de l’intelligence artificielle, elles posent des défis majeurs en matière d’impact environnemental et de gestion énergétique mondiale. Sans une adoption massive et rapide des EnR, l’IA deviendra une technologie climaticide !
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Les data centers sont devenus le socle incontournable de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle. En 2024, ils ont représenté près de 1,4 % de la consommation électrique mondiale, un chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici 2030 en raison de la croissance rapide des usages liés à l’IA. En effet, et ce malgré des avancées significatives en efficacité énergétique, l’augmentation exponentielle de la demande en calculs complexes pourrait compromettre les efforts de réduction de l’empreinte carbone mondiale si des actions correctives ne sont pas entreprises.
L’adoption massive des énergies renouvelables est essentielle
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Pour relever ce défi, l’étude Deloitte propose quatre axes d’intervention. Tout d’abord, les gains d’efficacité énergétique doivent être poursuivis à un rythme soutenu. Des solutions comme les processeurs optimisés et les technologies de refroidissement avancées permettent de réduire jusqu’à 30 % la consommation d’électricité dans les infrastructures les plus modernes. Mais ces gains doivent être généralisés à l’ensemble des data centers. Ensuite, l’adoption massive des énergies renouvelables est essentielle. Dans un scénario aligné avec les objectifs “Net Zero” de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les émissions de CO2 des data centers pourraient plafonner dès maintenant. A contrario, des politiques moins ambitieuses pourraient entraîner une hausse continue des émissions jusqu’à 2035, avec des conséquences graves sur le climat.
L’IA alliée dans la gestion des réseaux électriques
La transparence est également un levier important. L’utilisation d’indicateurs comme le PUE (« Power usage effectiveness ») et le WUE (« Water usage effectiveness ») permet aux entreprises de mesurer et d’optimiser leurs performances énergétiques. Par le biais d’une standardisation, cette transparence faciliterait l’échange de meilleures pratiques et encouragerait des réglementations plus adaptées. Enfin, une approche collaborative entre les data centers, les industries et les réseaux énergétiques locaux est nécessaire. En adaptant les périodes d’entraînement des modèles d’IA à la disponibilité énergétique, ces infrastructures peuvent devenir des alliées dans la gestion des réseaux électriques et réduire les tensions liées à la demande.
Vers une IA durable et responsable : un enjeu collectif
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Au-delà de leurs impacts négatifs, les data centers et l’intelligence artificielle recèlent également un potentiel unique pour répondre aux défis climatiques. L’IA, lorsqu’elle est utilisée de manière stratégique, peut optimiser la consommation énergétique dans les transports, les bâtiments et l’industrie, réduisant ainsi leurs émissions globales. « L’impact de l’IA sur les systèmes électriques est un signe précurseur de ce que le monde vivra – à une échelle beaucoup plus grande – lorsque l’électrification de l’économie mondiale aura pleinement démarré. L’enjeu n’est pas seulement de les rendre plus efficaces, mais aussi d’aussi d’améliorer la coordination avec les systèmes électriques et les hubs énergétiques régionaux. », souligne Dr. Johannes Trüby, Associé Deloitte Economic Advisory.