La principale conclusion de la 21ème édition de l’Etat des Energies Renouvelables est sans appel. Les énergies renouvelables se développent trop lentement. L’énergie solaire fait, pour sa part, plutôt partie des bons élèves…
Les énergies renouvelables ont continué à croître en 2021 mais à un rythme loin d’être suffisant au vu des objectifs fixés. Au total, la part des sources renouvelables dans la consommation brute d’énergie s’est élevée à 21,8 % (en léger recul étant donné l’augmentation de la consommation, toutes sources confondues) alors que l’UE27 vise une part de 40 % à fin 2030. L’éolien en mer, filière locale sur laquelle compte particulièrement l’Union Européenne pour atteindre ses objectifs climatiques, n’a mis en service qu’un seul parc au Danemark (604,8 MW). Au total dans l’UE, ce sont 188,4 GW de capacités éoliennes qui étaient en service fin 2021. Le photovoltaïque s’en sort mieux avec une croissance de plus de 40 % (25,7 GW) par rapport à 2020 (18,3 GW) pour atteindre 162 GW installés fin 2021.
Le solaire photovoltaïque en croissance dans les pays membres
Le marché solaire photovoltaïque de l’Union européenne est resté très actif en 2021 malgré des conditions de développement difficiles marquées par une reprise économique post Covid qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement des composants et entraîné des augmentations des prix des modules. L’attractivité du solaire photovoltaïque est cependant restée forte en raison des prix élevés du marché de l’électricité en 2021 et de la compétitivité de l’électricité solaire. Selon Eurostat, la puissance maximale nette de l’Union européenne à 27 a augmenté d’au moins 25 702,9 MW entre 2020 et 2021, comparé à une augmentation de 18 272,8 MW entre 2019 et 2020 (+ 40,7 %). La puissance cumulée de l’Union européenne a ainsi atteint 161879,2 MW fin 2021 (161,9 GW), en croissance de 18,9% par rapport à 2020. En 2021, la puissance nette photovoltaïque supplémentaire de l’Union européenne a atteint un niveau record. Elle dépasse enfin son précédent record établit dix ans auparavant (+ 22 253,8 MW en 2011). La grande différence est que le PV avait atteint en 2011 un pic d’installation suivi d’une période de baisse d’activité, alors que le niveau de 2021 ne devrait être qu’une étape vers des niveaux d’installations beaucoup plus élevés. La situation est égale – ment très différente concernant les niveaux de rémunération de l’électricité solaire. Vers la fin des années 2000, la course à l’installation étant en grande partie spéculative, les développeurs cherchant à bénéficier de tarifs d’achat garantis attractifs s’adaptant avec un temps de retard à la baisse des prix des modules photovoltaïques. Aujourd’hui, la croissance est plus durable car elle repose davantage sur des mécanismes de marché et bénéficie de la compétitivité de l’électricité solaire. Autre différence, elle est à présent partagée par une très large majorité des pays de l’Union européenne et plus par quelques locomotives. Entre 2020 et 2021, 21 pays de l’Union européenne ont connu une augmentation à deux chiffres de la puissance totale de leur parc photovoltaïque. Les parcs polonais et estonien ont pratiquement doublé en une année (respectivement + 87,5 % et + 90,1 %) et cinq pays (Irlande, Portugal, Lituanie, Luxembourg, Suède) ont vu leur parc augmenter de moitié ou presque. Les Pays-Bas, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et Chypre ont également vu la puissance cumulée de leur parc augmenter de plus de 30 % en une année. La forte hausse des capacités de production s’est logiquement traduite par une croissance significative de la production d’électricité solaire. Selon Eurostat, la production brute d’électricité solaire de l’Union européenne a atteint 158,6 TWh en 2021, soit une croissance de 13,2% par rapport à 2020. Les plus fortes croissances sont à mettre à l’actif de la Pologne, qui en 2021 a doublé son niveau de production (+ 101% entre 2020 et 2021, équivalent à une augmentation de 2 TWh), de l’Espagne (+ 39,9 %, + 6,2 TWh), des Pays -Bas (+ 34,2 %, + 2,9 TWh), de la France (+ 16,9 %, + 2,3 TWh), de la Hongrie (+ 54,4%, + 1,3 TW), du Portugal (+ 30,4 % entre 2020 et 2021, + 522 GWh) et de la Suède (+ 45,2 %, + 475 GWh). Paradoxalement, la production d’électricité des deux parcs solaires photovoltaïque de l’Union européenne a peu évolué en 2021, affichant même une légère baisse en Allemagne (- 0,3%, - 156 GWh) et une légère hausse en Italie (+ 0,4%, + 97 GWh), du fait d’un moindre ensoleillement.
