Le fabricant d’électrolyseurs produisant de l’hydrogène décarboné Genvia, Cameron Schlumberger, la Région et l’État ont lancé le 30 septembre dernier à Béziers Eden, l’Écosystème durable et énergies naturelles. Détails des objectifs et des contours de cette nouvelle dynamique.
Dans un contexte de crise énergétique sans précédent, Genvia constitue plus que jamais un objectif majeur de souveraineté industrielle et énergétique. Né d’un partenariat public-privé unique, Genvia porte l’industrialisation à grande échelle de la technologie innovante d’électrolyse à haute température. Cette technologie de rupture  permet la production massive et à des coûts compétitifs d’hydrogène décarboné, dans le but notamment de participer aux enjeux de décarbonation de l’industrie et de souveraineté énergétique et industrielle. Conscients de ce potentiel, l’État et la Région Occitanie ont souhaité réunir tous les partenaires impliqués autour d’un comité de coordination commun, appelé EDEN (Ecosystème Durable et Énergies Naturelles), afin d’œuvrer ensemble au développement de nouvelles filières industrielles pour la transition énergétique, dans une logique de partage des risques et des retombées du projet.
Rampe de lancement
 « Ce comité de coordination veut anticiper les besoins en foncier, en compétences et déverrouiller les briques technologiques à horizon de 5 à 10 ans » explique Luc Mas, DG de Cameron Schlumberger. Tous les 6 mois, l’écosystème se réunira pour définir des priorités nécessaires à la mise en œuvre des filières des EnR autour de Béziers et accompagner la croissance de Genvia. « L’hydrogène est une clé de voute dans la transition énergétique. Mais c’est surtout le moyen le plus sûr de décarboner l’industrie », pointe Florence Lambert présidente.
La joint-venture issue de Cameron Schlumberger et du CEA Tech, créée en mars 2021, est identifiée comme rampe de lancement régionale pour le développement et la création de nouvelles énergies. Le comité de coordination inclura l’État, la Région, les industriels locaux, institutions de recherche françaises et collectivités. « L’alignement de tous les acteurs va faire la différence et permettre de dérisquer une industrie stratégique, mais dont le déploiement va prendre du temps. Cet Eden va permettre d’adresser des sujets qui ne sont pas forcément aux mains des industriels », abonde Florence Lambert. Six collèges sont ainsi prévus dans le pilotage du nouvel écosystème : industriel, foncier, innovation, compétences et attractivité. Le but étant de développer de nouvelles compétences auprès d’étudiants, de scientifiques, d’entrepreneurs dans le cadre d’un campus ouvert, où sera notamment associé le réseau industriel biterrois ITS fusion.
Synergie régionale
Insistant sur la question de la souveraineté énergétique, la présidente de Région Carole Delga précise que le choix de Béziers n’est pas anodin. « Il existe sur le Biterrois cette tradition industrielle. C’est essentiel pour l’acceptation, mais aussi pour la formation. L’Eden doit favoriser toutes les énergies décarbonées. Je pense notamment à Port-la-Nouvelle et à l’éolien flottant qui produira de l’énergie verte dès l’an prochain . Les usages définiront ll’écosystème ». L’élue évoque de possibles synergies avec Airbus sur l’Avion vert ou encore avec le train à hydrogène, réalisée par l’usine Alstom à Tarbes (65) sur la ligne Montréjeau-Luchon. « Pour la première génération, la question de la batterie est finalisée. On réfléchit d’ores et déjà au deuxième train qui devra être plus léger dans 10 ans sur les petites lignes.»
Florence Lambert souligne que cette « agilité géographique » est déjà pregnante sur le premier comité de pilotage innovation qui se déroule le 30 septembre « Nous sommes réunis avec les universités de Toulouse, Montpellier et Béziers pour réfléchir à ce qui qui sera peut-être le plan laboratoire européen dédié à l’hydrogène ».
Foncier « sanctuarisé »
Sur la question du foncier, le préfet de l’Hérault indique que ce dernier sera « sanctuarisé » évoquant « 200 ha réservés pour le développement de ce cluster au mode de développement assimilable à celui de la Silicon Valley. » Sur la question du Zéro artificialisation nette, Carole Delga indique avoir demandé à la Première ministre Elisabeth Borne que « les projets d’intérêts nationaux et européens ne soient pas impactés sur la réserve foncière régionale mais au niveau national.»