Décarbonation des bâtiments : un immense défi à relever

La décarbonation du parc immobilier non résidentiel existant dans le monde jouera un rôle important pour atteindre les objectifs climatiques de 2030 et 2050. Le parc existant comprend les bureaux, les hôpitaux, les usines, les entrepôts, les établissements d’enseignement et les bâtiments commerciaux. En France, les bâtiments consomment à eux seuls près de 43 % de l’énergie nationale et ils génèrent 23 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) français…

Selon l’Autorité Internationale de l’Énergie (AIE), l’exploitation des bâtiments représente 30 % de la consommation mondiale d’énergie finale et 26 % des émissions mondiales liées à l’énergie. L’agence souligne que « …le secteur a besoin de changements plus rapides pour garder le cap du scénario Zéro Emission Nette (NZE) d’ici à 2050. Cette décennie est cruciale pour mettre en Å“uvre les mesures qui permettront d’atteindre les objectifs visant à ce que tous les nouveaux bâtiments, et 20 % du parc immobilier existant soient prêts pour la neutralité carbone d’ici 2030 ». Atteindre cet objectif, selon l’AIE, nécessite un taux annuel de rénovation en profondeur de plus de 2 % jusqu’en 2030 et au-delà. Pourtant, bien que des rénovations complètes des bâtiments commerciaux puissent réduire leur consommation d’énergie jusqu’à 40 %, leur nombre est loin d’être suffisant pour atteindre les objectifs climatiques, selon un rapport publié par le Conseil américain pour une économie écoénergétique (ACEEE).

Les normes obligatoires se développent à l’échelle mondiale

Des progrès ont déjà été réalisés dans la transition vers des bâtiments plus intelligents et plus économes en énergie. L’investissement mondial du secteur du bâtiment dans l’efficacité énergétique a augmenté d’environ 16 % par rapport à 2020, pour atteindre un total d’environ 237 milliards de dollars (AIE 2022). En avril 2024, la Commission européenne a officiellement adopté une directive obligeant les États membres à réduire les émissions et la consommation d’énergie des bâtiments. Pour les bâtiments non résidentiels, les États membres doivent rénover 16 % de leurs bâtiments les moins performants d’ici 2030 et 26 % des bâtiments les moins performants d’ici 2033. En dehors de ces obligations légales, les initiatives visant à réduire les émissions de carbone grâce à une moindre consommation d’énergie sont commercialement convaincantes sur deux aspects.

Avantages éthiques et commerciaux de la décarbonation

Premièrement, les entreprises lèvent de plus en plus de fonds sur les marchés de capitaux en émettant des obligations vertes et durables. Pour ce faire, elles doivent présenter des initiatives qui réduisent sensiblement leur empreinte carbone. Deuxièmement, dans un monde qui a récemment connu une crise majeure du carburant, les réductions de la consommation d’énergie permettent d’économiser de l’argent. La diminution de la consommation d’énergie, grâce aux technologies numériques, est devenue un moteur majeur de l’investissement dans les bâtiments « intelligents ».

Financement flexible comme catalyseur

La décarbonation du secteur des bâtiments non résidentiels nécessite des investissements considérables. Le manque de capitaux disponibles, ou les préoccupations liées aux risques associés aux investissements énergétiques peuvent empêcher un nombre important de propriétaires de bâtiments de réduire leurs coûts d’exploitation et de réduire leur émission carbone. Cependant, des solutions de financement flexibles permettent de réduire les coûts d’exploitation sans exercer de pression sur les ressources, d’éviter de mettre ce capital en péril et de garantir la réalisation des économies escomptées. Ce type de financement provient généralement de financiers spécialisés qui possèdent une connaissance approfondie de la technologie et de ses applications pratiques. De toute évidence, les initiatives du secteur public doivent être accompagnées d’un soutien du secteur privé, en particulier du financement du secteur privé.

Solutions de financement intelligentes

Le financement des bâtiments « intelligents » prend diverses formes, en fonction des processus métiers qui doivent être mis en Å“uvre. Pour les installations ou les systèmes de plus grande envergure, des modalités de financement peuvent être adaptées et ajustées afin d’aligner les coûts sur le taux de bénéfice tiré de la technologie d’efficacité énergétique. Au niveau le plus complexe, les accords de financement « as a service » fournissent la solution : les économies attendues d’une meilleure efficacité énergétique étant exploitées et utilisées pour payer l’investissement en capital et plus encore. Souvent, ces dispositions peuvent être rendues neutres sur le plan budgétaire pour le propriétaire du bâtiment, évitant ainsi toute dépense d’investissement. Les arrangements dits « d’efficacité énergétique as a service» ont déjà permis la transition vers l’efficacité énergétique pour de nombreuses organisations, même dans des conditions économiques difficiles.

Etude de cas avec du photovoltaïque

Le brasseur haut de gamme Darguner Brauerei cherchait un moyen d’obtenir une plus grande indépendance vis-à-vis de ses fournisseurs d’énergie, en raison de la hausse des coûts de l’énergie sur le marché allemand. Malgré un certain nombre d’offres de plusieurs fabricants (tous avec leurs propres solutions de financement), l’offre commune de Schoenergie GmbH et SFS (Siemens Financial Services) avec une proposition de financement spécialement adaptée a fait pencher la balance pour le fournisseur. SFS a soutenu l’opération avec une solution de financement à long terme, inégalée par ses concurrents. Grâce au nouveau système photovoltaïque installé par Schoenergie GmbH, le client peut couvrir lui-même 10 % de sa consommation d’énergie. CQFD !

 

Encadrés

Qu’est-ce que le décret Tertiaire ?

Un cadre réglementaire français contraignant en faveur de la maîtrise de la demande énergétique.

Le décret tertiaire, spécifique à la France, reprend les jalons de la Directive Européenne et fixe les objectifs nationaux pour tous les bâtiments de + de 1 000 m²

• moins 40 % en 2030

• moins 50 % en 2040

• moins 60 % en 2050

Le décret Tertiaire vous concerne si vous êtes …

• Propriétaire ou exploitant

• D’un bâtiment ou d’un ensemble de bâtiments ayant une surface d’au moins    1 000 m²

• Dédié à des activités tertiaire

Qu’est-ce que le décret  BACS ?

L’obligation de mesurer et d’analyser vos consommations énergétiques. Le décret BACS est l’étape qui vient à la suite du décret Tertiaire.  Il a pour objectif d’analyser la consommation énergétique.

 

 

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