Le solaire thermique renoue avec la croissance
Les planètes semblent de nouveaux alignées pour le solaire thermique avec une croissance retrouvée sur plusieurs marchés clés de l’Union européenne. La filière a su profiter de dispositifs d’aide plus adaptés et d’une augmentation des prix des énergies fossiles et de l’électricité. Selon EurObserv’ER, le marché du solaire thermique de l’Union européenne, sur toutes ses applications (chauffe-eau solaire, chauffage solaire, industrie et chauffage urbain), est repassé au-dessus du seuil des 2 millions de m² en 2021. Une bonne nouvelle dans la lutte contre le changement climatique et la dépendance aux hydrocarbures russes. Après une année 2020 très difficile pour la filière solaire thermique européenne, particulièrement impactée par l’épidémie de Covid19, le marché européen a renoué avec la croissance en 2021. Les premières estimations indiquent un niveau d’installation supérieur à 2,1 millions de m² (2 127 084 m²), soit une croissance de 7,1 % par rapport à 2020 (1 986 789 m²). La surface nouvellement installée en 2021 correspond à une puissance thermique de l’ordre de 1 489 MWth (contre 1 390,8 MWth en 2020), la surface vitrée d’un capteur solaire thermique de 1 m² correspondant à une puissance thermique de 0,7 kWth. Cette relance du marché européen se fait cependant en ordre dispersé et reste encore très liée aux systèmes d’incitation et aux contextes réglementaires. Un autre élément important a joué, celui de la hausse des prix des énergies fossiles (gaz et fioul) et de l’électricité en 2021, conséquence de la reprise économique post-Covid. Des prix qui se sont à nouveau envolés suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis février 2022, plongeant l’Union européenne dans une crise de sécurité énergétique.
Un marché mondialisé dominé par la Chine
En plus d’être le premier fabricant de technologies renouvelables, la Chine est également le premier partenaire de l’Europe. En effet en 2021 L’Union a importé de Chine l’équivalent de 9,671 milliards d’euros d’équipements ce qui se traduit par une balance commerciale largement négative (- 5,034 milliards d’euros). Les données relatives aux exportations dans le domaine des technologies renouvelables témoignent en effet de la forte position de la Chine ces dernières années. La force de la Chine provient principalement de ses atouts dans la technologie photovoltaïque et, dans une moindre mesure, dans l’hydroélectricité. La Chine est aussi le pays d’où l’Union européenne importe la plus grande quantité de technologies renouvelables, majoritairement dans le photovoltaïque. En matière de technologie photovoltaïque, la part des exportations mondiales de l’Union européenne est faible (11 %) par rapport à celle de la Chine (45%).
Encadré
Chiffres clés pour l’Union européenne en 2021
21,8 % Part des sources renouvelables dans la consommation brute d’énergie finale (22,0 % en 2020)
37,5 % Part des sources renouvelables dans la production d’électricité (37,4% en 2020)
1,47 million Emplois dans le secteur européens des renouvelables (1,31 million en 2020)
184,9 M € Chiffre d’affaires généré dans le secteur européen des renouvelables (162,9 milliards d’euros en 2020)
48 M € Dépenses évitées dans les énergies fossiles au sein de l’UE27 (35 milliards d’euros en 2020)
192 Mtep Énergie fossile substituée au sein de l’UE27 (164,6 Mtep en 2020)
ww.eurobserv-er.org/category/all-annual-overview-barometers/