Selon l’organisme indépendant Observ’er, la France n’est définitivement pas dans le rythme de ses objectifs à 2023, notamment pour le développement des secteurs de l’éolien et du photovoltaïque. En 2028, ce sont près de 18 GW qui risquent de manquer dans la transition du mix électrique national.
Un manque de 18 GW au total
Cependant, 2022 aura vu l’envol du photovoltaïque en autoconsommation chez les particuliers et la participation massive des secteurs renouvelables au budget de l’État. Malgré une croissance du parc renouvelable électrique national de près de 4 gigawatts (GW) en 2022, la France n’est pas parvenue à respecter les feuilles de route des deux principales filières que sont l’éolien et le photovoltaïque. Pour la première, le développement du parc terrestre annuel reste désespérément sous le seuil des 2 GW par an et, à 2028, le retard sur les objectifs pourrait être compris entre 3,8 et 5,4 GW. Concernant l’énergie solaire, si le secteur a vu son activité moyenne annuelle se relever depuis 2021, les niveaux visés à fin 2023 puis à l’horizon 2028 ne seront pas non plus respectés. Au total, près de 18 GW pourraient manquer au parc électrique français pour ces deux seules filières. De plus, les textes de la loi d’accélération des énergies renouvelables, votée par l’Assemblée nationale le 10 janvier 2023, ne rassurent pas les professionnels, notamment ceux de l’éolien terrestre, qui craignent que les blocages grevant leur activité ne demeurent.
L’avènement du photovoltaïque en autoconsommation
Toutefois, 2022 aura également été l’année de l’avènement du photovoltaïque en autoconsommation chez les particuliers où le seuil du GW de puissance installée a été dépassé à l’été. Les crises énergétique et économique mettent en avant les vertus des solutions solaires pour se prémunir des envolées des prix de vente de l’électricité. Dans le même temps, l’exploitation des sites éoliens et solaires français, à travers le mécanisme de reversement d’une partie des bénéfices réalisés par les producteurs sous contrat de complément de rémunération, aura permis de générer des contributions au budget de l’État de plusieurs milliards d’euros. 30,9 milliards d’euros sont attendus par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour la période 2022-2023. Ces constats sont issus du treizième Baromètre des énergies renouvelables électriques en France. Sous la forme de fiches synthétiques, cette publication dresse un état complet des dynamiques de huit secteurs au cours des douze derniers mois.
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Encadré
Le photovoltaïque, une bonne affaire pour l’État
À l’été 2022, le think tank France territoire solaire (FTS) a publié une étude sur la place stratégique du photovoltaïque dans l’avenir énergétique du pays. Intitulé « Une nouvelle ère énergétique » et réalisé par le cabinet EY, ce travail comporte un volet destiné à évaluer les retombées financières pour l’État, notamment à travers le mécanisme de reversement d’une partie des profits faits par les producteurs sous contrat de complément de rémunération. Le dispositif est simple : un prix de rémunération est fixé entre le producteur et l’État sur le long terme. Si l’énergie vendue sur les marchés est à un prix inférieur au niveau de rémunération de référence, l’État compense la différence. Dans le cas contraire, c’est le producteur qui reverse le surplus à l’État. La crise énergétique de 2022 ayant conduit à de très fortes hausses des prix de transaction de l’électricité, cela s’est soldé par des reversements massifs de la part des producteurs solaires. Il ressort de l’étude de FTS qu’à partir d’un prix de marché de 108 € par MWh, la filière photovoltaïque française compense les subventions versées par l’État sur l’année. En 2021, ce prix était en moyenne de 110 € pour bondir à 211 € en janvier 2022 puis 500 à 600 € en octobre. De plus, la CRE anticipe des niveaux de prix semblables aux niveaux actuels jusqu’en 2025, puis de l’ordre de 92 € par MWh par la suite. Dans ces conditions, l’investissement de l’État auprès de la filière devrait permettre de générer entre 2,7 et 3,6 Md€ de contribution annuelle à horizon 2030, soit entre 31,5 Md€ et 34 Md€ de recettes publiques sur l’ensemble de la période 2012-2030. Ainsi, 1 € investi par l’État se sera traduit par 4,20 € de recettes publiques (taxes et cotisations) sur cette période.
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