Au départ de la course à la voile la Route du Rhum, un voilier devrait se distinguer des autres : le trimaran éco-responsable du navigateur Marc Guillemot devrait être équipé d’une grand-voile photovoltaïque organique intégrant des capteurs solaires. Cette voile, fonctionnant avec la lumière du jour, devrait permettre d’alimenter l’électronique de bord ainsi que le désalinisateur d’eau de mer. Un concept révolutionnaire et une première mondiale qui pourrait permettre, selon l’entreprise conceptrice Héole, l’autonomie illimitée des navires des mers.
Fondée en 2021, Héole développe une technologie de générateurs électriques en tissus et membranes à base de cellules photovoltaïques organiques : les OPV pour Organic PhotoVoltaic. Grâce à cette nouvelle technologie, Héole conçoit de véritables voiles et enveloppes solaires pour répondre aux besoins énergétiques des bateaux et des dirigeables. Et elle compte bien la concrétiser lors de la prochaine Route du Rhum, qui débutera en novembre prochain.
Collecter l’énergie du vent et de la lumière pour produire l’énergie du bord
La technologie des cellules photovoltaïques organiques qualifie la transformation éco-responsable de l’énergie de la lumière en électricité directement exploitable. Elle est fondée sur des polymères de la chimie organique : des polymères semi-conducteurs sensibles à la lumière. En clair, ces cellules souples et légères qui s’intègrent sur des surfaces courbes et peuvent être enroulées ont être encapsulées dans la voile et vont capter l’énergie lumineuse, même si cette dernière est de faible intensité, comme c’est le cas le matin, plus tard le soir ou par temps nuageux. Ainsi, environ 30m² de films organiques devraient être insérés dans la voilure de 80 m². L’énergie récupérée sera transformée en électricité directement exploitable. Une alternative verte à l’embarcation da carburant à bord, qui est nécessaire pour assurer le rechargement des appareils électroniques qui se trouvent à bord de leur bateau, tels que les feux de route, l’ordinateur de bord mais surtout le pilote automatique. Dans une transat, qui dit moins de fuel à bord se traduit par un gain de poids significatif et automatiquement, par l’amélioration des performances.
Une alternative écoresponsable et innovante aux énergies fossiles
Trente fois plus légère qu’un panneau solaire classique, les cellules OPV n’utilisent aucun matériau rare, mobilisent très peu d’énergie à leur fabrication et sont entièrement recyclables. Selon Jean-Marc Kluber, président de la start-up, « Les OPV durent 25 ans et on sait que leur coût écologique est amorti en trois mois. ». Reste à tester la résistance de ces voiles hors du commun à l’eau, au sel et au vent. Réponse en novembre prochain donc !
Encadré
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Et si les OPV pouvaient décarboner les bateaux et bâtiments de demain ?
L’intégration de cellules solaires aux supports souples ne devrait pas se limiter aux voiliers. Jean-Marc Kluber projette d’utiliser sa technologie dans un futur proche pour répondre aux besoins énergétiques des dirigeables électriques, bâtiments et constructions éphémères ou isolées etc … En 2023, ce sera Pierre Chabert, aussi cofondateur d’Heole, de tester le concept, mais à bord d’un ballon dirigeable électrique. Fabriqué avec le tissu photovoltaïque organique, le ballon Lélio vise un record de vitesse de la Transméditerranée. Héole a présenté son innovation en janvier 2022 au plus grand salon dédié à l’électronique du monde, le Consumer Electronic Show (CES) de La Vegas.