Le cabinet Colombus Consulting publie la 9ème édition de son étude annuelle consacrée à la santé financière des producteurs d’électricité européens. La consommation d’électricité continue de diminuer, notamment du fait des crises géopolitiques récentes, tandis que la consommation de gaz atteint un niveau historiquement bas. Dans ce contexte, les producteurs d’électricité continuent à faire preuve de résilience et d’investir massivement dans les énergies renouvelables afin de rester compétitifs. Décryptage ! Â
Â
Les producteurs d’électricité européens font face à une instabilité accrue des prix. En 2023, le marché européen de l’électricité a en effet connu une grande volatilité en raison du contexte géopolitique. Cette instabilité a été accentuée par les mesures visant la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables. En France, après une année 2022 difficile en raison d’une faible disponibilité du parc nucléaire, la production nucléaire s’est améliorée en 2023, stabilisant ainsi la situation financière d’EDF. Ce constat contraste avec les défis rencontrés par les entreprises moins diversifiées, qui ont souffert de la volatilité du marché. « Les entreprises ayant investi dans les énergies renouvelables ont mieux résisté aux turbulences, ce qui souligne l’importance de s’adapter rapidement aux nouvelles dynamiques du marché pour rester compétitif », souligne Adrien Evrard, consultant énergie chez Colombus Consulting.
Â
Chute de la consommation énergétique en Europe
En 2023, La consommation d’électricité a continué de diminuer, tandis que la consommation de gaz a atteint un niveau historiquement bas : entre 2021 et 2023, la consommation de gaz dans l’UE a diminué de 24,3 %, tandis que la consommation électrique a diminué de 6,3 % sur la même période. Dans ce contexte, en 2023, la France a renforcé sa sécurité électrique : la production d’électricité a augmenté de 11 %, et la consommation a baissé de 3,2 %, un niveau historiquement bas. Les prix de l’électricité sur le marché de gros ont chuté, de 276 €/MWh à 97 €/MWh, grâce à une meilleure production nucléaire et hydraulique et à la baisse des prix du gaz, même s’ils restent au-dessus des niveaux pré-crise. Ainsi, la France est redevenue un exportateur net d’électricité avec un solde positif de 50,1 TWh. Enfin, les émissions liées à la production d’électricité sont au plus bas depuis les années 1950.
Â
Les politiques européennes de décarbonation et les investissements verts ont permis aux énergies renouvelables de surpasser les combustibles fossiles
« Dans le contexte de baisse de la consommation, les producteurs d’électricité intensifient leurs investissements dans les énergies renouvelables pour diversifier leurs sources d’approvisionnement, ce qui accentue les épisodes de prix négatifs en attendant que la consommation reparte. En 2023, l’Europe a réduit ses capacités de production thermique de 15 % tout en augmentant de 15 % celles issues des énergies renouvelables, ainsi positionnées pour la première fois en tête des capacités installées », analyse Rayan Boudaoui, consultant énergie chez Colombus Consulting. La capacité hydraulique a baissé de près de 7 % en raison de travaux de maintenance et de la baisse des investissements. Enfin, le secteur nucléaire subit des variations régionales : la fin du nucléaire en Allemagne (-24,5 % pour EON) et hausse en Finlande avec la mise en service de l’EPR Olkiluoto (+13,4 % pour Fortum). En France, EDF a enregistré un bénéfice net de 10 milliards d’euros grâce à la hausse des prix de l’électricité et à une meilleure production nucléaire, ayant progressé de 279 TWh à 320 TWh entre 2022 et 2023. La capacité de production des principaux producteurs d’éléctricité a baissé entre 2022 et 2023, mais reste marquée par une augmentation de la part d’énergies renouvelables, ainsi que par un recul de la production thermique et nucléaire.
Â
Dans cet environnement mouvant, les énergéticiens adaptent leurs stratégies
Les acteurs de secteur ont adapté leurs stratégies entre investissements tactiques et diversification de leurs sources d’énergie, avec pour conséquences un endettement en hausse couplé à un EBIDTA en forte croissance, pour certains un renfort de la trésorerie (RWE), ou une meilleure diversification de la dette (EnBW). Par ailleurs, la vente des actifs thermiques a permis aux énergéticiens d’optimiser leurs ressources financières. « En 2023, les producteurs d’électricité européens ont généré des flux de trésorerie en vendant des actifs thermiques plutôt qu’en procédant à des démantèlements massifs. En effet, le démantèlement, coûteux et peu rentable à court terme, pousse les entreprises à privilégier la vente d’actifs thermiques fonctionnels mais non stratégiques à des acteurs tiers misant sur des reconversions ou en la valorisation de la valeur capacitaire », commente Augustin Montane de la Roque, consultant énergie chez Colombus Consulting. Toutefois, ces actifs restent attractifs pour stabiliser les réseaux face aux variations des énergies renouvelables. Pour illustrer cette valorisation de la valeur capacitaire, Alpiq a acquis des centrales à cycle combiné gaz en Espagne et en Hongrie pour garantir la flexibilité du réseau électrique, tandis que Fortum vise une production stable avec une meilleure efficacité énergétique. Ces acquisitions garantissent la flexibilité et la capacité nécessaires pour accompagner la transition énergétique.
La 9ème édition de l’étude « Santé financière des producteurs d’électricité » réalisée par Colombus Consulting est disponible sur demande.